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Recueil Chroniques Belkacem Ahcene Djaballah - "Poings de vue"

Date de création: 26-07-2022 11:23
Dernière mise à jour: 26-07-2022 11:23
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COMMUNICATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECUEIL CHRONIQUES BELKACEM AHCENE DJABALLAH- « POINGS DE VUE »

 

« Poings » de vue, Chroniques et écrits de presse, de Belkacem Ahcène Djaballah : pour un journalisme exemplaire

 

© Jacqueline Brenot/Le Chélif , hebdomadaire du Cnetre-Ouest ), lundi 25 juillet 2022

Écrire n’est pas aisé, pour le dire vite lorsqu’on évoque l’écriture de presse par les temps de crises complexes traversées par les médias sur le plan international depuis au moins deux décennies. « L’émergence et l’invasion internet n’a fait qu’accélérer la descente aux enfers », le rappelle l’auteur de ces recueils de « Chroniques et écrits de presse », aux ouvrages et articles considérables, dans une récente interview (1). Il faut la connaissance, le sens du décryptage et le talent de ce spécialiste de la presse algérienne, journaliste indépendant, ancien professeur associé à l’Université d’Alger, pour continuer de défendre avec ce récent et onzième ouvrage les valeurs intrinsèques du journalisme.

Le diagnostic d’une « crise de la presse » est un lieu commun largement partagé. Depuis longtemps, les experts alertent sur la mort annoncée de la presse quotidienne due à un cumul de facteurs tant endogènes qu’exogènes.

Avec ce recueil préfacé par Ahmed Cheniki et postfacé par Tayeb Kennouche, il sera intéressant de cerner à travers quelques-unes de ces 150 chroniques, études, analyses, déjà publiées dans la presse nationale, un relevé descriptif sur la vie et l’évolution sociale, culturelle et politique de la société algérienne, une trame pour mieux scruter les causes et les effets de ces « bruissements du monde » en « fragments et courts textes » et des constats tirés d’une actualité foisonnante d’informations.

D’avril 2001 à janvier 2022, l’ouvrage propose un panorama de l’état journalistique, à travers une série de sujets plutôt polémiques en lien avec les informations du moment. Dès le début, un aperçu pas piqué des gazettes de 2001, à propos des élections législatives et municipales imminentes et du « branle-bas » dans « la presse d’opposition et dans les journaux proches du pouvoir » où les « hommes politiques sont le plus prolifiques », quelques phrases donnent la note aiguë : « Certains parmi les plus créatifs en interdictions oublient qu’en Algérie bien que la Mémoire soit défaillante ou pardonne… on n’oublie jamais. Hier, c’est toujours aujourd’hui », doublée d’une mise en garde : « Alors, MM. Les homo-politicus, faites gaffe, et soyez démocrates ! ». Dans ces chroniques en forme de bilan ouvert, la liberté d’expression du journaliste ne quitte pas le ring de la scène économique et sociale et malgré le sérieux du sujet, les gants de boxe fétiches d’un certain comique de sketchs des années 80 semblent accompagner les crochets et uppercuts de sa plume insolente. La chronique « Des présidents fous, fous, fous… » du16 avril 2001 ne s’en prive pas au sujet de la gravité et du pessimisme instaurés par les dirigeants internationaux, jusqu’à les inciter à un style plus enthousiaste puisque, selon la vox populi, ils seraient « de joyeux et gais lurons qui n’en ratent pas une » dans leur vie privée. Et ce n’est pas le ton des chroniques suivantes acérées qui nieront ce choix avec ces titres : tragi-comique : « Très tard, trop tard, Monsieur ! » ; shakespearien : « Lobbies or not lobby » ; italien : « Le cinéma, c’est (déjà) fini !» ; commedia dell’arte : « Du bon usage de la « Brosse », et ceux de plus en plus mordants et décapants qui se ramassent à la pelle, au fil, plutôt au vif, de dérives scrupuleusement disséquées et autopsiées, pour rester dans la nuance. Avec « Faut-il en rire ? Ou Pleurer ? » (7 mars 2020) au sujet de la demande officielle d« une université « non mixte », ou nombre de controverses sur des sujets brûlants en cours durant le hirak, sont passés au crible. Assez récemment, avec « Journalisme : Hier, aujourd’hui et demain ? (3 avril 2021) » des « leçons de journalisme » viennent du Kenya, par la suspension de la radio concernée et des excuses adressées par les journalistes mis en cause pour excès de sexisme.

L’originalité de l’auteur réside aussi dans le fait qu’il ne tient pas une feuille de route. Il relaie les informations du moment non sans les avoir passer au crible, et bataille avec les réalités quotidiennes et idées en relais qui, selon son analyse, font entrave à une émancipation générale. Il va là où ça le mène, toujours analyste sévère, parfois avec fracas, souvent avec dérision et cynisme, contre une vue prémâchée du monde. Sous sa loupe pointée d’enquêteur en mal d’indices, rien, ou peu, ne lui échappe dans la cacophonie de ladite « actualité » et les excès de certains journalistes, notamment sportifs. Que ce soit avec la sélection nationale de football qui anticipe tôt sur la victoire, comme dans d’autres secteurs : « Éducation, Industries, Commerce, Agriculture… ». Pour ce fervent de l’organisation « dans le respect des lois, des règles et des normes établies » … un constat : « Continuité et innovations ? Le maître-mot de toute politique. »

A chaque chronique son pesant d’exclusivités en forme de points, plutôt « poings » sur les i, d« asymétrie des idioties » ou de « rasoir d’Ockham » à découvrir comme des billets d’humeur très sarcastiques sur l’Histoire factuelle et immédiate, espèces de friandises au poivre pour lecteur averti! Les temps du journalisme sont durs pour cet homme brillant et exigeant ayant occupé des postes à haute responsabilité, dont Directeur de la Documentation et des Publications au Ministère de l’Information et de la Culture, Directeur de l’ANEP, Directeur de l’APS, Membre supérieur de l’Information, et bien d’autres fonctions et missions.

Pour les chroniques plus récentes et très va-t-en-guerre, les sujets variés abondent, ainsi celle du 19 décembre 2020, avec « La besace d’Esope » l’auteur vise le « réveil » de la Cour des Comptes qui, dans ses conclusions, s’en prend aux « incompétences » sur les délais et achèvement des projets d’investissement. Ce seront aussi des cibles très médiatisées, comme « Trump Donald-Pan ! (9 janvier 2021) » ces « gendarmes du monde » doublés de « moralisateurs » sur fond de culture « westernisée avec son cow-boy toujours armé », atteints du syndrome de Peter Pan ou « retard dans le développement émotionnel ». Sans parler des questions plus impérieuses de gestion d’eau et de barrages, ou comme « Les « envasés » (17 juillet 2021), ou d’un autre « maudit virus » qui « a touché les pans les plus sacré de la vie économique et sociale » dans « Corruption : l’autre « sport de masse » (25 décembre 201). A l’occasion des entraves de la Covid-19, l’auteur ne craint pas d’aborder des sujets de société épineux, mais toujours avec mesure et responsabilité en citant ses sources.  

L’éventail des critiques est assez large pour que chaque individu avisé se sente concerné par le sujet et conscient des maux actuels des sociétés, augmentés des dérives excessives de la communication et d’un professionnalisme aléatoire.

On l’aura compris, dans la quête incessante de visibilité des faits, ce spécialiste et Consultant en communication affranchi du ton de donneur de leçons, sans idéologie préétablie comme en attestent ses articles, « dans une irréprochable neutralité » suivant le sociologue Kennouche Tayeb, sans s’enfermer dans des positions qui conduisent à des débats picrocholins, mais en privilégiant les références historiques et littéraires, d’une impérieuse exigence journalistique, d’une éthique évidente dans la transmission rationnelle des faits et décisions du moment, une proximité confiante et lucide demeure avec ses lecteurs. Grâce à ce genre d’ouvrage rare, cette lecture en relief et à la loupe de nos modes de vie nous donnera un champ visuel plus adapté.

(1) Interview à El-Watan-dz du 03/04/2022

« Poings » de vue (Chroniques et écrits de presse) de Belkacem Ahcène-Djaballah/ Préface de Ahmed Cheniki,/ Postface de Tayeb Kennouche/ El Qobia Editions – Alger , février 2022