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Lignes Challe et Morice

Date de création: 06-09-2022 17:24
Dernière mise à jour: 06-09-2022 17:24
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HISTOIRE- GUERRE DE LIBERATION NATIONALE- LIGNES CHALLE ET MORICE

 La France coloniale a exploré tous les instruments imaginables de mutilation et d’anéantissement du peuple algérien. De la guillotine aux réseaux parallèles minés et des essais nucléaires en passant par toutes sortes de centres de torture et de camps de regroupement des civils. Croyant venir à bout des combattants de la Révolution algérienne, la France avait opté pour l’édification de deux lignes électrifiées et semées de mines en vue de couper les maquis de la guerre de leurs bases étrangères. La première ligne Morice réalisée en 1957, du nom du ministre de la Défense André Morice, s’étend d’Annaba à Negrine sur 450 km. La ligne Challe, à l’Ouest, bâtie en 1959, va de Ghazaouet à Béchar sur 750 km. Elle porte le nom de Maurice Challe, commandant des forces françaises en Algérie. Erigées tout au long des frontières avec le Maroc et la Tunisie, ces lignes de la honte, barbelées, minées, électrifiées et surveillées en permanence par l’armée française, ont constitué une véritable gêne pour les résistants algériens pendant la Guerre de libération nationale. Pas seulement, ces réseaux parallèles étaient un chantier laborieux pour l’Algérie post-indépendance où plusieurs centaines de milliers de mines sont restées non désactivées pendant plus de 50 ans. Malgré l’opération de déminage quasi difficile de plus de 62.000 hectares, aggravée davantage par les conditions géographiques et l’effacement des repères des lignes minées, l’Algérie a relevé, avant même qu’elle rejoigne le Traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel  en 2001, le défi de détruire plus de 8 millions de mines sur les 11 millions posées par l’armée française durant la Guerre de libération grâce aux opérations menées par des détachements spécialisés de l’Armée nationale populaire (ANP) dont l’assainissement définitif du rideau de la mort en 2017 a constitué le point d’orgue, une œuvre qui couronne plus d’un demi-siècle d’efforts constants et de travail sur le terrain soigneusement accompli par les éléments spécialisés de l’ANP. Après 45 ans d’inconscience et de dénis, les autorités militaires françaises ont remis officiellement aux autorités algériennes les plans concernant les mines que les colons avaient placées le long des lignes Challe et Morice entre  1956  et  1959. Pour cause de facteurs naturels (déplacement de mines antipersonnel), cette cartographie n’a pas servi à l’opération de déminage lancée par l’armée algérienne, selon certains dirigeants militaires algériens.

En temps de guerre, plusieurs régiments français effectuaient des patrouilles sur les grands axes d’infiltration et autres équipements terrestres et aériens ont été mobilisés pour surveiller les lignes contre toute tentative d’infiltration des maquisards algériens. Mais l’impossible n’est pas algérien, des moudjahidine disent que leurs collègues de combat ont été plus ingénieux que leur ennemi. Outre les tentatives de franchissement qui n’ont pas cessé, de nouveaux réseaux étaient tissés avec d’autres pays du Sahel pour assurer le transport d’armes et de munitions nécessaires à la poursuite de la Révolution, des actes de sabotage nocturne des lignes ont été orchestrés par les combattants algériens. Aussi, des historiens ont fait savoir que les soldats algériens se sont servi de certains équipements pour se frayer un chemin sur les champs de la mort et détourner l’attention des gardiens des lignes. «Celui qui entame une traversée du réseau de barbelés est considéré comme mort et il ne renaît qu’une fois cette traversée réussie», relataient quelques ouvrages historiques. En bravant l’interdit, des katibate ont payé un lourd tribut. «Sur 14 katibate qui ont tenté de franchir l’obstacle, la moitié n’est pas revenue», précisent certains moudjahidine. Le prix de la traversée a coûté cher aux combattants de l’ALN, puisque près de 4.830 victimes ont été recensées pendant la guerre d’Algérie et 2.470 autres civils ont péri après l’indépendance du pays. Si la vie a repris son cours normal sur tout le territoire algérien, les plaies ne sont pas encore refermées et les séquelles continuent à torturer les esprits, notamment dans les wilayas frontalières les plus touchées à l’instar d’El Tarf, de Souk Ahras, de Guelma, de Tébessa, de Naâma, de Béchar et de Tlemcen. Ce concept «d’isolement du champ de bataille», vulgarisé pendant la Première guerre mondiale et expérimenté par la France en Algérie, a, certes, contrarié les mouvements de nos moudjahidine, causé d’énormes pertes en vie humaines, mais ce rideau de la honte n’a pas, comme le déclarait l’ennemi, découragé la résistance, isolé ses soutiens, dissuadé les moudjahidine de chercher de nouvelles alternatives pour contrer ces réseaux de la mort.