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Roman Susan Abulhawa - "Les matins de Jénine"

Date de création: 26-11-2020 19:16
Dernière mise à jour: 26-11-2020 19:16
Lu: 680 fois


HISTOIRE – BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN SUSAN ABULHAWA –« LES MATINS DE JÉNINE »

Les matins de Jénine. Roman de Susan Abulhawa (traduit de l’américain par Michèle Valencia).Editions Media-Plus, Constantine, 2008 (Usa : 2006, France : 2008), 422 pages, 1 050 dinars.

Préface de l’auteur .Extraits : «  Bien que les personnages de ce roman soient imaginaires, la Palestine , elle, ne l’est pas.Pas plus que les événements et personnages qui apparaissent au fil du récit …. », « L’affection et les encouragements de mes amis m’ont aidée plus d’une fois à surmonter mes périodes de doute, surtout lorsque les dettes et les refus de publication s’accumulaient »…………………………

  Ein Hod……..un village fondé en 1189 par un général de l’armée de Saladin …..Plus de quarante générations ayant vécu et étant mortes dans ce village. Quarante générations de naissances, funérailles, mariages, danses , prières et genoux écorchés…..de péchés et de charité, d’inimitiés et de pactes, de pluie et d’ actes d’amour…..de souvenirs, de secrets et de scandales gravés dans les mémoires.Une architecture, des vergers, des puits,  des fleurs… Quarante générations , toutes englouties brusquement et brutalement  par la notion du droit d’un autre peuple à s’installer dans un espace ainsi « libéré » et à le proclamer sien…Un autre peuple , venu d’ailleurs, composé d’étrangers juifs arrivés d’Europe, de Russie , des Etats unis et d’autres coins de la planète. Toute une histoire « enterrée vivante », à partir de l’année 48. ..une année expulsée de « la liste des années et des nations »

Ein Hod…1940-1948 : un village et une famille heureuse…celle de Hassan Abulhedja et de Dalia….avec leurs enfants, Youssef, Ismail et Amel. Une cohabitation tranquille , fraternelle entre les communautés.

12 décembre 1947 -1948 : Les sionistes arrivent.Très bien armés…..le massacre va alors commencer.Objectif : un véritable grand « remplacement » programmé …. « de la Méditerranée au Jourdain ! »  Le petit Ismail, âgé de six mois,  disparaît….enlevé et adopté par un couple de juifs récents immigrés et sans enfants.  Le village va devenir rapidement un champ de ruines.Le long cauchemar du peuple palestinien commence….et Ein Hod va se peupler de peintres juifs venus de France et se bâtir une réputation de « paradis secret ».

Puis le camp de réfugiés de Jenine….un autre « dépotoir humain » comme tant d’autres jonchant la brève histoire d’Israël…En fait des camps de prisonniers ne disant pas leur nom.

Puis, une incessante appropriation de la terre palestinienne….ce que Amal appelait « l’impérialisme centimètre par centimètre »

Puis, la départ forcé vers Beyrouth, Jenine ayant été « vidée » de ses hommes…toute la famille ayant été massacrée…… et Amal, orpheline envoyée à Jérusalem dans une école privée ….Elle s’en ira ensuite aux Etats -Unis poursuivre de brillantes études et deviendra Amy. Palestine oubliée à cause du « rêve américain » ? Un peu, mais elle reste toujours hantée par l’amour de parents trop tôt disparus (dont un jeune frère ….devenu Juif ,rebaptisé David ret élevé dans la haine des Arabes….mais  qu’elle ne tardera pas à rencontrer ) et le regret d’avoir « fui » sa Palestine.

Entre temps, c’est Beyrouth….puis les massacres de Sabra et Chatilla…….

Le cauchemar va continuer. Amal ,citoyenne américaine,  en visite chez son frère Youssef, à Jenine (ce qui en restait, en 2002) ,  en compagnie  de sa fille Sara,   est tuée par un soldat israélien……

 L’Auteure :Née en 1967 en Palestine.Parents dans un camp de réfugiés de la guerre des Six-Jours, en Jordanie et dans la partie occupée de Jérusalem-Est.Vit aux Etats Unis. Premier roman (Prix Best Books Award 2007 , catégorie fiction historique)

Sommaire :Préface/Arbre généalogique/Prélude1/Al-Nakba/Al-Naksa/Zaman ya Zaman/Al-Ghourba/ Qalbi fi Beirout/Baladi /Nihaya o Bidaya/ Glossaire/ Bibliographie

Extraits : Hasbi Allah wa niamal wakil. Tout comme les pays arabes qu’il maudissait, Yahya ne se porta pas au secours de ses frères attaqués.En secret, il  se disait qu’Ein Hod serait épargné si les villageois ne « s’en mêlaient pas » .Il croyait que l’offre de paix sincère faite par les Palestiniens aux juifs assurerait la continuité de leur vie » (p 52), « N’importe quel réfugié du camp aurait pu raconter la même histoire,  celle de gens que l’on avait dépossédés, dépouillés de tout ce qui faisait d’eux des être humains, puis jetés comme des ordures dans des camps dont même les rats n’auraient pas voulu. Privés de droits, de maison, de nation, tandis que le monde nous tournait le dos, ou acclamait les usurpateurs qui exultaient en proclamant  la création d’un nouvel Etat auquel ils avaient donné le nom d’Israël » (p 115), « Pourquoi est-ce qu tu l’as tabassé ?, demanda Amal. David baissa les yeux et tenta d’expliquer que la force s’imposait à vous sans que vous la sollicitiez.Dès qu’on lui donnait libre cours, elle se faisait elixir, et l’impunité vous procurait un frisson d’audace » (p 159) , « Des autorisations spéciales étaient nécessaires pour se faire soigner, pour exercer une activité commerciale , pour étudier à l’université, de sorte qu’un individu se retrouvait avec une  pile  de petits cartons roses, jaunes et verts, froissés et déchirés par les doigts en sueur qui les serraient, les déplaient, les vérifiaient et les repliaient » (p 174)

 Avis :Formidable livre : Intense, beau, puissant, brillant, émouvant, bouleversant, poignant, déchirant. A lire et à faire lire sans délai……pour que les mentalités… de ceux qui ne savent pas ou ne veulent pas savoir les souffrances du peuple palestinien , ceux qui doutent encore….. changent.Une fin heureuse…..un peu, à mon sens « tirée par les cheveux »….avec une cohabitation tranquille …..une américaine, un israélien, un palestinien…. « vivant en frères et sœurs »sous l’œil compréhensif de l’oncle David-Ismail….……aux Etats Unis, en Pennsylvanie…. « dans une monde sans occupation militaire et de liberté ». En Palestine, le cauchemar continue.

Citations : « Un instant suffit à broyer un cerbveau et à cahnger le cours d’une vie, le cours de l’histoire » (pp 59-60), « Un arbre n’est la propriété de personne…Il t’apparteient à titre temporaire, comme tu peux lui appartenir.Nous venons de la terre, nous lui donnons notre amour et notre travail, elle nous nourrit.Quand nous mourons , nous retrournons à la terre.D’une certaione  manière , c’est elle qui nous possède. La Palestine nous possède et nous lui appartenons » (pp 96-97) , « Nous naissons tous avec les plus grands trésors dont nous disposeront au long de notre vie. L’un est notre esprit, l’autre notre cœur.Et les outils indispensables de ces trésors sont le temps et la santé » (p 211), « Les grossieretés arabes ne sont souvent qu’allusions gratuites à l’anatomie de parentes, simple mention de la partie intime de leur individu » (p 274), « Une semaine après le massacre de Sabra et de Chatila, le magazine Newsweek décida que le fait le plus important des sept jours écoulés était la mort de la princesse Grace de Monaco » (p 333), « La cicatrisation des blessures et la paix ne pouvaient commencer qu’une fois que l’on avait reconnu ses torts » (p 360), « Pourquoi la dignité et l’honneur s’accrochent-ils à la pierre et au sol ? Génération après génération , les hommes éventrent la terre, construisent des monuments en fouillant ses entrailles pour  marquer leur époque, pour façonner leur rêve, à savoir se croire importants dans un univers à l’immensité fabuleuse, pour arracher du sens à un parfzit hasard, pour atteindre à l’immortalité en s’emparant d’une terre immortelle, en la foulant, en la creusant » (p 376)