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Roman Mohamed Abadallah- "Le vent a dit son nom"

Date de création: 23-02-2022 18:31
Dernière mise à jour: 23-02-2022 18:31
Lu: 422 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN MOHAMED ABDALLAH- « LE VENT A DIT SON NOM »

Le vent     a  dit son nom. Roman de Mohamed Abdallah. Apic Editions, Alger 2021, 260 pages, 900 dinars

D’abord , le titre, assez original et démontrant une certaine recherche culturelle et historique, ce qui n’est pas rien en cette période : C’ est, dit-il,  « une référence aux vers de Rimbaud commençant par «Le vent a dit le nom d'un nouveau Jugurtha» et censés rendre hommage au célèbre roi numide tout en suggérant un possible parallèle avec l'Émir Abdelkader. En choisissant ces mots comme titre d'un roman parlant de l'engagement d'intellectuels, de militants algériens à la veille du déclenchement de la guerre de Libération nationale, je voulais reprendre possession de cette Histoire et du récit qui en est fait. J'ai cherché à la ramener à un contexte algérien, à montrer un monde où le discours sur l'Algérie revient progressivement entre les mains et sous les plumes de ses enfants ».

Ensuite le contenu : Un quartier d’Oran , la Mauresque, l’Impasse des artisans, le café Medioni….au cœur de la ville indigène. Et, bien d’autres   espaces symboles de tout un pays en agitation,   avec des vies parfois  sinon souvent difficiles qui avancent, de l’enfance innocente à la prime jeunesse avec ses doutes et ses interrogations jusqu’à l’âge adulte , celui de l’engagement . La fin des  années  40, et le début des années 50,  une période charnière de l’Histoire du pays, avec un monde ancien ,  en apparence soumis, qui se meurt et avec un nouveau monde qui, pour beaucoup, tarde à naître et qu’il faut renverser.

Une foule de personnages se rencontrant, se liant d’amitié, échangeant les idées et les expériences…..Un enfant, un traducteur, un activiste, une exilée….Anir, Aomar,  Shanez, Said, Aomar, Kamal, Noreddine, Abdou,  Nanna la grand-mère, Tassadit, Damia….mais aussi le Père Clément, Edward, Roth, Simone, déjà des justes…..toutes et tous  aux vies et histoires s’entrecroisant et naviguant dans un océan  d’éveil des consciences pour la liberté des hommes et du pays .

Mais ,aussi, une foule d’interrogations….sans  conclusions définitives et absolues. Surtout des pistes de réflexion que les personnages en scène cherchent à explorer pour mieux exploiter leur futur. Car  novembre  1954 n’est pas loin , il est déjà là…..disant son nom.Un bouleversement sec , abrupt, sans ambiguité.  Liberté ! Libération !

Au passage, le texte, en revisitant une période charnière de l'histoire algérienne, rend hommage à des symboles majeurs de la culture et de l'engagement dans notre pays. Ce qui donne au roman un air « dibien » .En tout cas , la volonté y est. L’appréciation finale appartient aux lecteurs.


L’Auteur :Mathématicien de formation, né en 1997 à Tlemcen. Déjà auteur de trois romans : « Aux portes de Cirta » en 2019, « Souvenez-vous de nos sœurs de la Soummam » en 2018 et « Entre l’Algérie et la France , il n’y a qu’une seule page »,  en 2017.Il a même publié , en 2020, à l’occasion du centenaire de la naissance de Mohammed Dib, un roman sur l’auteur de « La grande maison », intitulé « Le petit Tlemcénien »

Extraits « Taos n’avait que faire des théories élégantes et des nobles idéaux ; elle ne voyait que la réalité dure et injuste qui lui était imposée.Il n’y avait pour elle qu’un seul triptyque qui vaille la peine d’être défendu : liberté, liberté, liberté. »(p52), « La poésie n’avait pas à se préoccuper des gloires nationales, mais devait plutôt aider le poète à sonder ses entrailles, à pénétrer dans les plus intimes de ses sentiments, à formuler ses mots avec grâce avant de les offrir aux autres » (p65), « Si pour certains les événements du 1er novembre sonnaient comme un coup de tonnerre, pour d’autres, ils annonçaient un aboutissement prometteur » (p165)

Avis : Au départ, on pensait qu’il était un « Ovni » dans le paysage littéraire national.En fait, c’est un jeune écrivain « hors du champ » , réécrivant les pages  de l’histoire (lointaine ou proche) du pays. Pour mieux expliquer le présent ? Un mélange des temps qui ne facilite pas la lecture.

Citations : « Lire, et encore plus écrire, c’est rentrer dans un monde qu’on fait sien, et ne pas avoir peur de le dire lorsqu’un géant est injuste » (p 40), « Le savoir est quelque chose que nous devons manier avec prudence, surtout lorsque des étrangers viennent y glisser leurs mensonges et les faire passer  pour une innocente vérité » (p 45) , « Les cafés…..Remplis de monde.Tant de personnes ici mais, dans le pays, personne !C’est le problème de notre pauvre Algérie.Comme nous perdons notre temps à palabrer … »(p100)