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Association des Oulémas musulmans Algériens (Aoma historique)/Enseignement

Date de création: 20-04-2023 22:15
Dernière mise à jour: 20-04-2023 22:15
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EDUCATION- PERSONNALITES- ASSOCIATION  DES OULÉMAS MUSULMANS ALGERIENS (AOMA- HISTORIQUE)/ENSEIGNEMENT

©ISSAM BOULKSIBAT/El Moudjahid, Constantine, l 18 avril 2023

 Dans leur logique de domination absolue, les autorités coloniales ont cherché à effacer tout ce qui relevait d’une langue ou d’une culture nationale, et ce en tentant, dès leur investissement du sol algérien, d’imposer l’«école française» aux populations autochtones. Face au refus manifeste de ces dernières, l’administration française a recouru, en 1882, aux «lois Ferry», qui préconisaient l’obligation de scolariser les enfants de six à treize ans, mais le succès de la démarche a été tout autant tardif que relatif. À ce propos, le sociologue Aïssa Kadri évoque une «progressive montée d’une demande scolaire qui ne devient véritablement franche qu’à partir de l’entre-deux-guerres». C’est dans ce climat particulier qu’à émergé l’Association des oulémas musulmans algériens (AOMA), fondée en 1931 par des savants religieux pour défendre l’islam et la langue arabe, dans le cadre du «réformisme» (Iṣlaḥ), qui s’inscrivait dans un mouvement plus large, celui de la «renaissance» (Nahda), apparu dans le monde arabe au début des années 1880 et appelant à un renouveau aussi bien religieux que linguistique, littéraire et culturel. Selon l’historien James McDougall, elle a eu au moins quelques adeptes en Algérie, en quelque sorte des précurseurs aux oulémas, à l’image d’Abdelkader El Medjaoui, Mohamed Saïd Benzekri et Mouloud Benmouhoub. Sous la houlette du cheikh Abdelhamid Benbadis, l’AOMA a joué un rôle majeur dans la promotion de l’enseignement coranique et du renforcement de l’identité nationale algérienne, et ce, comme mentionné supra, à un moment crucial de l’histoire du pays. Dans ce contexte, l’une des initiatives clés de l’AOMA a été le lancement de l’enseignement du Coran dans les mosquées et les écoles coraniques, sur le modèle de celle fondée par Benbadis en 1930, «l’association d’éducation et d’instruction» (Djamïat Ettarbia Wa Ettaâlim), ce qui a permis de sauvegarder dans une certaine mesure la langue arabe, mais surtout la culture islamique et la tradition algérienne en offrant une éducation religieuse aux jeunes Algériens. L’association a également mis en place des programmes de formation pour les enseignants coraniques afin d’améliorer la qualité de l’enseignement qu’ils prodiguaient. Au cours de cette décennie, les établissements de ce type se multiplient, souvent établis par des groupements locaux affiliés ou sympathisants de l’AOMA. Quarante-trois sections seront créées à Constantine, neuf à Annaba, huit à Jijel, cinq à Constantine, cinq à Mila, quatre à Skikda, quatre à Batna, trois à Oum El Bouaghi et deux à Sétif. Concernant les principaux animateurs de ces écoles, McDougall note qu’ils appartiennent à «la petite bourgeoisie algérienne, laquelle fut en même temps la base sociale des mouvements plus explicitement politiques des élus». De ce fait, l’AOMA, devenue le point de chute de différentes tendances politiques, a joué un rôle important dans la mobilisation des Algériens pour leur indépendance. Elle a, en outre, publié des articles et des livres qui mettaient en avant la résistance algérienne à l’occupation française et le droit des Algériens à l’autodétermination, et a organisé moult rassemblements et conférences de sensibilisation en direction de la population à l’importance de l’unité nationale dans sa lutte contre la colonisation. En offrant aux Algériens une alternative à la politique de francisation et en permettant à la culture et à la religion locales de survivre à une période difficile de l’histoire du pays, l’AOMA a joué un rôle déterminant dans la préservation de l’identité nationale algérienne et la promotion de l’enseignement coranique pendant la colonisation française.