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Rencontre janv.2022 , E.Macron/PIeds noirs/Guerre d'Algérie

Date de création: 27-01-2022 18:56
Dernière mise à jour: 27-01-2022 18:56
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HISTOIRE- COLONIALISME- RENCONTRE E. MACRON/PIEDS NOIRS/ GUERRE D’ALGERIE

 

© www.24hdz.com, jeudi 27 janvier 2022

 

Après les harkis, le président français Emmanuel Macron, a rencontré mercredi 26/1/2022, à l’Elysée (Paris)  les « pieds noirs » ou « les rapatriés d’Algérie » pour évoquer « la page tragique » de  « l’exode » de 1962.


Pour 
Emmanuel Macron,  « l’arrachement » à la terre d’Algérie fut « une peine inconsolable » pour les rapatriés.  « L’histoire des rapatriés d’Algérie est celle d’amour charnel pour cette terre, d’effort, de labeur pour la faire fructifier, puis, l’histoire d’un exode et d’un exil. L’exode contraint et subi de Français nés dans cette France de l’autre côté de la Méditerranée et pris dans la tourmente de la guerre. Puis, l’exil, déracinés au sein de leur propre patrie », a-t-il déclaré, ce mercredi 26 janvier, lors d’un discours à l’Elysée en présence de représentants de « pieds noirs », de parlementaires et d’historiens.


L’histoire des rapatriés d’Algérie est, selon lui, celle de la France. « L’exode de 1962 est une page tragique de notre récit national aux prémices lointaines et aux conséquences profondes, inédit par son ampleur, sa soudaineté, son impréparation et sa brutalité. En quelques mois, près d’un million de personnes sont passées d’une rive à l’autre », a-t-il dit.


« C’est ce monde là qui fut englouti en 1962… »


Après avoir évoqué  les Européens d’Algérie, qui « formaient une mosaïque » et qui étaient « attachés à cette terre qu’ils avaient travaillé avec ardeur », le président français a loué « l’idéal méditerranéen d’une vie harmonieuse entre juifs, chrétiens et musulmans » durant la période coloniale française en Algérie (1830-1962). Il a cité Albert Camus et son appel du 22 janvier 1956  pour « une trêve civile » afin d’illustrer son propos. Dans ce texte, le romancier évoque l’Algérie en termes de « terre de bonheur, d’énergie et de création ». « C’est ce monde là qui fut englouti en 1962. Tout d’un coup, les repères familiers et familiaux bâtis sur plusieurs générations s’effondraient dans l’incrédulité pour certains, dans l’incompréhension pour beaucoup avec un insupportable sentiment d’abandon pour tous », a regretté Macron.


« Fusillade » de la Rue d’Isly à Alger


Selon lui, les Accords d’Evians, établis entre la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et signés en mars 1962, après presque sept ans de guerre de libération nationale, actaient « la cessation des hostilités, l’interdiction des violences individuelles et collectives, la garantie de la sécurité des personnes et des biens Français d’Algérie ». « Il ne fut pas ainsi. Nous savons l’ambivalence de cette date, victoire et soulagement pour certains, défaite et calvaire pour d’autres », a-t-il affirmé. Il a évoqué « la fusillade » de la rue d’Isly (aujourd’hui Larbi Ben M’Hidi) à Alger qui a eu lieu le 26 mars 1962. Des civils, favorables à « l’Algérie française », avaient été mitraillés par des soldats français alors qu’ils voulaient rompre « le blocus » à Bab El Oued. Le bilan serait entre 50 et 80 morts. Ce fait est resté censuré en France pendant plusieurs années et aucun bilan officiel des victimes n’a été établi à ce jour. Idem pour le lynchage d’une douzaine d’Algériens au quartier Belcourt par des français qui rendaient les musulmans responsables de la tuerie de la rue d’Isly.


« Massacre…impardonnable pour la République »


La même journée du 26 mars, les militaires français fouillaient avec brutalités les maisons, notamment à Bab El Oued, après la mort de sept soldats, assassinés par l’OAS (Organisation de l’armée secrète), opposée à l’indépendance de l’Algérie et soutenus par les pieds noirs. « Ce jour-là, des soldats français, déployés à contre-emploi, mal commandés, moralement atteints, ont tiré sur les français. Ce qui devait être une opération de maintien de l’ordre, s’acheva par un massacre (…) En métropole, le drame fut passé sous silence. 60 ans après, la France reconnaît cette tragédie. Ce massacre du 26 mars 1962 est impardonnable pour la République. Toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement », a annoncé Macron.


Le chef d’Etat français, qui a parlé de « surenchère atroce d’insécurité et de violence » et de «l ‘engrenage mortifère » (avant l’indépendance de l’Algérie, après les Accords d’Evian), a évoqué « le drame du 5 juillet 1962 » à Oran. Selon lui, des centaines d’européens, essentiellement français, furent massacrés. « Ce massacre doit être regardé en face et reconnu. La vérité doit être de mise et l’Histoire transmise », a-t-il plaidé sans désigner « les coupables ».  


« La valise plutôt que le cercueil »


Le 5 juillet 1962, à Place d’Armes, à Oran, une fusillade avait éclaté mais dont l’origine reste inconnue. Les autorités françaises avaient accusé l’ALN, Armée de libération nationale, et des « civils algériens » d’être les auteurs de ce massacre mais aucune preuve sérieuse n’a été présentée pour étayer cette accusation.  « Il nous faut aussi raconter ces mois d’adieux, de déchirure où des Français d’origine métropolitaine européennes ou des populations installées depuis des siècles, comme certains juifs d’Algérie, furent poussés à cette extrémité insupportable, la valise plutôt que le cercueil », a déclaré Macron critiquant « l’accueil officiel défaillant » en France des « rapatriés d’Algérie ». « Il y a soixante ans, les rapatriés d’Algérie ne furent pas écoutés. Il y a soixante ans, ils ne furent pas reçus avec l’affection que chaque citoyen français en détresse mérite », a-t-il ajouté.
Ce discours d’Emmanuel Macron intervient à quelques semaines des élections présidentielles en France. Le président sortant serait candidat mais n’a toujours pas confirmé sa candidature.