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Autisme (complément II)

Date de création: 01-05-2023 11:36
Dernière mise à jour: 01-05-2023 11:36
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SANTE – MALADIE- AUTISME (Complément II)

Plus de 500.000 autistes sont recensés en Algérie. Ce chiffre impressionnant a été révélée hier par la ministre de la Solidarité nationale, Mme Kaoutar Krikou, lors d’une journée parlementaire organisée  à l’APN sur l’insertion des enfants autistes dans le système scolaire(avril 2023) 

Les intervenants ont tous précisé que l’autisme, appelé trouble du spectre de l’autisme ou TSA, n’est pas une maladie mentale mais plutôt un trouble permanent du développement neurologique qui touche davantage les hommes que les femmes. Il peut être de sévérité très variable, parfois peu invalidant ou avec de grosses difficultés de communication, des incapacités au niveau des interactions sociales, des intérêts restreints et des comportements stéréotypés. Les premiers signes apparaissent souvent entre 18 et 36 mois. 

Seulement, en Algérie, explique Mohamed Amine Bouras, pédopsychiatre, spécialiste en autisme à hôpital de Tizi-Ouzou, le diagnostic des enfants ayant des troubles autistiques est souvent fait trop tardivement ou carrément très mal fait, ce qui retarde leur prise en charge. «Lorsque le diagnostic est précoce, il y a un meilleur suivi car de la précocité du dépistage dépend l’efficacité de la prise en charge, mais chez nous les parents d’autiste sont souvent très mal orientés. Ils perdent beaucoup de temps en errant d’un médecin à un autre pour obtenir le bon diagnostic et, du coup, ils sont désorientés», déplore Dr Bouras. 

Le même constat est établi par Mediouni Souhila, psychologue clinicienne. Pour elle, un bon diagnostic éviterait aux parents ou à la famille une multitude de problèmes : «Il y a des signes chez un enfant autiste qui ne trompent pas mais les parents sont souvent mal orientés et, de là, commence leur calvaire.» Mme Mediouni, qui exerce dans école privée, explique qu’en l’absence de programme spécifique pour cette frange de la société son établissement était contraint d’adapter son programme en fonction du comportement des enfants autistes. Elle précise qu’un autiste léger, s’il est pris en charge, aura un cursus scolaire  normal sans même l’aide des auxiliaires.

Effectivement, il est avéré que les autistes prévalent souvent par une intelligence supérieure et réussissent très bien dans les études. Ce trouble neuro-développemental, qui se manifeste par des difficultés à interagir et communiquer avec le monde extérieur, est en mesure d’être atténué, jusqu’à devenir très peu perceptible, si l’enfant est aidé à bon escient.

Centre nationale de référence de l’autisme

«En Algérie, il y a un manque criant  de centres publics spécialisés et peu de services de pédopsychiatre. Les parents, malheureusement, pâtissent du manque d’infrastructures spécialisées et de l’insuffisance des programmes scolaires adaptés», s’offusque le Dr Mediouni. De son côté, Dr Bouras précise qu’à l’échelle nationale il n’existe que 70 médecins pédopsychiatres dont deux seulement pour la wilaya de Tizi-Ouzou. «Si les autistes trouvent des difficultés en matière de scolarisation, la faute n’incombe pas au secteur de l’éducation mais plutôt à celui de la santé qui n’a pas pris en charge à temps ces malades. 

Maintenant pour ce qui est des programmes spécifiques, c’est une autre affaire», dit-il. L’autisme, selon lui, est toujours méconnu dans notre pays et pour certaines familles cela relève du tabou. «Ces familles, constate-t-il, ont le complexe de dire que leurs enfants en souffrent alors ils ne sont ni pris en charge du point de vue sanitaire et encore moins éducatif». Actuellement, plusieurs associations dédiées au TSA accueillent les parents d’enfants autistes. Ils tentent de sensibiliser sur l’importance du diagnostic précoce. 

Elles étaient nombreuses hier à intervenir pour parler des difficultés qu’elles rencontrent au quotidien et surtout du manque de moyens pour la prise en charge des enfants et pour assister les parents. Par ailleurs, dans leur prise de parole, les représentants du gouvernement ont loué les efforts consentis par l’Etat pour assister les enfants autistes. La ministre de la Solidarité a évoqué l’ouverture d’un total de 238 classes spéciales au profit de ces enfants au niveau des trois paliers d’enseignement tout en leur assurant l’accompagnement de la médecine scolaire. 

En plus, dit-elle, des mesures de facilitation sont accordées aux élèves atteints des troubles du spectre de l’autisme, en permettant leur accompagnement et assistance par des auxiliaires de vie scolaire (AVS), à l’occasion des épreuves et des examens». Le président de la chambre basse du Parlement, Brahim Boughali a lui aussi insisté sur l’importance de la prise en charge précoce de cette catégorie par l’apprentissage. Il a rappelé, dans ce sens, que les pouvoirs publics ont créé un Centre national de référence de l’autisme, qui coopère avec des centres étrangers spécialisés. Il a évoqué aussi l’ouverture d’un centre de formation national, pour les enseignants spécialisés dans l’autisme. 

«C’est le résultat d’une commission interministérielle, chargée par le président de la République, d’élaborer une stratégie nationale de prise en charge des autistes et de trouver des mécanismes appropriés pour prendre soin d’eux» a-t-il souligné. M. Boughali a loué aussi les efforts consentis par le ministère de l’Education et celui de la Solidarité nationale, pour intégrer les enfants autistes dans des classes normales ou spécialisées, selon les cas, et de les accompagner au double plan psychologique et sanitaire.