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Rapport Amnesty International/Exécutions 2022

Date de création: 17-05-2023 11:00
Dernière mise à jour: 17-05-2023 11:00
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JUSTICE -ETRANGER- RAPPORT AMNESTY INTERNATIONAL /EXÉCUTIONS 2022

Amnesty International dénonce la "frénésie meurtrière" de certains Etats. En 2022, 883 personnes ont été exécutées dans 20 pays, soit une hausse de 53% par rapport à l'année précédente, révèle l'organisation de défense des droits humains dans son rapport annuel sur la peine de mort publié mardi 16 mai. D'après Amnesty International, "le nombre d'exécutions enregistrées en 2022 a atteint son plus haut niveau depuis cinq ans".

"Cette montée en flèche des exécutions" est due "surtout à des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, où les chiffres enregistrés sont passés de 520 en 2021 à 825 en 2022", note l'ONG. L'Egypte a par exemple exécuté 24 personnes en 2022. Deux pays, l'Arabie saoudite et l'Iran, "ont été les principaux responsables de la hausse significative" des exécutions. "En effet, 94% d'entre elles ont eu lieu dans ces deux pays : 70% en Iran et 24 % en Arabie saoudite", pointe le rapport d'Amnesty International . 

Un "outil de répression politique" en Iran

En Arabie saoudite, le nombre d'exécutions a triplé, passant de 65 à 196 – le total le plus élevé recensé par l'ONG en 30 ans. Le pays "est allé jusqu'à exécuter 81 prisonniers en une seule journée", relève Agnès Callamard, la secrétaire générale d'Amnesty International. Son rapport note 85 condamnations à mort "pour des infractions liées au terrorisme", et 57 pour "des infractions à la législation sur les stupéfiants". La reprise d'exécutions liées à ces dernières infractions a joué sur l'augmentation totale du nombre de personnes exécutées en Arabie saoudite. Il existait en effet un moratoire sur ces exécutions depuis 2020. 

En Iran, 576 personnees ont été exécutées en 2022, contre 314 l'année précédente. Ce bond "est largement dû à la hausse du nombre de personnes exécutées pour des meurtres et des infractions liées aux stupéfiants", dans un pays où les condamnations ont été prononcées "à l'issue de procès d'une iniquité flagrante", dénonce l'ONG. Dans un contexte de répression de la mobilisation née de la mort de Mahsa Amini, Amnesty International dénonce le recours à la peine capitale "comme outil de répression politique". Agnès Callamard accuse ainsi le régime iranien : "Dans une tentative désespérée de mettre fin au soulèvement populaire, les autorités ont ôté la vie à des personnes qui n'avaient fait qu'exercer leur droit de manifester."

 Comment la répression en Iran a étouffé les manifestations sans éteindre la colère

Amnesty International souligne enfin que le nombre total d'exécutions dans le monde en 2022 était en réalité "nettement plus élevé", car "le secret entourant le recours à la peine de mort empêchait toujours de l'évaluer précisément dans plusieurs pays, tels que la Chine, la Corée du Nord et le Vietnam""Bien qu'on ignore le nombre précis de personnes exécutées en Chine, ce pays est clairement resté en tête des pays qui exécutaient le plus", ajoute Amnesty International.

En ce qui concerne l’Algérie

Amnesty International rapporte que « les tribunaux algériens ont prononcé au moins 54 condamnations à mort durant l’année 2022 ». Un chiffre en « hausse » par rapport à 2021 avec 9 condamnations à mort, a relevé l’ONG.

« Amnesty International avait noté avec satisfaction une nette baisse du nombre de condamnations à mort en Algérie passant de 62 condamnations en 2015 à une seule en 2020. Malheureusement, en 2022, les tribunaux algériens ont prononcé le plus grand nombre de condamnations à mort de ces 7 dernières années », a indiqué, à cet effet, Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie.

A noter que la majorité de ces peines capitales concernent les personnes accusées dans l’affaire du meurtre de Djamel Bensmain, durant l’été 2021, puisque le tribunal criminel de Dar El Beida, avait prononcé 49 condamnations à mort à l’issue du procès qui s’est tenu en novembre 2022.

Néanmoins, l’ONG a tenu à rappeler que « l’Algérie, qui n’a procédé à aucune exécution depuis 1993, est considérée comme un pays abolitionniste en pratique ». Ceci, sachant que « le 15 décembre 2022, 125 États membres de l’ONU, dont l’Algérie, ont adopté la résolution 77/222, appelant à l’application d’un moratoire sur les exécutions, ce qui représente un nombre record d’États en faveur du moratoire ».

« L’Algérie a toujours parrainé et voté les résolutions des Nations-Unies appelant au moratoire en vue d’abolir totalement la peine de mort. Ce qui nous semble paradoxal avec l’augmentation du nombre de condamnations à mort constatée en 2022. L’Algérie doit plutôt suivre l’exemple des pays qui ont relégué la peine de mort dans les livres d’histoire en abolissant définitivement ce châtiment ignoble » a encore ajouté Hassina Oussedik.