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Roman Keltoum Staali- "La ville aux yeux d'or"

Date de création: 06-09-2022 10:42
Dernière mise à jour: 06-09-2022 10:42
Lu: 322 fois


HABITAT- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN KELTOUM STAALI- « LA VILLE AUX YEUX D’OR »

La ville aux yeux d’or. Roman de Keltoum Staali. Casbah Editions, Alger 2022 , 175 pages, 700 dinars

Elle (Meryem) revient -après de longues années d’éloignement- à Alger, une ville où elle y a vécu si peu mais une ville qui la possède .

Une ville « bavarde mais secrète ».

Une ville magique pleine d’envoûtements.

Une ville embouteillée, envahie par la poussière chaude et les klaxons assourdissants et furieux.

Alger, ville blanche ? Plutôt ville grise.

« Quand je suis à Alger », dit-elle, « je m’amuse à évoquer la France, en cherchant bien au fond de mon cœur, un petit filet de nostalgie.En France, je fais l’inverse.J’aime être ici et là-bas, là-bas et ici.Je voudrais être un bateau pour aller sans cesse d’une rive à l’autre » . Partagée ? Déchirée ?

Elle est certes née en France ,mais Alger est la ville de sa « renaissance ».

Cela va lui permettre de renouer avec le passé, allant même jusqu‘à (se) fabriquer de toutes pièces des personnages.

Ceci dit avec un style qui, lui-même, déroute, en raison du mélange -maîtrisé sans être recherché- littérature classique (n’est -elle pas prof’ de lettres ?)-écriture journalistique

L’Auteure : Née et  grandi en France dans les années 60. Etudes de lettres modernes. Journaliste en Algérie à la fin  des années 80 (Révolution africaine, Alger Réublicain) .Retour en France au début des années 90. Plusieurs ouvrages : poésie, autobiographie, roman....Actuellement professeure de lettres (en France)

Extraits : « Ville bavarde et pourtant secrète, où chaque rue est un hommage discret à un sacrifié au nom vaguement familier.Dans chaque maison, une blessure qui ne se ferme pas » (p13), « Le silence est notre maître souverain.Il nous enferme , nous emprisonne, nous donne l’illusion de commander nos vies, mais il nous met à genoux et martyrise nos cœurs » (p 65)

Avis :Un roman ? Peut-être. Car, aucune histoire particulière, mais plutôt une réflexion sur la vie, sur la mort, sur le pays , sur Alger, sur l’exil, sur la guerre, sur le terrorisme, sur l’amour , sur la vie, sur la mort du petit frère, sur Darwich, sur le mimosa, sur Mazouna, sur Nabile Farès (le seul personnage clairement identifié), sur les langues .....Un peu de tout,  de tout un peu  .Un chassé-croisé de personnages et d’événements, réels ou inventés.Une lecture un  peu déprimante.Heureusement, de la belle écriture en prose, presque poétique, chargée de nostalgie et souvent de tristesse.

L ’avis de Nadjib Stambouli (in Le Jour d’Algérie, avril 2021) : « L’auteur construit (et souvent déconstruit en livrant les ficelles de la construction) son œuvre sur un chassé-croisé entre fiction et réalité, entre inventions et vécu où le mot et le verbe font office non pas de décor, mais de personnages principaux. Keltoum Staali trace le chemin, étale des panneaux indicateurs, indique le trajet mais bifurque aussitôt, laissant le lecteur non pas égaré, encore moins désemparé, mais curieux de ce qui l’attend au prochain tournant, c’est-à-dire au prochain paragraphe... »

Citations : « Chez nous, les Arabes, il paraît que l’âge est un privilège, une chance pour les femmes.Délivrées de leurs attraits diaboliques, elles peuvent partager l’espace de la rue en toute quiétude avec les hommes » (p27), « J’ai quitté Alger parce que je n’en pouvais plus d’être une femme » (p72), « Mon premier contact avec la langue française, à trois ans, se résume à une gifle coloniale qui ne me fait pas pleurer (....). La gifle ne détruit pas ma curiosité pour cette langue nouvelle et prometteuse.Au contraire, je me saisis de cette langue qui remettra mon cœur à l’endroit »( p 85), « Il y a un dedans et un dehors de la langue qui sont accessibles quand on est bilingue, même imparfaitement »( p95), « Parler en arabe me renvoie à la fois à ma condition de fille de mon père et en même temps, de manière paradoxale, me met à égalité avec lui, car notre langue est aussi une langue d’adulte pour parler de choses sérieuses et graves »  (p101) , « Le thé à la menthe se boit toujours brûlant.Il réveille la fête, appelle la convivialité et pique l’esprit par sa petite pointe d’exotisme » (p128)