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Blogueurs algériens contestataires (4)- Opinion S.Oukaci (II/II)

Date de création: 24-03-2021 11:19
Dernière mise à jour: 24-03-2021 11:19
Lu: 665 fois


COMMUNICATION-OPINIONS ET POINTS DE VUE- BLOGUEURS ALGERIENS CONTESTATAIRES (4)/OPINION S. OUKACI (II/II)

 

"Les blogueurs Algériens les plus en vue du moment doivent leur notoriété à leur opportunisme"

© Pr Sabri Oukaci, expert en  communication /El Watan ( de Fb, 23 mars 2021)

 

Larbi Zitout, né à Laghouat en 1963, m’a confirmé qu’après avoir passé moins de quatre années à l’ambassade d’Algérie à Tripoli, en Libye, il avait demandé, en 1995 et en pleine guerre civile algérienne, l’asile politique à l’Angleterre, sans me donner d’explication plausible à sa défection.

À la tête de plusieurs affaires commerciales prospères avec sa famille, Zitout est un militant islamiste adepte d’un État théocratique et un des créateurs du mouvement Rachad aux côtés de Mourad Dhina qu’il m’a souvent cité. Il ne s’est jamais caché d’être parmi ceux qui continuent de nier les crimes du GIA, les imputant à l’armée.

Mes entretiens avec celui qui a été condamné à 20 ans de prison par contumace, le 17 décembre 2019, par le tribunal d’Oran pour «intelligence avec une puissance étrangère, atteinte à l’autorité de l’armée, insulte et diffamation», ont révélé une personnalité impulsive qui ne supporte pas la contradiction et une profonde misogynie qui m’a parue bien inquiétante relativement au projet de société qu’il prépare pour les Algériennes et les Algériens.

J’ai retenu que Zitout était nettement incapable d’appréhender les subtilités d’un débat démocratique ou faire preuve d’un raisonnement tolérant envers ceux qui ont d’autres points de vue que le sien. Il est incapable de tenir une discussion avec une femme, qu’il déconsidère sur des préjugés rétrogrades et discriminant.

Analyse primaire

Et cela transparaît dans ses interventions médiatiques, ou il multiplie les vidéos sur les réseaux sociaux s’accommodant d’une analyse primaire de l’actualité, se particularisant par ses envolées lyriques monocordes et folkloriques, psalmodiant de bancales explications prêchées dans un verbe qu’il se veut haut, dans le but de se réapproprier l’esprit d’une jeunesse élevée aux incantations mortifères de ceux qui sont responsables de la disparition de centaines de nos concitoyens.

Et dans ce registre, Larbi Zitout m’a affirmé qu’il utilisait la notoriété virtuelle d’un autre bloggeur, qu’il dit «prendre en charge moralement, idéologiquement et financièrement».

Il s’agit d’Amir DZ, pseudonyme du bloggeur Amir Boukhors. J’ai eu en effet l’occasion de rencontrer par deux fois celui qui déclare être journaliste et activiste, engagé dans le but de faire tomber le régime algérien.

Exilé à Paris et natif de Takhmert dans la wilaya de Tiaret, Amir DZ est l’auteur de très nombreuses vidéos où il fait des révélations ayant trait à la vie privée de simples citoyens et dans lesquelles il partage des information décousues et hautement diffamatoires qui touchent à l’Armée, les hommes d’affaires, ou tous les sujets qui surfent sur la vague voyeuriste de ses très jeunes fans.

Nul besoin d’affirmer qu’Amir DZ s’adonne à une activité illégale, affirmation étayée en outre par des preuves, des aveux et des témoignages rapportés par ses nombreuses victimes, qui confirment toutes avoir fait l’objet de menaces, d’actes d’extorsions et de racket.

Etrangement, Amir DZ est certes le plus aventureux et le plus visible des activistes, mais il est le moins dangereux des bloggeurs, car il s’adresse à une frange de la population jeune, dont la tranche d’âge se situe entre 14 et 19 ans, la seule à comprendre le discours intellectuellement faible d’Amir Boukhors.

Enfin, je clos cette contribution par ma rencontre avec Abderrahmane Semmar, natif de la commune de Ouled Chbel dans la Mitidja qui se dit influenceur crédible, mais qui a vu sa réputation anéantie avec la diffusion de ses conversations téléphoniques avec Mahieddine Tahkout, l’oligarque proche des Bouteflika aujourd’hui emprisonné.

Incapable de cohérence et submergé par une légèreté vertueuse inquiétante, Abdou Semmar est celui dont la morale s’affranchit le plus de l’honnêteté intellectuelle qu’exige la profession de journaliste. De toutes mes rencontres, c’est celle qui m’a le plus déçu.

En contournant leur méfiance, transformée en paranoïa pour certains, j’ai pu recueillir les confidences inédites des Abdou, Amir DZ, Zitout et Bensedira, sur leurs projections futures.

Ces quatre bloggeurs du Net rêvent tous de pouvoir jouer un rôle politique de premier ordre en Algérie. Un espoir qu’ils pensent réalisable au vu du nombre grisant de clics cumulés sur leurs profils, au prisme déformant de la notoriété médiatique qu’ils se sont fabriquée, ou à la médiocrité d’une certaine élite aux commandes.

Mais aucun d’eux ne met en avant son manque de connaissances, son défaut de reconnaissance universitaire, son insuffisance à pouvoir correctement gérer une quelconque organisation ou même l’absence d’appuis de poids dans l’administration du pays.

Rien de tout cela. Ils savent tous que leur obsessionnel désir de revanche ne peut être possible que dans une Algérie qu’ils auront aidé à s’effondrer.