COMMERCE-
ETUDES ET ANALYSES- COMMERCE EXTERIEUR/COMMERCE « DU CABAS » 2025
© ttps://www.algerie-eco.com , 24 mai 2025 et Etude
Care, Alger 23 mai 2025
Lors du Conseil des ministres qu’il a
présidée dimanche 18 mai 2025, le
président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné l’« a régularisation totale et définitive de la situation des
jeunes exerçant dans le cadre de la micro-importation individuelle (dit
commerce du ‘cabas’, ndlr), tout en les protégeant à travers leur intégration
dans le circuit formel du commerce extérieur pour leur permettre de tirer
profit des avantages prévus par la loi relative à l’auto-entrepreneur ».
Il a également
ordonné « de leur attribuer le statut d’agents économiques pour leur
permettre de profiter d’avantages sociaux et commerciaux en alternative à leur
situation actuelle illégale vis-à-vis des opérations de micro-importation via
les ports et aéroports, une situation qui a engendré la saisie des
marchandises, de certains parmi eux, outre leur déséquilibre social dû à la
perte de leurs modestes capitaux. »
Le chef de l’Etat a enjoint au
Premier ministre, « de créer en urgence, une commission chargée de
définir les mécanismes d’activité de ces jeunes qui investissent leurs modestes
capitaux pour satisfaire des besoins élémentaires, ayant leur impact sur le
marché et en quantités limitées. » Il a aussi instruit « à
ce que cette commission, présidée par le Premier ministre, définisse la liste
des produits que ces jeunes seront autorisés à importer, en vue de garantir la
pérennité de leur activité, dans le respect des règlementations légales et
fiscales en vigueur. »
Le Cercle d’action et de réflexion
pour l’entreprise (CARE) a publié vendredi 23 mai 2025une note d’analyse au sujet de ce commerce dit « cabas ». Selon le think tank algérien : « Le commerce du
« cabas » en Algérie désigne l’importation informelle de marchandises
à travers les bagages des voyageurs, souvent pour les revendre sur le marché
local, en contournant les restrictions légales d’importation. Cette pratique, également
appelée « trabendo », répond à des pénuries de produits sur le marché
algérien. »
« Le Président de la
République a récemment annoncé sa volonté de régulariser le commerce informel
transfrontalier, connu sous le nom de « commerce du cabas ». Cette
décision, inattendue pour beaucoup, rompt avec une logique répressive qui,
jusqu’ici, dominait les discours officiels », explique le CARE et
d’ajouter : « En refusant la criminalisation de cette pratique,
l’État prend acte -tardivement- d’une réalité socio-économique qui concerne des
centaines de milliers de citoyens insérés dans des logiques de survie plus que
dans une quelconque stratégie de fraude. »
Selon le think
tank, « (…) cette prise de position nous oblige à reposer les termes
du débat : elle interroge, en creux, l’ensemble de notre politique commerciale,
la manière dont nous gérons l’informel, mais surtout notre relation aux
réformes économiques, fiscales et monétaires qui n’ont que trop tardé ».
Soulignant que ce commerce
est « une pratique de survie plus qu’un acte de fraude », pour
le CARE : « La bonne question n’est pas de savoir comment contrôler
le commerce du cabas. La bonne question est de comprendre pourquoi il existe.
Car ce phénomène, bien qu’on le retrouve sous d’autres formes ailleurs, a pris
en Algérie une ampleur tout à fait singulière. Il est devenu une modalité de
subsistance institutionnalisée, à défaut d’être reconnue. »
Selon le CARE, le commerce du
cabas : « (…) C’est à peine un épiphénomène. Et pourtant, il mérite
qu’on s’y attarde, précisément parce qu’il met en lumière toutes nos
incohérences. » « Ce commerce, loin d’être un parasite, remplit
plusieurs fonctions sociales et économiques vitales. Il agit comme une soupape
pour les ménages modestes, un filet de sécurité pour les sans-emploi, un révélateur
de la demande populaire », explique le Cercle de réflexion.
« Il reflète les usages, les
goûts, les carences du marché local. Il donne aux producteurs nationaux un
accès, certes informel, mais précieux, à un laboratoire à ciel ouvert sur les
tendances de consommation. En cela, il constitue un levier de montée en gamme
et d’identification d’opportunités, bien plus utile que nombre de salons institutionnels
ou d’études subventionnées », indique la même source.
Et de préciser
: « Selon plusieurs sources, ce commerce concernerait, sans
confirmation aucune, quelques centaines de milliers de personnes, et
représenterait un flux marchand annuel de 2 à 3 milliards de dollars. Des
chiffres à prendre avec tout autant de précautions. Il porte sur des produits de
première nécessité, des articles introuvables localement ou inaccessibles à des
prix raisonnables, et des biens recherchés pour leur qualité perçue. »
« Il ne concerne ni des
volumes industriels ni des réseaux organisés de fraude. Il ne menace pas la production
nationale, et les marges qu’il génère pour ses acteurs relèvent de la survie,
non de l’optimisation fiscale », souligne le CARE.
Et d’ajouter : « Les
critiques, souvent formulées par des acteurs économiques installés, dénoncent
un manque à gagner fiscal ou une forme de concurrence déloyale. Mais ces griefs
ignorent la réalité du terrain. Ce commerce informel ne disqualifie pas l’offre
nationale, il la stimule indirectement en lui révélant ses faiblesses. »
Selon le CARE : « Cela
ne signifie pas pour autant qu’il soit sans risque », indique le
CARE. « L’absence de traçabilité des produits introduits par ce canal
soulève de vraies préoccupations. Risques sanitaires liés à des denrées mal
conservées ou falsifiées, dangers de médicaments contrefaits ou transportés
sans contrôle, cosmétiques non conformes, pièces mécaniques usées ou
dangereuses. Ces menaces, si elles ne sont pas anticipées, peuvent nuire à la
santé publique, mais aussi à l’image du pays« ,
précise la même source.
« Des pistes existent pour y
remédier, sans casser l’activité : contrôles aléatoires a posteriori, formation
ciblée des micro-opérateurs, normes d’étiquetage simplifiées pour les produits
sensibles, collaboration avec les associations de consommateurs. Ce sont des
mesures de bon sens, peu coûteuses, qui visent à sécuriser sans
stigmatiser », préconise le think tank.