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Essai Xavier Driancourt - "L'Enigme algérienne.Chroniques d'une ambassade à Alger"

Date de création: 25-08-2022 11:45
Dernière mise à jour: 25-08-2022 11:45
Lu: 360 fois


RELATIONS INTERNATIONALES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI XAVIER DRIANCOURT- « L’ENIGME ALGERIENNE. CHRONIQUES D’UNE AMBASSADE A ALGER. »

L’énigme algérienne. Chroniques d’une ambassade à Alger. Essai de Xavier Driencourt, Editions Frantz Fanon, Alger2022 , 251 pages, 1000 dinars

A deux reprises, il a donc été  un témoin et un acteur de la relation, «  compliquée » dit-il , franco-algérienne . Cette relation, s’interroge-t-il , « serait-telle une « histoire sans fin , en ce sens que les mêmes problèmes, les mêmes questions sans réponses, les mêmes demandes sont toujours et encore  l’agenda diplomatique franco-algérien ».

L’auteur, cette fois-ci , peu diplomate, certainement délivré de son obligation de réserve ou lesté d’un « bon à dire », n’y est pas allé de main morte, abordant beaucoup d’aspects, et vidant tout son sac. Tout y passe : Comment l’Algérie (« qui prend plaisir à jouer de la stratégie de la tension alors que le président Macron affiche sa bonne volonté  » ) voit la France, le « système » ,  les décideurs, la mémoire et  l’histoire (l’insistance venant, bien sûr des Algériens) , la presse et les journalistes, l’Eglise d’Algérie, une « Eglise algérienne », l’Islam et les islamistes, l’anniversaire de l’indépendance, l’influence française, la langue et la culture française , les relations économiques, le problème du visa pour la France ( « La seule chose qui intéressera les Algériens, ce seront toujours et uniquement les visas »....le « coeur du réacteur de la relation bilatérale »)....et , bien sûr, l’incontournable Hirak. 

On ne peut pas dire qu’il a tout fait (et dit) , à travers son recueil de souvenirs de ses deux passages à Alger pour qu’il y ait, soixante ans après l’indépendance  , la construction d’une « relation normale » et  un « partenariat d’exception »..... comme si ceux-ci pouvait, en ce nouveau Monde,  exister.Pour lui, en effet, désormais, c’est à l’Algérie (qui « manie de manière très politique la « question française » ) et « pas seulement à la France » à « (leur) donner de la substance et de la chair ». Raison invoquée ! Des « intérêts à défendre....et une opinion publique ». Oubliant que l’Algérie les a ...aussi....en plus d’une douloureuse histoire de cent trente deux années d’occupation coloniale française ...une occupation impossible à oublier .

Une révélation : En 2001, l’Elysée avait travaillé sur un projet de lettre du président Sarkozy évoquant les « regrets » de la France (p144)

Une  affirmation récoltée dans on ne sait quel réseau social ou rencontre : « Ajourd’hui, paradoxe suprême, nombreux sont ceux qui regrettent le régime de Bouteflika malgré la corruption et ses défauts » (p121)

Des erreurs concernant la presse étrangère....qui obligatoirement ,et cela se pratique dans tous les pays du monde, dits démocratiques ou non, doit être « accréditée » , la carte professionnelle de leur pays suffisant. Ce qui n‘est pas le cas pour les journalistes algériens. Quant au quotidien public « El Moudjahid » (créé en juin1965), traité de « Pravda » de l’ex-Urss,   il n’a rien à voir avec El Moudjahid, l’hebdo historique du Fln/Aln alors géré par le Gpra.

L’Auteur :. .Sciences Po’ et Ena (Paris). Diplomate et haut fonctionnaire français (Ancien collaborateur d’Alain Juppé, Consul général à Sydney,ambassadeur en Malaisie , directeur général de l’administration, chef de l’inspection générale des Affaires étrangères). Ambassadeur de France à Alger de 2008 à 2012 (Sous Sarkozy)  et de 2017 à 2020 (sous Macron).

Extraits : « Il faut , dans ce pays (l’Algérie) un ou deux ans pour comprendre le mode de fonctionnement du « système ».Il arrive que certains, parmi mes collègues, quittent même Alger sans avoir très bien compris ce pays, ni les ressorts de la politique intérieure, ni la complexité de la relation avec la France » (p13), « Au Maghreb, seul l’ambassadeur à Alger est « haut représentant » (p19), « Les autorités algériennes savent aussi comment parler à nos politiques, dérouler le tapis rouge quand il le faut , les froisser ou les humilier lorsque cela est nécessaire » (p73), « Du côté français, nous sommes toujours sur cette ligne de crête, entre la reconnaissance et la repentance.Reconnaître l’histoire n’est pas se repentir ou présenter des excuses (....). La piège est bien là, aller au-delà de la reconnaissance, c’est inévitablement frôler la repentance » (pp 140-141),

Avis :Un livre « fourre-tout » (le propre d’un recueil de « chroniques ») écrit par un diplomate qui semble en vouloir aussi bien à sa hiérarchie « métropolitaine », qui ne l’a pas assez écouté et suivi, qu’aux Algériens qui ont « raté » leur Hirak

Citations « L’Algérie, pour la France, mais aussi pour un diplomate, c’est autant de la diplomatie que de la politique intérieure française (.....).C’est le seul pays (du Maghreb) où l’ambassadeur doit non seulement réflechir à l’avenir, mais aussi gérer le passé » (p59), « La France, pour l’Algérie, c’est donc à la fois la référence, le modèle, le point d’entrée sur le monde, mais aussi le bouc émissaire , le repoussoir, l’adversaire » (p84), « Le « système », ce n’est ni une structure, ni une organsiation, c’est plutôt un mode de fonctionnement du pouvoir » (p122) , « Chacun a la mémoire de son histoire « (p134), « Les politiques n’aiment pas trop aborder les sujets qui fâchent et préfèrent les choses agréables à dire » (p235)