Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Mémoires Ahmed Taleb Ibrahimi- " Mémoires d'un Algérie. Tome 4...."

Date de création: 17-01-2023 19:05
Dernière mise à jour: 17-01-2023 19:05
Lu: 259 fois


VIE POLITIQUE – BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-MEMOIRES AHMED TALEB IBRAHIMI- «  MEMOIRES D’UN ALGERIEN.TOME 4..... »

Mémoires d’un Algérien.Tome 4 : Craintes et espérances (1988-2019). Mémoires de Ahmed Taleb-Ibrahimi . Casbah Editions, Alger 2023, 392 pages, 1 500 dinars

Indubitablement, le Dr Ahmed Taleb El Ibrahimi est un homme  politique complet.En ce sens qu’après une vie de militant actif durant la guerre de libération nationale, une vie  parsemée d’épreuves et d’emprisonnements et après une longue carrière de haut fonctionnaire au service du pays, il reste , à 91 ans, toujours homme fidèle à  son « monde », n’évitant aucunement le « je ».  En plus de « porter beau » ,  de sa grande maîtrise des langues arabe et française, et de sa vaste culture (englobant les textes religieux) ,  il  parle « vrai », tout en restant attaché à ses principes de vie. Il l’avoue d’emblée dans la préface : « Après la coupure d’une décennie, c’est la même plume qui défend des valeurs, des principes , des convictions, et se refuse aux postures, à l’imposture et au déguisement » . Ce qui ne veut nullement dire qu’il avait (a) raison sur tout. Tout lecteur devant savoir que durant les périodes de brouillard , de troubles et de violence, les incertitudes sont toujours nombreuses et garder les « yeux ouverts » n’est pas chose aisée. Savoir que tout « exercice mémoriel se situe entre l’essai, le roman et l’analyse.Il permet au mémorialiste d’exprimer autant sa sensibilité que sa conscience » .Savoir aussi que l’auteur a, de tout temps, été favorable au dialogue politique « sans exclusive ni discrimination », n’accepte pas le « mépris de la volonté populaire , c’est-à dire les décisions du corps électoral » et  milite pour le   « respect des droits de la personne humaine dans toutes ses dimensions »......dans un Etat « démocratique et social dans le cadre des principes islamiques », tel que proclamé dans la Plateforme de la Soummam 

Donc, tout y passe : les derniers mois de la présidence de Chadli avant sa « destitution », l’intérim de Boudiaf et sa fin tragique, le président Zeroual et « les manœuvres de torpiller » l’initiative de San’Egidio, la spirale de la violence et du terrorisme, les élections présidentielles de 1999, la création du mouvement Wafa, les deux premiers mandats de Bouteflika, la fin de Bouteflika.....(note : les guillements sont  de l’auteur de la chronique).....

A signaler un dernier chapitre assez émouvant car concernant des hommages à des compagnons  et amis de l’auteur, aujourd’hui ,pour bien d’entre-eux , disparus : Mohamed Chérif Sahli, Slimane Cheikh et François Burgat, Jacques Berque, Assia Djebar (avec cette merveilleuse proposition d’épitaphe.... qu’elle avait alors acceptée avec ravissement : « Ci-gît Assia Djebar, écrivaine et cinéaste algérienne, académicienne à Paris.Plume acerbe, parole acérée,féminine, féministe, féline et féérique.Elle abhorrait les a priori, les approximations et le psittacisme mais adorait l’authenticité, l’exhaustivité et l’atticisme »), Mohammed Arkoun, Ali Merad, Malek Haddad, Hocine Ait -Ahmed,  Noureddine Naït Mazi,  Mohamed el Aid Al Khalifa, Larbi Tebessi, Ahmed Sahnoun, Abderrahmane Chibane, Abdelhamid Mehri, Abderrahmane Cheriet, Mohamed Racim, Mohamed Brahimi-El Mili.... et bien d’autres.Sans oublier, bien sûr, le collaborateur et ami durant 50 ans,Belaid Mohand-Oussaid.

 L’Auteur : Né à Sétif en janvier 1932, fils de Cheikh Bachir El-Ibrahimi, docteur en médecine . Président de l’Ugema (1955-1956), détenu politique dans les prisons françaises (1957-1961) , puis détenu politique en Algérie indépendante (1964-1965), plusieurs fois ministre (Education nationale, Information et Culture, Affaires étrangères)....candidat à l’élection présidentielle en avril 1999, fondateur d’un parti politique (décembre 1999). Essayiste avec « Lettres de prison (1957-1961 ». Déjà auteur de trois  ouvrages consacrés à ses mémoires (Casbah éditions, 2006 , 2008 et 2013).

Table des matières :Préface/ 14 chapitres/ Conclusion/ Annexes ( (7 documents, tous politiques )

Extraits : « Prétendre que le parti au pouvoir de 1962 à 1988 a été une contre-vérité.Au cours de cette période, le Fln a été l’instrument du pouvoir.Il a été avec le pouvoir et non au pouvoir » (p 25), « Comme je l’ai déjà dit au général Khaled Nezzar en 1992, les « décideurs » préfèrent travailler avec des politiques sur lesquels ils détiennent des dossiers compromettants » (p 127), « Je crois , en effet, que la véritable réforme de la société commence par la réforme des mœurs » (p 170), « Si la question de générations se pose, je veux affirmer ici que nous sommes prêts, nous la génération de Novembre, à nous retirer définitivement de la vie politique dans la mesure où ce retrait concerne l’ensemble des éléments qu’ils soient civils ou militaires » (p 202), « Le régime est ainsi parvenu à créer une classe politique dont les principaux acteurs sont dépourvus de principes et de savoir.Travaillant à entretenir la façade du régime , ils bénéficient , sans mérite aucun, de larges privilèges.La voie de la réussite est alors toute tracée : nul besoin de compétence, de mérite, d’abnégation, d’idéal, d’honneur.Seule compte la servitude au totalitarisme «  (p 252), « L’homme est essentiellement le produit de sa culture, puisqu’il doit apprendre ce que lui trasmettent ses parents et ses enseignants sur la base de repères, de normes et de modes issus de la culture ambiante » (p 296),

Avis :Un ouvrage très fourni en informations et en noms susceptibles de contribuer à mieux connaître et à mieux comprendre , et surtout, à saisir le sens et l’importance d’événements politiques de notre passé récent    , aujourd’hui  peut-être oubliés. Comme pour tout ouvrage mémoriel, il est certain qu’il ne va pas générer un consensus.....et,  c’est tant mieux pour la la liberté et la diversité de l’expression politique publique nationale.....et pour l’écriture de l’histoire du pays

Citations : «Les mémoires ne sont , en dernier ressort, que la somme des témoignages personnels sur des événements que nous avons vécus, et sur les hommes et les femmes que nous avons connus.En conséquence , le « je » devient inévitable » (p 17), « Longtemps caché (Abdelaziz Bouteflika) sous les pans d’un large burnous, il n’avait semblé grand que dans l’ombre d’un grand (Boumediene) » (Khaled Nezzar, p 84), « Il m’arrive de penser que la crise algérienne est si grave qu’elle se situe au-dessus des capacités des hommes, si compétents soient-ils.Il faudraut un miracle : l’insertion du divin dans l’histoire, j’y crois ! » (p 166), « Tous les systèmes dépourvus de possiblités de changement effectif, sont condamnés à l’obsolescence et à la disparition » (p 177), « Bouteflika n’est en réalité qu’un président d’apparence, trahi par son manque de clairvoyance et de détermination » (p 187), « L’image que je me suis toujours fait  de l’homme politique, c’est le leader exemplaire qui s’engage à servir et ne jamais se servir, à faire passer l’intérêt général avant les intérêts personnels ou catégoriels  » (p 257), « La préservation de la diversité est un signe de viabilité et de vitalité aussi bien pour le milieu naturel que pour le milieu humain. Mais la diversité ne signifie pas dispersion.Il n’y a pas d’identité solitaire et les peuples, au -delà de leur diversité, entretiennent des liens d’alliance et d’amitié par lesquels ils partagent des destins communs »  (p 288), « La mémoire collective permet à la société d’éviter d’écrire une histoire préfabriquée, une histoire hors d’elle-même. C’est un appel de la vie antérieure avec tout ce qu’elle comporte comme nostalgie mais aussi avec tout ce qu’elle suggère comme dépassement » (p 305), « L’Histoire finit toujours par rendre justice aux créateurs illustres injustement traités par le temps et les hommes «  (p 331), « L’exercice mémoriel se situe entre l’essai, le roman et l’analyse.Il permet au mémorialiste d’exprimer autant sa sensibilité que sa conscience » (p341), « On n’est grand ni par les dons de la nature, ni par les acquis de la culture, mais par la droiture et les qualités de cœur » (p 343),