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Ecole de Journalisme d'Alger (1964-1990)/Etude Chloé Nejma Rondeleux (I I /II)

Date de création: 09-09-2022 19:36
Dernière mise à jour: 09-09-2022 19:36
Lu: 398 fois


COMMUNICATION- ETUDES ET ANALYSES- ECOLE DE JOURNALISME D’ALGER (1964-1990)/ETUDE CHLOÉ NEJMA RONDELEUX (II /II)

 

Source: Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/anneemaghreb/10765

ISSN : 2109-9405

Éditeur

CNRS Éditions

Chloé Nejma Rondeleux, « L’École de journalisme d’Alger (1964-1990) : les défis d’une formation

professionnelle », L’Année du Maghreb [En ligne], 27 | 2022, mis en ligne le 30 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/anneemaghreb/10765

 

Compte tenu du lien étroit  des médias avec le pouvoir, le journaliste algérien évolue donc dans un environnement  de travail contraignant, qu’il dépende du ministère de l’Information au sein des médias  gouvernementauxl’agence de presse Algérie Presse Service (APS), la Radiodiffusion télévision algérienne (RTA) et les principaux quotidiens du pays dont El Moudjahidou  du FLN au sein des médias du parti, composés de deux hebdomadaires dont Révolution

Africaine et de quelques publications d’organisations des masses de faible diffusion. Le  coup d’État du 19 juin 1965 du colonel  Houari Boumediène renforce encore davantage  ce système de monopole étatique sur les médias qui se poursuit sous la présidence de  Chadli Bendjedid (1979-1992).

 Le soulèvement d’Octobre 1988 ouvre la brèche menant à la fin du monopole du secteur public sur la presse écrite, grâce à l’autorisation de création de journaux privés à partir de 1991 . Débute alors une nouvelle période, caractérisée par une augmentation significative du nombre de journaux et donc de journalistes (Ancer, 2001, p. 79). Depuis  l’indépendance, ce nombre était resté relativement faible avec un effectif estimé à 1 500  journalistes en 19887 , pour une population d’environ 24 millions d’habitants (ONS,  2011). À cette date, l’accès aux médias parmi la population algérienne est plus étendu  que vingt ans auparavant, grâce à la baisse du taux d’analphabétisme passé de 85 % en  1962 à moins de 50 % (chez les plus de 10 ans) et à l’augmentation des infrastructures  audiovisuelles assurant désormais une couverture nationale de la télévision et de la  radio (Brahimi, 1989, p. 222). La pénétration des médias dans la société algérienne se  heurte néanmoins à deux obstacles : pour la presse écrite, une offre relativement  pauvre avec 30 exemplaires pour 1 000 habitants (quand la norme de l’Unesco s’établit  à 100 exemplaires pour 1 000 habitants), cumulée à des difficultés de distribution sur

l’ensemble du territoire national (RSF, 1989, p. 30) ; pour les médias audiovisuels,

l’utilisation de l’arabe classique et du français qui exclut une grande partie de la

population maîtrisant uniquement l’arabe dialectal et le tamazight (Mostefaoui, 1988,  p. 60).

La tension manifeste au sein des médias, entre souci de professionnalisation et volonté  de contrôle politique, se retrouve à l’échelle de l’École de journalisme d’Alger, seul établissement universitaire en Algérie à enseigner le journalisme et plus largement les  sciences de l’information et de la communication. Les changements d’identité  successifs de l’institution représentent certainement une des manifestations les plus  visibles de cette dualité. En 1975, l’ENSJ devient l’Institut des sciences politiques et de  l’information (ISPI), suite à sa fusion avec l’Institut des sciences politiques, avant de  retrouver son autonomie en 1983 et d’être renommé l’Institut des sciences de  l’information et de la communication (ISIC) . Ces modifications et leurs conséquences témoignent des multiples visages de l’Institut  , soumis à la tutelle de l’Université d’Alger et donc de son recteur , dirigé par des  directeurs aux parcours variés et composé d’une équipe enseignante ainsi que  d’étudiants aux profils divers. Tous ces acteurs possèdent des visions différentes,  parfois antagoniques, de la finalité de la formation dispensée. En s’appuyant  principalement sur des sources internes à l’institution, cet article privilégie les points  de vue des protagonistes de l’École de journalisme. Ce choix repose, d’une part, sur la  volonté de proposer une histoire plus sociale qu’institutionnelle, laquelle est déjà  présente dans l’historiographie (Brahimi, 1980 ; Kirat, 1987 ; Chaouche-Ramdane, 1989 ;  ʻAzzi, 1990) et, d’autre part, sur celle de dépasser l’indisponibilité des archives  officielles de l’Institut et plus largement de l’État, en valorisant à la fois des sources  accessibles (thèses d’anciens élèves, revues académiques, autobiographies) et de  nouveaux corpus (entretiens et documents personnels). Les archives du professeur Brahim Brahimi, qui fit toute sa carrière à l’École de journalisme, sont composées

principalement de documents administratifs. Ils constituent des sources inédites

précieuses par l’éclairage qu’ils apportent sur la vie interne de l’École.

À travers l’analyse du projet initial, il s’agira de montrer comment cet Institut de

journalisme témoigne à la fois des transformations de l’enseignement supérieur