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Sidi Belloua (Tizi Ouzou/Kabylie) (Complément)

Date de création: 08-03-2022 19:21
Dernière mise à jour: 08-03-2022 19:21
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CULTURE- REGION- KABYLIE – SIDI BELOUA (TIZI OUZOU) (Complément)

© Rachid Lourdjane, El Moudjahid, lundi 7 mars 2022

Grignotés par les pelleteuses qui se moquent de la roche, les sommets de Tizi Ouzou cèdent la place aux promoteurs de l’immobilier. L’ancien hôpital dédié aux maladies respiratoires mérite restauration. La route sinueuse qui mène au mausolée Sidi Beloua, une zaouïa éponyme située sur les hauteurs de Tizi Ouzou, offre une vue imprenable sur la majestueuse vallée. Le lieu inspire la piété comme toutes les zaouïas. La construction est basse, entourée d’une cour ; les murs blanchis à la chaux ; le sol en ciment et d’une propreté impeccable. C’est le calme complet, loin des vacarmes de la ville, envahie d’une incessante circulation. Les idées reçues ont la vie dure. Pour certains natifs de la région, Sidi Beloua serait un sanctuaire dédié à un mystérieux «Saint Benoit ». Étonnante hypothèse. Pour avoir le cœur net, je me suis approché de l’Oukil, gardien des lieux, qui m’a orienté sur un ancien manuscrit, affiché à l'entrée de la sépulture du Saint homme. Le document retrace la trajectoire de Sidi Athmane, grand-père de Sidi Beloua… Il avait quitté Seguia El Hamra et Oued Edh-ahab au IXe siècle de l’Hégire. Il était en route pour Bagdad dans le désir de se recueillir auprès d’Abdelkader El Djilani en compagnie de ses trois fils. Sur sa route, alors qu'il était dans le Djurdjura, la mort l’attendait dans l’arch des Beni Bouakache (ou Bouakkaz). Ce pèlerinage à Sidi Abdelkader El Djilani indique, sans aucune équivoque, l'obédience soufie de Sidi Athmane. Le père de Sidi Beloua, Mohamed Ben Athmane a fait souche dans la communauté de Ighze-Taourirt. Sidi Beloua serait imam du arch Redjaouna. Il avait trois frères : Seddik, Tayeb et El Hadi. Ses deux oncles, Belkacem et Ahmed, s’installent respectivement chez les Aïth Djaâd et les Aïth Irathen sur les deux versants du Djurdjura. Sidi Beloua veille sur un cimetière ombragé par des figuiers et des oliviers séculaires. Il est très possible que son nom puisse induire en erreur par sa ressemblance phonétique avec Benoît. La légende urbaine considère que l'emplacement initial du mausolée aurait accueilli la sépulture de Saint Benoît. Qui est cet homme ? Une petite recherche en ligne nous ouvre la voie. Saint Benoit est le patriarche fondateur de la règle monastique qui porte son nom. Considéré tardivement comme «le père de l'église occidentale», il a vécu à l'époque du déclin de Rome et l'arrivée des Vandales en Afrique du Nord. Contemporain de Saint Augustin, considéré aussi comme le père de l’église moderne, il est né en 490 et n'a jamais fait le voyage dans nos contrées. Il est le seul Saint Benoît, excepté les Papes du même nom. Il repose en Italie, à Monte Cassino. D’autres «chercheurs» rattachent le nom de Sidi Beloua au toponyme français «Le Valois» qui désigne plaines et vallons. Ce qui n’est pas pour un site géographique montagneux, tel ce sanctuaire kabyle qui trône à plus de 600 m d'altitude. Sidi Beloua, le vénéré marabout, est natif de Ighzer-Taourirt. Il est sans doute le plus prestigieux descendant de la lignée des Aïth Bouathmane, en raison du rayonnement spirituel de sa zaouïa éponyme fondée en 1948. Rachid Lourdja

 En 1957, durant la guerre de Libération, le Mausolée de Sidi Beloua est détruit à l’explosif par des éléments du Commando des Renseignements et Interventions en Kabylie (CRIK), rattaché au 11e bataillon de choc. Cette unité d’élite assurait les opérations spéciales. Après sa destruction, le site, considéré comme stratégique, sera occupé par le 137e régiment d'infanterie, qui implantera une unité d'action psychologique. La zaouïa ne se relèvera de ses ruines qu'en 1985, après une restauration réussie. La lecture de la généalogie des Athmane renseigne sur le nom «Beloua» comme une prononciation dialectale du classique «Abou illoua», identité rarissime qui définit la fonction de porte-étendard.