Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Lechani Mohand Said

Date de création: 08-08-2020 18:33
Dernière mise à jour: 08-08-2020 18:33
Lu: 1079 fois


COMMUNICATION – PERSONNALITES- MOHAND SAID LECHANI

Né le 15 mai 1893 à Ait-Halli, dans l'actuelle commune d'Irdjen

 en Haute Kabylie, et décédé le 25 mai 1985 à Alger, est un instituteur et militant politique et syndical algérien. Socialiste de tendance jaurésienne, collaborateur de divers journaux, il est considéré comme une figure pionnière de l'Algérie contemporaine. Il a participé à tous les mouvements socio-politiques et culturels destinés à l'émancipation de l'Algérie avec, comme point de départ, l'éducation et l'instruction qu'il voulait généralisées à tous.

Lechani adhère à la Ligue de défense des droits de l'homme et du citoyen, au Syndicat des instituteurs de France et des colonies ainsi qu'à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en 1912, à sa sortie de l'École normale des instituteurs de Bouzaréah. Il a alors 19 ans et l'anticolonialisme est encore balbutiant.

Diplômé de langues berbères à l'Institut des hautes études de Rabat en 1919 (parler Ntifa du Sud de l'Atlas) et de la Faculté des lettres d'Alger, en 1948, il fut le disciple de grands spécialistes des études et de la dialectologie berbères tels que : Said Boulifa, Émile Laoust et André Basset puis, plus tard, compagnon de recherches d'André Picard, dernier responsable de la chaire de berbère de la Faculté des lettres d'Alger. Ses écrits et ses réflexions de berbérisant s'inscrivent dans le cadre du mouvement d'éveil et de sauvegarde de l'identité et de la culture berbères d'expression kabyle, entamé au début du xxe siècle par une poignée de lettrés kabyles, issus du monde éducatif.

En 1922, Lechani cofonde la revue La Voix des Humbles, périodique socio-éducatif des instituteurs d'origine algérienne4 qui revendiquaient l'égalité des Droits civiques et sociaux, ce qui était suffisamment scandaleux pour l'époque, puis participe activement au Congrès Musulman d'Alger, en juin 1936, et à la naissance du journal anticolonialiste de la Gauche algéroise, Alger républicain, en 1938, dans lequel Albert Camus fit ses premiers pas de journaliste.

Ferhat Abbas dans La Nuit coloniale, premier tome de sa trilogie Guerre et Révolution d’Algérie, publié en 1962, n’a pas oublié La Voix des Humbles. Il écrit :

« Venant d’un autre horizon, des instituteurs d’origine indigène, courageux et dévoués, les Tahrat, les Lechani, les Belhadj, les Makaci, les Amrouche, groupés autour de la revue La Voix des Humbles, défendaient le droit à l’égalité et participaient, par l’école, à l’émancipation de la société arabo-berbère. »

Ainsi, parmi les élèves de Mohand Lechani à l'école Brahim Fatah d'Alger où il exerça à l'époque, dans les années 1930, quantité d'entre eux participèrent directement à la Révolution, et à la Bataille d'Alger à l'instar de Mohamed Ferhani, Abderrezak Hahad, ou encore Abderrahmane Taleb, le célèbre chimiste.

Mu par l'égalité des chances scolaires pour tous, il fut pionnier de l'éducation nouvelle (influences intellectuelles variées : Decroly, Freinet et Piaget) dans les années 1933-1934, période durant laquelle cet éducateur prolétarien introduit l'imprimerie à l'école dans l'Algérois5. Il publie en 1934, dans la Voix des Humbles, un article intitulé "A la recherche d'une méthode rationnelle pour l'enseignement du français à l'école indigène". Son parcours pédagogique le conduira à prendre part, plus tard, au début des années 1950, aux enquêtes et travaux de la Commission chargée de l'élaboration du Français fondamental, dirigée par le célèbre linguiste Georges Gougenheim.

À partir de 1945 - après avoir été frappé par le régime de Vichy en raison, notamment, de sa participation à la Ligue des intellectuels antifascistes d'Alger - Lechani représente la Kabylie au Conseil général d'Alger, à l'Assemblée financière et à la Commission supérieure des réformes musulmanes, réactivée par le Gouverneur Yves Chataigneau; et déploie une activité intense au profit des masses algériennes.

Le socialisme émancipateur trouve en lui un réformateur passionné. Il initie, durant ses mandatures, deux grandes réformes politiques, arrachées de haute lutte à l'administration coloniale : la naissance des nouveaux Centres municipaux en Kabylie en 1946, dans la circonscription stratégique de Fort-National (aujourd'hui Larbaâ Nath Irathen), et la fusion des enseignements primaires, en 1949 : une grande victoire contre la ségrégation scolaire qui consacra l'école unique pour tous les écoliers d'Algérie, sans distinction de race ni d'origine. Ces réalisations, attendues de longue date par la population, rencontreront la sympathie et l'adhésion des masses populaires, longtemps dominées par le colonat. Elles contribueront à asseoir sa notoriété.

Proche de figures socialistes anticolonialistes comme Alain Savary et Charles-André Julien du côté français, d'Abderrahmane Farès et Ahmed Boumendjel du côté algérien, il est signataire en septembre 1955 de la « motion des 61 » rejetant la politique d'intégration prônée par Jacques Soustelle. Mohand Lechani démissionne dans la foulée de ses mandats politiques en décembre 1955, à l'appel du