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Cancer du poumon 2022

Date de création: 16-12-2022 18:21
Dernière mise à jour: 16-12-2022 18:21
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SANTE – MALADIES- CANCER POUMON © Horizons/Samira Belabed, mercredi 14 décembre 2022.Extraits En 2019, l’Algérie a enregistré 47.057 nouveaux cas de cancer, toutes localisations confondues, dont 3 076 du poumon, avec une incidence de 16,2 pour 100.000 habitants. Dans des pays occidentaux, chez la femme, il dépasse le cancer du sein. Lors d’une journée de formation au profit des journalistes, organisée par les laboratoires MSD Algérie, en collaboration avec l’association El Amel CPMC de lutte contre le cancer, les intervenants ont plaidé la nécessité de renforcer les connaissances des médias sur la maladie, soulignant le rôle qu’ils pourraient jouer dans son diagnostic précoce. Selon les données de la plateforme Globocan 2020, le cancer du poumon est le plus meurtrier des cancers, et le premier facteur qui favorise son apparition est le tabagisme. Il occupe la deuxième place après le cancer du sein, selon les données du Réseau national des registres du cancer, qui prévoit une augmentation du nombre de cas à 4.450 en 2025. Le spécialiste a insisté sur l’importance de la mise en place d’un programme de prévention par le recours à des actions de lutte contre le tabagisme et le tabagisme passif. «C’est qu’il se distingue des autres cancers par son évolution rapide. On n’arrive pas à stopper sa progression et l’agent responsable de 99% des cancers bronchiques reste la cigarette», a-t-il expliqué. Pourtant, c’est un cancer qu’on peut éviter 9 fois sur 10 à condition d’arrêter de fumer. Le Pr Gharnaout a, par ailleurs, insisté sur l’accompagnement des malades. L’Algérie disposant que de deux services, l’un à Béni Messous et l’autre au CPMC Mustapha-Pacha, l’Etat doit mobiliser plus de moyens pour assurer aux malades une fin de vie dans la dignité et sans douleur. Le support psychologique est l’autre volet abordé par le spécialiste. «Le patient n’est jamais préparé à l’annonce de sa maladie», a fait savoir le praticien qui a rendu hommage aux associations qui fournissent de grands efforts dans la prise en charge psychologique des malades et de leurs familles. Il a enfin plaidé pour la généralisation de la collecte des informations au niveau national dans le but d’évaluer l’incidence financière et la prise en charge de cette pathologie. La cheffe du service de pneumo-phtisiologie au CHU de Bab El Oued, le Pr Aziza Fissah, revient, dans cet entretien, sur la réalité du cancer du poumon en Algérie et alerte sur la nuisance du tabac. Elle rappelle aussi que cette maladie est l’une des plus létales. Comment se présente la situation épidémiologique du cancer en Algérie? L’incidence standardisée du cancer du poumon est de 16,5 pour 100.000 habitants chez l’homme, premier cancer, et de 2,57 / 100.000 habitants chez la femme, en 5e position, dans la région ouest et sud-ouest du pays. Dans la région est et sud, elle est de 22 /100 .000 habitants chez l’homme, premier cancer, et de moins de 1/ 100.000 habitants chez la femme. Elle est enfin de 25,8/100.000 habitants chez l’homme dans la région centre et centre-sud. Les chiffres révèlent une augmentation partout de l’incidence du cancer du poumon chez la femme et l’homme. Quels sont les différents types de cancer du poumon ? Le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) représente la forme histologique la plus fréquente des cancers bronchiques et constitue 85% à 90% de l’ensemble des cancers du poumon. L’adénocarcinome représente 40%, suivi par le carcinome épidermoide avec 25% à 30% en enfin le carcinome à grandes cellules, indifférencié, représente 10% à 15% des cas. La prise en charge thérapeutique et le pronostic de ces cancers dépendent du type histologique. La relation entre la consommation du tabac et la survenue du cancer du poumon n’est plus à démontrer… Le tabagisme est le principal facteur de risque du cancer du poumon. Près de 90% des cas sont causés par la fumée de tabac qui contient plus de 80 substances cancérogènes. Le risque du fumeur régulier est de 15 à 20 fois supérieur à celui du non-fumeur. Toutefois il a été démontré que le fumeur passif inhale plus de produits cancérogènes que l’actif. Arrêter de fumer est bénéfique, quel que soit l’âge et la durée du tabagisme. Le sevrage tabagique avant l’âge 35 ans supprime 90% des risques du cancer du poumon. Les autres facteurs incriminés dans la survenue du cancer du poumon sont l’exposition professionnelle (15%), la pollution atmosphérique et domestique (5%), les facteurs alimentaires et génétiques (1%). Quelle est l’approche diagnostic et thérapeutique qu’il faut adapter ? Les signes cliniques du cancer du poumon sont non spécifiques et tardifs et causent dans bien des cas un retard important dans la consultation et le diagnostic réalisé grâce à la lecture histologique d’une biopsie de la tumeur. L’approche thérapeutique moderne est personnalisée, médicochirurgicale et discutée par le personnel médical en réunion de concertation (RCP) obligatoire. La lutte contre le tabagisme s’avère donc une urgence… Elle constitue en tout cas le fer de lance de la prévention du cancer du poumon. Trois études importantes réalisées en Algérie en collaboration avec l’OMS objectivent la prévalence du tabagisme. Ainsi, l’enquête Stepwise/OMS (2017) montre que chez l’adulte, la prévalence est de 16,5% avec une nette prédominance masculine, 32,2 chez les hommes versus 0,4% chez la femme. Il faut savoir que le sevrage avant 35 ans supprime 90 % desrisques. Création du comité multisectoriel de sensibilisation et de prévention du tabagismeen 2016, avec élaboration de textes réglementaires par chaque secteur concerné par la lutte, mise en place de 57 unités d’aide au sevrage tabagique à travers tout le territoire national, élaboration par les experts du ministère de la Santé en collaboration avec l’OMS, du guide d’aide au sevrage tabagique pour former le personnel médical à l’aide au sevrage tabagique lors d’ateliers programmés en 202 sont des actions qui se heurtent, cependant, à l’absence de suivi et de l’applicabilité des mesures réglementaires antitabac promulguées par les secteurs. Le manque de moyens, notamment de substituts au tabac, freine les efforts des médecins dans la prise en charge de l’aide au sevrage. Que faire pour réduire cette incidence ? La lutte contre le cancer du poumon, l’une des maladies les plus létales, passe par le renforcement des actions gouvernementales et non gouvernementales pour améliorer la prise en charge du patient, notamment par un diagnostic précoce. Elles doivent être accompagnées par le renforcement de la lutte contre la consommation de tabac. Constat du professeur Asma Kerboua : Plus de 55% des patients consultent à un stade tardif Plus de la moitié des patients arrivent dans les structures de soins dans un état métastasique et 65% d’entre eux présentent des cancers localement localisés. C’est le constat du professeur Asma Kerboua. Pour celle qui est cheffe d’unité homme tête et cou au service d’oncologie médicale du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d’Alger, la situation épidémiologique dans notre pays reste critique. «La maladie la plus grave à laquelle nous faisons face demeure l’ignorance et l’inconscience de la population sur les dangers que représentent le tabac passif et actif sur la santé», dit-elle. La praticienne rappelle que «durant les années 1980, le taux de fumeurs en Algérie était de 7,7% avant d’atteindre 20% en 2018, année du dernier recensement. 50% des fumeurs sont âgés de moins de 27 ans et la première cigarette est prise à partir de l’âge de 6 ans». Mettant en garde contre les dangers de la cigarette, elle souligne que celle-ci contient 3.000 à 7.000 produits chimiques dont 69 ont un caractère cancérogène. Parmi ces composants, le Pr Kerboua cite le goudron, la nicotine, le monoxyde de carbone, les additifs, l’acétone, les phénols et l’acide cyanhydrique qui irritent et agressent les parois des bronches, du nez et des yeux. «Aucune forme de tabac n’est inoffensive. Le tabagisme passif domestique est responsable de 20 à 30% des cancers du poumon en Algérie», ajoute-t-elle. La cigarette augmente également les risques de contracter d’autres pathologies, comme l’asthme et le diabète. «Le tabac est à l’origine d’au moins 10 cancers», lance-t-elle en guise d’avertissement. Elle a, par ailleurs, affirmé que la consommation de tabac chez les enfants est un réel problème. «Si rien n’est fait, l’avenir de nos enfants est menacé», met-elle en garde, d’autant plus que le nombre d’enfants qui fument ne cesse d’augmenter. Selon une enquête de l’Institut national de santé publique (INSP), 11% des enfants âgés de 6 à 11 ans fument 7 à 10 cigarettes par jour. Le taux de fumeurs chez les collégiens atteint 13% avec 10 et 11 cigarettes «grillées» chaque jour.