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Roman Hakim Lâalam- "R.I. Au nom du père, due fils et du saint esprit"

Date de création: 03-08-2022 21:09
Dernière mise à jour: 03-08-2022 21:09
Lu: 435 fois


DEFENSE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN HAKIM LAALAM- « R.I. AU NOM DU PERE, DU FILS ET DU SAINT D’ESPRIT »

 R.I. Au nom du père, du fils et du saint d’esprit ». Roman de Hakim Laâlam. Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2022, 270 pages, 1 000 dinars

 

Une histoire poignante ? Pas seulement. Effrayante !

L’histoire d’un pays tombé dans les rets d’un pouvoir religieux à l’extrémisme féroce et sans pitié. Une République Islamique gérant bien plus  les mœurs et les camps de détention que le développement économique, culturel et social. Le cultuel avant tout et en tout et pour tous. Avec une répression féroce et sans pitié pour les contrevenants à l’Ordre Nouveau .....

C’est ainsi que Sadek , un veuf qui aux yeux des esprits chagrins a trop bien aimée son épouse et qui de plus ne rend jamais à la mosquée et  refuse toutes les propositions de remariage avancées par l’imam du quartier, « Elément déviant », un ED, va vite se retrouver « expédié » dans un camp de détention au Sud profond du pays , pour son « redressement moral et spirituel ». Séparé aussi de son jeune fils, Yahia,  encore étudiant. Sa vie était décortiquée seconde après seconde par les OV (Officier de Vigilance)  les OE , et les OI (Officiers Infiltrés) agents de l’Ordre instauré, car même les poubelles étaient fouillées pour décrypter la pensée et les mœurs.

Deux années et beaucoup de poussières et de détention à la dure . Détenu dans le  Bordj 888, « des frères Kouachi »......ce qui démontrait le nombre de camps existants (les Gcer, les Grands Camps d’Education et de Rééducation disséminés dans le Sahara)

Du camp , on ne sortait pas indemne psychologiquement et physiquement . « Le Camp , ce n’était pas seulement les corvées. On y apprenait aussi à vivre. A revivre selon les canons de l’ON, l’Ordre Nouveau » et se débarrasser des errements coupables dans l’Autre Temps, le Temps des Sacrilèges.   « La vie au Camp se résumait à une tâche unique et titanesque. Ne pas craquer. Se couler dans un moule atroce, dans un carcan étouffant parce que contraire à soi, à ses idées, mais dont il fallait malgré tout se draper pour terminer son temps. La peine. Celle qui vous estampillerait peut-être, au bout, « bon sujet  pour le Califat ». Et, même libéré, ce qui était un bien grand mot, on était suivi , surveillé  encore et en permanence , et  interrogé sur sa vie et celle de ses proches.

La solution ? Pour lui et son fils désormais adulte, lui aussi surveillé. Partir.....El Harga !

 

L’Auteur : Journaliste né en 1962. Après un passage à la radio publique « Chaîne III »,il est devenu journaliste chroniqueur dans le quotidien « Le Soir d’Algérie ».Ecrivain , déjà auteur de plusieurs ouvrages : « Le nez et la perte », « Enseignes en folie », « Pousse avec eux » et « Rue sombre au 144 bis »

Extraits : « La prison étendait ses murailles invisibles bien au-delà des dunes. Une prison à ciel ouvert, sans caméras de surveillance, sans alarmes, sans gyrophares, sans herses cachées, sans douves coupe-fuites, sans chiens. Juste avec le soleil et le froid en cerbères implacables alternant leur terrible vacation, leur ronde impitoyable, leur cycle interminable » (p35), « Rire sans se brider les décibels. Rire sans tendre l’oreille aux réactions possibles du voisinage. Rire au vertige et à la nique aux oreilles épieuses. Rire pour ne pas devoir se pincer afin de vérifier que l’on était encore en vie. Juste rire, et puis, après, voir » (p 61), « Au Camp (note: camp de détention), la règle était immuable, on parlait peu.Moins on parlait mieux on se portait » (p105), « Deux ans et des poussières  de vie recluse dans ce Bordj (note: camp de détention)tenaient dans ce sac à dos.IL se rendit compte que les seules choses qu’on accumule dans un lieu pareil, on les stocke dans sa tête , pas dans un cabas » (p150)

Avis Un livre bien noir......mais se basant sur une expérience sanglante (la décennie rouge) et un danger encore possible. Celui du radicalisme religieux (islamiste) qui continue de ravager bien des esprits.....et bien des pays. Quant au style....du Hakim Laâlam comme vous l’aimez.Une marque d’écriture et d’expression ....déposée !

Citations « Il est des silences qui devaient éveiller la méfiance. Même en zone de silence naturel » (p 125), « Alger n’avait jamais été blanche.Complètement et franchement blanche ;ou alors, il y a longtemps » (p 217), « La Main de l’étranger !(.....)Les dictatures et les régimes autoritaires s’abreuvent au même glossaire, et se nourrissent dans l’identique mangeoire à arguments ! »  (p 254)