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Migrations internationales- Etude Cread 2020

Date de création: 01-02-2021 18:04
Dernière mise à jour: 01-02-2021 18:04
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TRAVAIL- ETUDES ET ANALYSES- MIGRATIONS INTERNATIONALES- ETUDE CREAD 2020

L’Algérie est le pays qui accueille le moins de travailleurs immigrés : 239 500 immigrés et 100 000 réfugiés, soit un taux de 0,7% de la masse globale de la population occupée dans le pays.

L’économie algérienne ne bénéficie pas de l’apport des compétences étrangères. Ou pas trop. Et pour cause : le pays ne capte pas suffisamment de travailleurs immigrés, en particulier les cadres qualifiés. C’est ce qu’ont noté des chercheurs du Cread qui viennent de lancer un projet de recherche sur le «Travail et migrations internationales en Afrique du Nord – Focus sur l’Algérie (2021-2023)».

En attendant les résultats de cette étude ambitieuse, les donnés disponibles pour la période 2001-2016, soulignent les chercheurs, démontrent déjà une réalité. Même dans la région d’Afrique du Nord, l’Algérie est le pays qui accueille le moins de travailleurs immigrés : 239 500 immigrés et 100 000 réfugiés, soit un taux de 0,7% de la masse globale de la population occupée dans le pays.

Selon les mêmes chiffres présentés par le sociologue Hocine El Abdellaoui, l’Algérie compte, jusqu’en 2016, 87 417 travailleurs salariés, 12 039 travailleurs non salariés et 39 244 classés dans la catégorie «autres».

Par secteur d’activités, les données disponibles démontrent que les travailleurs immigrés sont intéressés en premier lieu par le BTPH, avec 78 641 travailleurs, (soit 85,30%), l’industrie avec 9671 travailleurs (10,49%), les services avec 3857 employés (4,18%) et enfin l’agriculture avec 29 travailleurs (0,03%).

Concernant les qualifications, sur la totalité des travailleurs immigrés, 15 229 sont des cadres (6,52%), 31 299 ont la maîtrise (33,95%) et 45 670 sont des exécutants (49,53%). «A la lecture de ces chiffres, on constate une faible captation des compétences immigrées par l’Algérie, malgré l’attractivité du marché économique», souligne le sociologue.

Selon lui, cette situation est engendrée par les textes algériens qui donnent la préférence aux travailleurs locaux et le climat des affaires qui n’est pas propice à la captation des compétences étrangères qui trouvent d’énormes difficultés à se faire recruter en Algérie.

En tout cas, le nouveau projet lancé par l’équipe du Cread devra déboucher sur un diagnostic général de la situation en Algérie par rapport aux pays de la région : Egypte, Libye, Tunisie et Maroc.

Le Cread, rappelons-le, a réalisé plusieurs travaux de recherche sur les migrations internationales ces 20 dernières années, avec une vision comparative entre Algériens à l´étranger et étrangers en Algérie, et parfois avec extension aux pays du Maghreb et en Afrique.

Ce nouveau projet, explique Mohamed Saïb Musette, sociologue et membre du groupe qui mène cette étude, est conçu par une équipe pluridisciplinaire (sociologues, économistes, statisticiens, politologues…).

Il devra aborder ce phénomène dans une perspective comparative entre cinq pays de l’Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Libye, Maroc et Tunisie), avec un focus dans l’immédiat sur l’Algérie. «Ce nouveau projet sera une première tentative de lever le voile sur cette réalité, qui semble marginale selon les données onusiennes, à peine 1% des actifs en Afrique du Nord et 0,7% en Algérie. Cette sous-région serait la moins attractive en Afrique ! Ces données sont limitées strictement aux migrations régulières, relevées à partir des permis de travail délivrés», souligne-t-il. Selon lui, la réalité est beaucoup plus importante et complexe, si on inclut les travailleurs étrangers qui n’ont pas besoin de permis de travail, les travailleurs saisonniers frontaliers et les travailleurs du secteur informel, le travail des réfugiés et autres demandeurs d´asile.

«L’objectif de ce projet est de mesurer les flux des travailleurs migrants en Algérie en comparaison avec quatre pays de l’Afrique du Nord (Egypte, Maroc, Tunisie et Lybie) selon les nouvelles directives de la 20e Conférence internationale des statisticiens du travail (CIST).»

Ce projet, ajoute-t-il, proposera aux autorités des pays d’Afrique du Nord une connaissance approfondie pour toute prise de décision concernant les migrations de travail. «Il entre parfaitement dans les Objectifs 8 et 10 de l´Agenda 2030 des Nations unies sur le développement durable (2015) et apporte les premiers éléments à l´implémentation de l´objectif n°1 du Pacte international des Nations unies sur les migrations sûres, ordonnées et régulières (2018)», note-t-il.