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Puissances au Maghreb/Algérie- Etude Giisa 2022/Allemagne

Date de création: 19-04-2022 18:45
Dernière mise à jour: 19-04-2022 18:45
Lu: 495 fois


VIE POLITIQUE- ETUDES ET ANALYSES- PUISSANCES AU MAGHREB/ALGERIE-

ETUDE GIISA 2022/ALLEMAGNE

 

L'Algérie est-elle réellement le leader naturel et la puissance numéro 1 du Maghreb ? Pas vraiment à en croire une étude menée par le think tank allemand German Institute for International and Security Affairs (GIISA), l'un des plus influents cercles de réflexion dans toute l'Allemagne et toute l'Europe. Et pour cause, ce Think Tank conseille les décideurs politiques allemands sur des questions de politique étrangère et de sécurité ou de politique internationale et européenne. Il est régulièrement sollicité par le Bundestag, le parlement, allemand le gouvernement fédéral, mais conseille aussi plusieurs organismes de l'Union Européenne (l'UE). 

 

Pour cette étude, le GIISA a recensé 35 indexes et classements pour se concentrer sur trois pays, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie. De prime abord, la principale conclusion de cette étude des classements permet aux experts du GIISA d'affirmer que les pays du Maghreb sont généralement classés dans le tiers du milieu des États étudiés, jamais tous dans le dernier tiers. Pour les questions militaires (Global Militarisation Index), de force de passeport (Arton Capital’s Passport Index) ou de performance gouvernementale (Ibrahim Index of African Governance) ils atteignent même le premier tiers. Ce qui peut être considéré comme une bonne performance pour les pays maghrébins.

 

Cependant, concernant l'Algérie, force est de constater que notre pays ne domine ses voisins maghrébins que dans trois domaines déterminés. Oui seulement domaines. L'Algérie n’est en tête de ses paires que dans trois classements : l’Human Capital Index, l’Human Development Index et le Global Militarisation Index.

 

En clair, l'Algérie bat largement le Maroc et la Tunisie concernant l'indice de développement humain. L'indice de développement humain (IDH) correspond à un indice composé calculé chaque année par le PNUD afin d'évaluer le niveau de développement des pays en se fondant non pas sur des données strictement économiques, mais sur la qualité de vie de leurs ressortissants. Cet indice s'appuie sur  l’espérance de vie à la naissance, car elle est significative des conditions de vie à venir des individus (alimentation, logement, eau potable…) et de leur accès à la médecine,  le niveau d’éducation, qui détermine l’autonomie tant professionnelle que sociale de l’individu et le revenu national brut par habitant, révélateur du niveau de vie des individus et ainsi de leur accès à la culture, aux biens et services, aux transports.

 

L'Algérie domine aussi ses voisins concernant le classement mondial des armées les plus puissantes.  Le Global Militarization Index a été réalisé par le Centre international de la reconversion de Bonn (BICC). Cet index classe au moins 152 états par le degré de leur militarisation, est accessible via ce lien. Le calcul de cet index de la militarisation est basé sur trois paramètres:  budget( % du PIB),  effectifs (% de la population qui appartient aux armées et aux réserves) et arsenal (% des armes lourdes par rapport à la population). Et l'Algérie figure régulièrement dans le TOP 15 des pays les plus militarisés de la planète dépassant de loin la Tunisie et le Maroc.

 

L'Algérie domine enfin ses voisins dans  L'indice du capital humain qui est un rapport préparé par la Banque mondiale. Cet indice mesure les pays qui mobilisent le mieux le potentiel économique et professionnel de leurs citoyens. L'indice mesure combien de capital chaque pays perd par manque d'éducation et de santé.

 

Excepté ces trois domaines, l'Algérie est, malheureusement, à la traîne dans de nombreux autres domaines notamment ce qui concerne la bonne gouvernance ou le développement économique ainsi que la liberté de la presse et les libertés publiques.

 

L'Algérie fait, par exemple, de très mauvais résultats par rapport à la Tunisie dans le Bertelsmann Transformation Index (BTI) qui évalue la transformation politique, économique et la gouvernance. La Tunisie a atteint la 44e place sur 137 Etats contre 83e place pour l’Algérie qui fait tout de même mieux que le Maroc classé au 94e rang mondial.

 

Toutefois, en matière de démocratie, l'Algérie est la derrière de la classe au Maghreb. Le BTI considère que la Tunisie est une "démocratie défectueuse", qui concorde avec la notion de "démocratie imparfaite" du Democracy Index de l’Economist Intelligence Unit. De son côté, le Maroc se classe comme "régime hybride" dans lequel des entraves à la démocratie existent alors que l'Algérie est officiellement classée comme un régime autoritaire.

 

Sur le plan économique, l'écart se creuse entre l'Algérie et ses voisins maghrébins. Le Maroc est devenu leader en termes de durabilité écologique se hissant à la 7e place (sur 61) du Climate Change Performance Index. Le Maroc fait mieux que l'Algérie en terme d’entreprenariat pour la Banque Mondiale qui le classe 53e (sur 190) dans son Ease of Doing Business Index. En termes de transparence budgétaire, liberté économique et de connectivité, le Maroc et la Tunisie devancent aussi largement l’Algérie. Et en termes de  compétitivité économique, l'Algérie est battue par le Maroc et la Tunisie dans le Global Competitiveness Index, un indice composite, analysant 103 indicateurs différents, répartis sur 12 piliers: Institutions, Infrastructure, Aptitude à intégrer la technologie, Stabilité macroéconomique, Santé, Éducation et compétences, Marché des biens, Marché du travail, Système financier, Taille du marché, Dynamisme des entreprises et Innovation.

 

En guise de conclusion, rien ne permet réellement d'affirmer que l'Algérie est le pays le plus puissant de la région du Maghreb. C'est, certes, le pays le plus important au regard de sa superficie, des richesses de son sous-sol et de l'envergure de son armée. Mais l'Algérie ne domine guère outrageusement ses voisins dans les domaines les plus stratégiques du développement économique et technologique. Pis encore, elle doit rattraper du retard sur plusieurs volets.