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Essai Tarik Djerroud- "Camus et le Fln"

Date de création: 26-02-2023 20:10
Dernière mise à jour: 26-02-2023 20:10
Lu: 237 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI TARIK DJERROUD- “CAMUS ET LE FLN”

Camus et le FlnEssai de Tarik Djerroud. Tafat Editions, Alger 2022, 240 pages, 1 000 dinars

Traiter dans une même œuvre deux itinéraires objectivement antagoniques (un intellectuel  se disant progressiste d’un côté et de l’autre un mouvement , révolutionnaire qui plus est) n’est pas une mince affaire. Et, jusqu’ici, peu d’auteurs s’y sont frottés.

Analyser la démarche et les comportements d’Albert Camus, un pied -noir, « fils de pauvres », né à Drean (Mondovi, près de Annaba) ,  ayant vécu à Belouizdad , un quartier populaire (Belcourt), devenu prix Nobel de littérature, humaniste (cf. son reportage sur la misère en Kabylie pour « Alger Républicain » alors qu’il était journaliste),  fou amoureux de l’Algérie et de son soleil, mais pas partisan de son indépendance et la naissance et l’évolution du  mouvement révolutionnaire qu’était le Fln, luttant, par tous les moyens pour libérer le pays du joug colonial....un défi qu’il a su relever en usant d’une démarche assez originale et subtile  pour « faire passer les pilules » : une écriture mélangeant le récit, l’étude et l’essai. Et, une galerie de mini portraits se chevauchant au gré du temps.

Autre qualité du travail entrepris  : l’auteur ne s’est pas laissé enfermer dans les dogmes dominants, tant culturels que politiques et idéologiques. Il s’est seulement et totalement fié aux textes....Des textes  , ces empreintes indélébiles, pour certains oubliés, qui mettent en lumière les parties obscures d’une histoire nationale encombrée de tragédies, de douleurs, d’injustices, de lâchetés, d‘incompréhensions ... et d’espoirs

L’Auteur : à Semaoune, au pied de l’Akfadou  (Ath Weghlis/Kabylie) en 1974 . Etudes universitaires en électronique (Université de Tizi Ouzou).  Passionné de littérature et  pour l’histoire contemporaine de l’Algérie. Romancier et essayiste, auteur de plusieurs ouvrages dont des romans (« Le sang de mars », « Hold up à la Casbah »...)

Table des matières :Introduction/ 14 chapitres/Notes/ Sigles/Bibliographie

Extraits : « La colonie allait se faire sans les Algériens, et surtout contre les Algériens, en décidant derechef de faire une terre de peuplement l ’arrivant était privilégié, l’autochtone était spolié » (p22), «  le Français était un citoyen à part entière, l’indigène était un instrument, dont on se souvenait à chaque fois que son utilité se faisait sentir » (p25), « A vingt ans et bien davantage, Albert Camus commençait à pousser les portes d’un pays se dressaient des murs entre deux communautés qui ne communiquaient pas ; on s’empiffrait d’un côté, on souffrait de l’autre » (p33), « Pour Camus, le conquérant avait moult raisons d’être inquiet ; sa main pleine de sang, son cœur plein de haine. Il resterait si inquiet tant que la justice serait absente de sa politique ! » (p71), « Après 1945, les mises en garde répétitives de Camus n’auront servi à rien : la terreur coloniale refusait de fléchir, la classe politique de réfléchir « (p93), « En refusant d’avancer masqué, le Fln s’estimait solide, sûr de lui.il n’était pas un caillou dans une chaussure mais un vrai rocher auquel on devait faire face » (p139), « Camus pouvait être lucide sur beaucoup de problèmes de son temps. Mais, il resta très aveugle sur l’art d’écraser l’ignominie coloniale en Algérie. Aussi, demeura-t-il  angoissé à l’idée d’une Algérie indépendante (p 204)

Avis : Une étude minutieuse et bien documentée supportée par une écriture au style léger et attrayant  (souvent teintée de piques humoristiquespermettant au lecteur de lire avec aisance un thème d’importance autour de sujets très, très sérieux :Camus et le Fln ;   les deux aux parcours et aux destinées fulgurants mais tragiques et douloureux

Citations : « Qu’est-ce qu’une insurrection ? C’est le peuple en armes.Qu’est-ce que le peuple ? C’est ce qui dans une nation ne veut jamais s’agenouiller » (Albert Camus cité, p79), « Habiter une terre était une chose, habiter un cœur était une autre et c’était bien cette dernière que Camus estimait intéressante » (pp 85-86), « L’impérialisme était meurtrier par essence, il ne pourrait jamais être porteur de justice. A rebours de tout sens de justice, jamais coupable, jamais responsable... »(p 89), « Etre écouté , c’est être crédible. Etre soutenu, c’est être dans son bon droit » (p117), « La guerre, c’est comme l’histoire, est un vaste espace qui se labourait « les armes à la main » (p131), « La guerre était l’affaire de tous, la révolution était l’affaire de tout un peuple ! »( p143), « A l’Elysée et sa proche banlieue, certes, on aimait beaucoup le couscous, mais on n’aimait pas du tout les porteurs de burnous » (p 188), « En fait, sur la terre des hommes et des femmes, si la guerre est temporaire ; la justice, elle , demeure une quête permanente » (p216)