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Récit Mahdi Boukhalfa - "La Cantera.Il était une fois Bab el Oued"

Date de création: 27-10-2021 19:09
Dernière mise à jour: 27-10-2021 19:09
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HABITAT- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT MAHDI BOUKHALFA- « LA CANTERA.IL ÉTAIT UNE FOIS BAB EL OUED »

La Cantera.Il était une fois Bab el Oued. Récit de Mahdi Boukhalfa, Editions Dar El Qobia, Alger 2021,  233 pages, 800 dinars

Bab El Oued, un nom de quartier certes mais aussi et surtout un pan de l’Histoire du pays, histoire tourmentée ou paisible, dramatique ou joyeuse……….un quartier d’Alger populaire plus que tous les autres, tous emblématiques.Il y a (vait) du Bronx, du Broadway et du Harlem.

Il ne faut surtout pas croire que Bab El Oued est né ou n’a existé qu’avec les Pieds noirs. Rien de plus faux même si des écrits outre-Méditerranée essaient de faire croire le contraire. Bab El Oued a toujours existé.C’est un quartier intemporel et,  bien avant qu’il ne vienne à la vie avec la colonisation française, il y avait déjà des baraques, au début disparates, sommaires, abritant des immigrants , arrivés d’Europe,  ( « renégats » corses, italiens, hollandais…) , venus chercher l’aventure, l’argent et peut-être la gloire. A partir de 1830, les miséreux de toute la Méditerranée vont s’établir dans la petite plaine, en retrait de la porte de Bab El Oued, près de la  carrière de Sidi Bennour (en espagnol, La Cantera) , et former l’actuel quartier…..futur ville européenne d’Alger.Le reste est une longue histoire qui dure encore avec sa parenthèse « pied-noir », parenthèse qui, en fait s’est limitée au centre du quartier….suivie, après l’indépendance du pays, par une toute autre histoire, celle vécue jusqu’ici et pour toujours…..celle que raconte l’auteur, un enfant du quartier.

Bab El Oued est alors devenue une sorte de New York avec ses immigrants, venus de la grande et de la petite Algérie….de tous les coins du pays et de toutes les conditions sociale …… « une population plurielle, féconde, riche , rebelle »,toute l’âme de l’Algérie libérée ! Mais, un « cocktail détonnant, une perpétuelle étincelle de colère », avec, on le devine, avec le temps qui passe,  un « insoupçonnable glauque underground de violence urbaine en gestation »….avec ses drames (dont une inondation, le 10 novembre 2001, un « déluge »  ayant fait plus de 1000 morts et beaucoup de disparus),  et ses révoltes (dont celle du 5 Octobre 88 qui a vu, le 10 octobre, une fusillade ayant fait des dizaines de morts -dont un journaliste de l’Aps, Sid Ali Benmechiche- et de blessés à l’ entrée du quartier)

Aujourd’hui, Bab El Oued n’est plus qu’il était, il y a à peine une vingtaine d’années, ….et on assiste à la « tombée en ruines dramatique d’un quartier hier emblématique » . « Une plaie sociale ouverte.”Assaouar” (à savoir) ? »

 

L’Auteur : Né en 1955 à Alger, socio-urbaniste de formation, journaliste depuis février 1983 (à l’Aps où il fut  chef de bureau à Bordj Bou Arréridj , puis à Blida puis à Rabat…..puis   Horizons, El Moudjahid, Le Quotidien d’Oran, Maghrebemergent.info.....). Auteur de plusieurs ouvrages dont « Mama Binette, naufragée en Barbarie », «  Pavillon Covid 19 (sept jours en enfer)" « la Révolution du 22 février »…

Sommaire : Avertissement/ Préambule/Avant-propos: Voyage dans le temps/Chapitre I :Au début, il y avait l’immigration/Chap. II : Le Ventre de Bab El Oued/Chap. III :La gifle , un éveil urbain brutal/ Chap. IV : Contes joyeux du Livre d’or/ Chap.V : Football et musique, les années folles/ Chap.VI : A Franco, tout le monde descend/ Chap.VII : Rambla, motos et pickpockets/ Chap.VIII : Octobre 88, le drame/ Chap IX : Tant qu’il y aura des villes/ Chap X : Bab El Oued Eddah El Oued/ Epilogue : Pleure Ô Bab El Oued bien aimé

 

Extraits : « Au cœur d’Alger la Blanche,Bab El Oued : un monde, un univers où chacune de ses grandes artères comme ses plus petites ruelles, ses obscures venelles, recèlent mille et une curiosités » (p10), « Il y a , en réalité, cette terrible « scoumoune » qui persécute ce quartier, au point que l’on se pose cette terrible question : par grands cycles temporels, le sort s’acharne-t-il sur <bab El Oued, un quartier plusieurs fois martyr » (p46), « Bab El Oued a été assassiné , tué par ses mauvais habitants comme par ses gestionnaires, ces élus qui n’ont ni la compétence, ni le pouvoir, encore moins la volonté de l’entretenir et le prémunir de la prédation des hommes et la fatalité du Temps » (p225)

Avis : Un récit ponctué de « coups de cœur » et de souvenirs de jeunesse….. et beaucoup de nostalgie

Citations : « Bab El Oued, ce quartier intemporel, a toujours existé.Bien avant qu’il ne vienne à la vie avec la colonisation française, abritant des immigrants européens, benus chercher l’argent et la gloire « (p 21), « Bab El Oued est une histoire fabuleuse, un univers parallèle, un monstre urbain pourtant attirant, attachant, né dans la pauvreté, la vie dure, la sueur et le labeur » (p25), «  Au-delà de toutes les contingences, quelles qu’elles soient ou qu’elles aient été , il est jusqu’à nos jours et à la fin des temps, le quartier le plus populaire, le plus emblématique, le plus beau, le plus fantasque, et là où il fait encore bon vivre «  (p35), « Le « beldisme », ce comportement sociologique typiquement urbain, qui n’est pas forcément une qualité, est un des phénomènes de déviance sociale le plus nocif et le plus dangereux pour la collectivité.Il n’est productif d’aucune valeur ajoutée, aucune plus-value ; bien au contraire, il est source de différends, de décadence sociétale, , et de violencesete de crises urbaines » (p211)