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El Oued (Souf)

Date de création: 29-08-2022 18:25
Dernière mise à jour: 29-08-2022 18:25
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HABITAT- VILLE- EL OUED (SOUF)

© R. Hammoudi, Horizons, lundi 29/8/2022

 

L e Souf est une région où s’établirent les tribus  Adouane et les Trods qui ont joué un rôle dans la sédentarisation et l’arabisation progressive des autochtones. Le meilleur endroit pour découvrir cette mémoire est le musée inauguré le 17 janvier 1954. On trouve un autre, tout aussi modeste, à Djamaa. Au centre-ville, on peut aussi visiter celui du Moudjahid. La région a été, peu avant la guerre, un centre actif d’acheminement des armes de la Libye voisine. Beaucoup  de celles qui ont servi dans l’Aurès le 1er novembre 54 proviennent  des réseaux se trouvant à El Oued qui fut une zone d’implantation pour le PPA et les ouléma. La maison de la culture locale porte d’ailleurs le nom de Lamine Lamoudi, un journaliste bilingue qui sera assassiné à Alger en 1957. Né à El Oued en 1890, il fut un des fondateurs de l’association des ouléma et devint son secrétaire général. Sur des registres quelque peu jaunis, on peut lire des dizaines d’impressions de Français, d’Allemands, de Danois et de nationaux relevant la richesse mais surtout la modestie des lieux. Le musée compte  une  salle où l’on peut découvrir des facettes de la culture locale à travers les costumes, des spécimens de la faune et de la flore, des pièces d’artisanat. Beaucoup de coutumes ont disparu sous les coups de boutoir de la modernisation ou subsistent chez de rares Bédouins. C’est le cas d’une danse propre à la région. Le Nakh combinait des mouvements chorégraphiques avec la tête qui penche frénétiquement à gauche et à droite, les cheveux qui retombent sur le visage et la cérémonie du choix d’une fiancée. A l’ère de la pizza et de la parabole, les modalités de rencontres, d’organisation de mariages ont totalement changé. La datte, qui occupe une place centrale, est à la base de plusieurs recettes et d’un jus fermenté connu sous le nom de «Legmi» très apprécié. La datte existe sous une cinquantaine de variétés. Blanche, elle est appréciée au Sahel pour des mixtures avec le mil ou sous forme de pâtes. La datte est aussi «baydh hammam», œuf de pigeon, sich (sans noyau). DU TOUB AU CIMENT L’artisanat soufi utilise les nervures de palmier pour fabriquer chapeaux et plats. Tout une panoplie d’articles naguère d’usage quotidien est menacée par l’agonie du tourisme et le made in China. C’est le cas des maisons de toub qu’on quitte pour des bâtisses en ciment car les gens peuvent se permettre des ventilateurs. Le mode de vie traditionnel est englouti ou se réfugie dans des espaces plus restreints comme chez ces vieux qui, le soir venu, s’étirent sur les places sablonneuses pour jouer «La Kharbga», variété de dominos avec de minuscules pierres. Les animaux disparaissent. La dernière autruche, dont on peut voir trois gros œufs sous vitrine, a été tuée par Kaddour Ammar El Guennaoui en 1890. L’outarde, le fennec et la gazelle s’enfoncent dans le Sud profond. El Oued séduit. On prête à Isabelle Eberhardt cet aveu : «J’ai voulu conquérir ce pays et c’est lui qui m’a conquise». Il y a d’abord cette architecture originale devenue signe distinctif de la région. Dans les méandres d’El Achache, la Casbah locale, les bâtisses en ciment avec étages ont fini par défigurer les lieux. Ce sont les constructions relevant de l’Etat qui accorde de l’intérêt à une architecture typique qui ont valu sa renommée à la ville des 1.000 coupoles. Les gens ont, comme partout, besoin de davantage d’espaces, de garages pour leur commerces.  Le ciment est aussi économique et demande moins d’efforts que la terre.