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Essai Ali Guenoun- "La question kabyle dans le nationalisme algérien.1949/1962"

Date de création: 22-09-2021 18:37
Dernière mise à jour: 22-09-2021 18:37
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ALI GUENOUN- « LA QUESTION KABYLE DANS LE NATIONALISME ALGERIEN.1949/1962 »

La question kabyle dans le nationalisme algérien .1949-1962. Essai de Ali Guenoun (préface d’Omar Carlier .Postface de Mohammed Harbi). Casbah Editions, Alger 2021, 1300 dinars

En fait, c’est là le fruit d’une thèse de doctorat en histoire soutenue en septembre 2015…..ce qui fait sa consistance et sa richesse.D’emblée, l’auteur avertit les lecteurs (certains) qui ont fait part de leur perplexité sur le choix du titre.Pourquoi « La question kabyle » et pas « La question berbère »….Pour lui, le titre est uniquement motivé par un souci de rigueur analytique car les « acteurs de la crise stigmatisés comme berbéristes venaient tous de Kabylie et d’aucune région  berbérophone d’Algérie ».Une argumentation qui se tient…..mais qui, quand même,  laisse « perplexe » le commun des lecteurs.

Le travail de recherche a porté sur deux aspects et deux moments de la lutte des nationalistes algériens pour l’indépendance du pays.L’un se rapporte à la crise dite « berbériste » de 1949, au sein du Ppa, suscitée par la définition même de la nation algérienne ; l’autre à la montée en puissance de la wilaya III et de son chef Krim Belkacem au sein du Fln et de l’Aln. Sans oublier la période intermédiaire 50-54 qui sépare la « crise » de l’insurrection du 1er novembre et en conditionne la préparation.

Une première partie qui débute à la fin de la seconde guerre mondiale…..avec une période charnière d’après-guerre pleine de douleurs (massacres de mai 1945)  et d’espoirs d’une libération proche. L’émergence de jeunes militants qui vont impulser au Ppa clandestin une dynamique jamais connue. Des sigles de partis et des noms de militants (dont « le Groupe de Ben Aknoun ») , parfois contestataires (mais non opposants) , et désignés (par les moyens de propagande du parti) comme « berbéristes »  alors qu’ils posaient seulement des questions nationales

Une seconde partie aborde la période de la guerre entre 1954 et 1962….qui va voir la région de Kabylie s’imposer comme une région-pivot dans la lutte pour la libération du pays….avec un Fln/Aln qui n’admettait pas de voix discordante ou supposée l’être .Le discours contre les anciens contestataires de 49 est, selon le chercheur, « réactivé ». Pour lui, « force de constater que cette conflictualité se perpétue dans un contexte nouveau où les protagonistes étaient armés ».

L’Auteur : Natif de Kabylie maritime, trilingue (arabe, kabyle, français) , études supérieures à Alger puis à Paris.  Docteur en histoire (Paris I, Panthéon -Sorbonne).Déjà auteur d’un ouvrage : « Chronologie du mouvement berbère.Un combat et des hommes » (Casbah Editions, 1999)

Table des matières :Sigles et abréviations /Avertissement/ Préface/ Introduction/ Première partie : La crise de 1949 (huit chapitres)/Deuxième partie : Des usages de la reéférence « kabyle » dans la guerre d’indépendance (cinq chapitres)/Conclusion/ Postface/Fiches biographiques (34)  / Annexes/Bibliographie/ Index (personnes citées)

Extraits : « Mohamed Harbi est le premier auteur à mettre des noms sur les militants de l’Algérie algérienne-des autres militants nationalistes aussi -et à présenter leurs parcours.Il se démarque, ainsi, de l’histoire officielle qui a pris le soin de gommer les noms d’acteurs » (p 43), « Le manque de documents nous empêche d’avancer une date précise du début de la crise (« berbériste ») , mais nous pouvons la situer au début du mois de mars 1949 au plus tard » (p153), « Pour Abane, le moment de discuter de l’identité amazighe n’était pas encore venu.C’était, pour lui, un sujet diviseur au moment où il fallait se consacrer à la lutte pour l’indépendance du pays » (Témoignage, Belhocine, M.  p 163). « La mémoire a retenu, dans la plupart des cas, moins les événements eux-mêmes que les représentations imaginaires qu’ils font naître- dimensions imaginaires dans lesquelles le poids du traumatisme, du passionnel et de l’émotif est très important » (p250) », « La crise de 1949 a été vécue comme une fin de non-recevoir à l’ensemble des réflexions sur le devenir du nationalisme algérien et sur la définition de la nation.Ce courant désigné comme déviant est rejeté hors du parti comme menace à l’unité sacralisée (….).La crise de 1949 résolue avec une violence verbale et physique restera vivante dans la mémoire des militants.Les idées développées en 1949 connaîtront un cheminement souterrain pour réapparaître avec une nouvelle élite à l’indépendance de l’Algérie « pp 410-411)

 

Avis :D’abord ,en empruntant au préfacier, c’est là un « choix courageux qui aborde directement une question difficile car se prêtant aux passions, jusqu’à aujourd’hui ».Ensuite, pour suivre le postfacier, c’est là « un livre « indispensable pour modifier notre vision de la crise de 1949 et (qui) change notre regard sur les questions régionales dans l’ensemble algérien ……Il a rendu à la mémoire algérienne une histoire enfouie». Pour ma part, une thèse très (trop ?) riche en détails et en « révélations »,  mais non exempte  aussi de……….. prise(s) de position.Il est vrai que la couleur était annoncée en introduction : « Notre démarche a été guidée par la question de savoir comment le référent kabyle est devenu un paramètre important , pertinent, de l’histoire politique contemporaine et du nationalisme radical

et indépendantiste… ».C’est tout dit. 

Citations : « Il ne suffit pas d’accumuler du « matériel », il faut en établir la fiabilité et objectiver le sens »  (Omar Carlier, préface, p 17) , « L’intérêt régional renforce  l’identification à la nation qui ,elle seule, est capable de développer la région » (p 412)