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Kenadsa

Date de création: 09-05-2022 19:23
Dernière mise à jour: 09-05-2022 19:23
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HABITAT- VILLE- KENADSA

Située à l'ouest de la ville de Béchar, dans le sud-ouest de l'Algérie, la cité de Kenadsa est l'une des plus importantes cités sahariennes connue pour son histoire séculaire, la beauté de son paysage, ses sites patrimoniaux et ses monuments religieux, culturels et touristiques, mais également ses personnalités littéraires et intellectuelles, témoins de sa particularité et son originalité. Agé de plus de huit siècles, le vieux Ksar de Kenadsa, symbole immuable de la ville, est l'un des plus majestueux ksour (palais) de Béchar et de la Saoura en termes de beauté architecturale et de richesse patrimoniale historique, même si la majeure partie de ses bâtisses est tombée en ruine, à l'exception de l'allée centrale connue sous le nom de la «Casbah» avec ses deux villes mosquées, un cimetière et ses innombrables sentiers exigus. Ce majestueux Ksar, construit à partir d'un mélange de terre, où se mêlent argile et feuilles de palmiers, abrite la zaouïa ziyaniya qui compte des disciples de la ville malienne de Tombouctou, du Sahel et d'Algérie, outre la bibliothèque dite «ziyania kandoussia», fondée par un enfant du ksar et renfermant de nombreux manuscrits rares sur la religion, le soufisme, la littérature et l'histoire de la région. L'histoire de Kenadsa remonte à des milliers d'années... Son musée communal expose une série d'outils en pierre utilisés par les premiers habitants, tels que des grattoirs, des lances, des flèches et des pilons en pierre, en plus de nombreuses gravures rupestres. De nombreux animaux empaillés y sont également exposés pour rappeler la diversité de la faune dans la région de la Saoura, à l'instar d'oiseaux, serpents, lézards, loutres et bouquetins, qui vivent à proximité du barrage «Djorf Torba» (à 30 km de Kenadsa), en plus de fossiles datant de millions d'années. La Saoura est prisée pour sa beauté naturelle captivante, ses montagnes rocheuses, ses dunes et une oasis pittoresque à côté de laquelle a été bâti l'ancien ksar. Kenadsa est, par ailleurs, connue pour son riche patrimoine immatériel à l'instar d'«El Ferda», une musique antique traditionnelle basée sur le Melhoun où se mêlent harmonieusement spiritualité, soufisme, invocations (tawassoul), madih et poèmes d'amour (achaki). D'après l'un des membres de la troupe «El Ferda», Hocine Zaidi, plusieurs instruments sont utilisés dans cette variété de musique dont le luth, le violent, le banjo, soussen (petit goumbri) et le tambour. El Ferda est un genre de musique raffinée qui a su se démarquer des autres chants populaires de la région, a mis en avant H. Zaidi. Cette diversité musicale a engendré une variété de danses folkloriques propres à la région, à l'image de «berkaïcho» exécutée dans le cadre d'un festival annuel où les danseurs se déguisent en animaux et suivent leur leader «berkaïcho» submergé par le rythme de kerkabou. De la ville de Kenadsa sont issues de nombreuses personnalités intellectuelles et hommes de lettres, dont les plus connus sont le romancier Mohamed Moulesshoul, connu sous le nom de Yasmina Khadra et la romancière Malika Mokadem. Le musée communal expose des oeuvres de ces écrivains et bien d'autres en guise de reconnaissance aux enfants de la ville. La ville est aussi connue pour être la ville natale du maitre du luth, le prodige Abdelaziz Abdellah, connu sous le nom de «Alla El Bechari». Auteur compositeur de renommée mondiale, Alla a son propre style «fondou», une musique douce et improvisée à travers laquelle il fusionne les deux dimensions algéro-saharienne et africaine.

Mines de charbon : histoire d'un drame

La découverte du charbon dans la région de Kenadza remonte au début du XXe siècle avant qu'elle ne devienne une importante industrie dans les années 1930/40. Les mines et la cité européenne témoignent à ce jour d'une époque où les habitants de Kenadza gagnaient leur pain en exerçant dans des exploitations minières aux côtés d’ouvriers européens. A l'entrée de la ville, un vieux train de marchandise qui transportait autrefois du charbon est exposé avec une pancarte sur laquelle est écrit «cité des mines» en sus d’amas de résidus de charbon visibles ici et là dans le tissu urbain. Cette industrie est désormais «un triste héritage» pour la mémoire des Kenadsa, dit Ibrahim, un de ses habitants, qui ajoute que les Français «exploitaient les propriétaires des terrains par les moyens les plus abominables et les exposaient à la mort dans des tunnels sombres... Plusieurs d'entres eux y ont même perdu la vie ou amputés d'un membre, sans oublier des maladies respiratoires chroniques, y compris «la silicose» et d’autres allergies. Le musée municipal du patrimoine présente un aperçu de la mine et son histoire à travers des outils de creusement, des casques, des haches, des batteries, des lampes, des outils spéciaux pour allumer le feu et des chariots de transport du charbon, en sus de nombreux documents exposés qui mettent en exergue les accidents de travail à l'époque et des journaux qui documentent certaines catastrophes ayant touché les mineurs (la plupart étant des Algériens). Consultante au musée, Amina Belhafiane, a indiqué que le charbon «fut découvert à Kenadsa en 1906 par un Algérien, Kendoussi, avant d'être exploité par le colonisateur pour la première fois en 1917. Et dans les années 1930 et 1940, son industrie s'est développée permettant son exportation vers la France, l'Espagne et l'Italie, avant d'être gelée après l'indépendance en 1967», ajoutant que grace au charbon les Français étaient dans «une situation d'aisance financière et bénéficiaient de l'énergie électrique dans les villes».