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Football/Afrique/Coupe du monde (II/II)

Date de création: 16-02-2022 19:34
Dernière mise à jour: 16-02-2022 19:34
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SPORTS -ETUDES ET ANALYSES- FOOTBALL/AFRIQUE/ COUPE DU MONDE (II/II)

 

Une étude de Harvard explique pourquoi aucune équipe africaine n’est prête à remporter la Coupe du monde de football

© Servan Ahougnon/Agence Ecofin.com, samedi 12 février 2022

L’espoir est permis : Selon les conclusions de l’étude, il faut que les meilleures nations africaines de football améliorent la qualité de leurs adversaires pour développer les capacités nécessaires à une victoire en Coupe du monde. En effet, pour remporter la Coupe du monde, il faut être capable de battre les meilleures sélections nationales de la planète. Les affronter plus régulièrement habituerait les équipes africaines de football à ce niveau d’adversité.

A ce propos, de meilleurs adversaires seront un peu plus accessible pour les nations africaines en 2026. La FIFA a confirmé que l’édition de la Coupe du monde qui se tient cette année-là verra pour la première fois la participation de 9 pays africains. Un plus grand nombre de places dans le tournoi augmentera légèrement la qualité de la concurrence affrontée par les pays africains participants, étant donné que seuls les trois matchs de poules sont garantis.

Les exemples de la Belgique et de la France qui sont aujourd’hui de grandes nations de football grâce au niveau de l’adversité affrontée, fondent cependant l’espoir pour les pays africains. Une nation africaine remportera le mondial, mais le moment n’est pas encore venu. « Certains observateurs pourraient interpréter les améliorations enregistrées au cours des dernières décennies pour déclarer que des pays comme la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria sont sur la voie pour remporter le trophée entre 2030 et 2040. Cependant, cet argument est peu plausible quand on observe les limites de la stratégie implicite sur laquelle les pays africains semblent s'appuyer pour améliorer leur situation : la domination des adversaires intracontinentaux et la victoire dans les tournois régionaux. Cette stratégie ne suffira pas si ces pays veulent se hisser au sommet de la hiérarchie », précise l’étude.

Plus qu’une affaire d’adversité… :Cette étude d’Harvard soulève un problème réel car le niveau d’adversité est certainement une donnée importante dans la compétitivité des équipes africaines en Coupe du monde. Toutefois, ce rapport élude plusieurs autres facteurs importants qui plombent le niveau des sélections nationales du continent. Pour commencer, les infrastructures et les formations requises pour former des footballeurs professionnels font souvent défaut. En dehors de quelques exceptions la formation d’internationaux africains passe par l’Europe et parfois les joueurs formés à l’extérieur ne reviennent pas jouer pour leurs nations d’origine. Par ailleurs, très peu de championnats africains se tiennent régulièrement et cette situation impacte fortement la qualité des équipes nationales qui doivent par ailleurs réclamer, non sans mal, que les clubs étrangers libèrent leurs internationaux pour les compétitions. Par exemple, le Nigeria, pourtant considéré comme une des meilleures nations du continent, a du mal à organiser correctement son championnat local. Pourtant, ce championnat est essentiel pour assurer la progression des joueurs de l’équipe nationale n’évoluant pas dans des clubs étrangers.

L’argent, également nerf du football : Il ne faut pas non plus oublier les questions liées à la redistribution des droits TV des compétitions africaines, déterminante pour donner aux fédérations les moyens d’offrir aux joueurs les meilleures conditions de formation ou même d’exercice de leur activité.

Selon le cabinet Deloitte, lors de la saison 2016-2017, les ligues européennes de football ont généré 14,7 milliards d’euros. C’est 9% de plus que la saison précédente, générés essentiellement, comme ces 10 dernières années, grâce aux droits TV. Dans le même temps, en Afrique les médias et les diffuseurs ne se sont intéressés qu’aux ligues locales à partir de 2016. Ainsi, les fédérations européennes ont eu accès depuis plusieurs années à une manne financière que le continent africain découvre à peine, créant, au-delà de l’écart sur le plan sportif, un gap sur les moyens financiers disponibles pour améliorer les conditions de pratique du football et la formation.

Etonnamment, c’est un problème bien connu d’Harvard qui avait rédigé une étude sur le sujet en 2017 : « Des pays comme l'Afrique du Sud, l'Algérie et l'Égypte possèdent les plus grands clubs du continent, mais ceux-ci ont moins de pouvoirs financiers que ceux de la MLS, le championnat des États-Unis. Les autres ligues et clubs ne sont pas financièrement importants même dans des pays comme le Ghana et le Nigeria. Nous estimons que l'ensemble des clubs du continent africain génère moins de 400 millions $ de revenus, moins que les revenus de n'importe lequel des cinq premiers clubs européens », avaient déclaré les chercheurs de l’université. L’écart financier entre les fédérations africaines et les fédérations européennes ne s’arrête pas aux compétitions de clubs. Les états financiers audités de la CAF pour l'exercice clos le 30 juin 2017 révèlent un revenu disponible de 24,2 millions $. Après déduction des dépenses et des frais financiers, le revenu global total n'est que de 892 000 USD. En revanche, la Fédération anglaise de football a réalisé un chiffre d'affaires de 376 millions de livres sterling (490 millions de dollars US) au cours de l'exercice clos le 31 juillet 2018, souligne ACCA.

Par ailleurs, l’équipe gagnante de la 31e Coupe d'Afrique des Nations 2017 au Gabon a reçu 4 millions de dollars, contre 1,5 million pour la Côte d'Ivoire, championne en 2015. Le vainqueur de la CAN qui vient de s’achever au Cameroun est censé recevoir 4,5 millions de dollars. Le vainqueur de l’Euro de football gagne environ 11,4 millions de dollars. Ces écarts ont un réel impact sur la performance des équipes. En dehors des primes versées aux joueurs, elles déterminent les budgets alloués aux fédérations pour le déplacement et le quotidien des joueurs lors des déplacements internationaux. 

On ne peut négliger l’impact des moyens financiers dans l’état actuel du football africain. Parfois, les problèmes d’argent prennent le dessus sur les compétences sur le terrain. En 2019, par exemple, le Malawi a abandonné les qualifications à la CAN par manque de moyens financiers. « Après avoir considéré toutes les options […] nous avons décidé de nous retirer des qualifications pour la CAN à cause d’un manque de financements. Le triste état dans lequel se trouve l’équipe, aussi bien au niveau de ses finances que du soutien dont elle bénéficie, ont rendu cette décision inévitable », avait déclaré Alfred Gunda, le patron de la fédération malawite de football dans un communiqué. Cette réalité, bien connue en Afrique, semble avoir échappé aux chercheurs de Harvard.