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Roman Abderrahmane Zakad- "L'innocent"

Date de création: 05-07-2020 19:08
Dernière mise à jour: 05-07-2020 19:08
Lu: 744 fois


SCIENCES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH – ROMAN ABDERRAHMANE ZAKAD- « L’INNOCENT »

L’Innocent. Roman de Abderrahmane Zakad. Editions Baghdadi,  Rouiba 2015, 407  pages, 600 dinars

 

C’est un roman-fiction Orwello-sansalien qui nous plonge dans une Algérie ruinée, dans les années 2020,  suite à la chute d’un énorme astéroïde qui a embrasé les sables du Sahara , entraînant  la soudaine disparition du pétrole et du gaz. Décidement, c’est une obsession…avec toutes ces déclarations récentes et récurentes sur l’épuisement (dans les années 2050) des ressources . La « cata » (presque souhaitée) dans toute sa splendeur ! A l’heure où l’on nous parle d’épuisement des ressources pétrolières face à une consommation nationale qui grimpe, qui grimpe,qui grimpe, de quoi avoir des sueurs froides .

On vous laisse deviner le reste, sur fond d’une enquête sur les (anciens)  détournements de terrains à bâtir de la capitale, menée par un jeune et ambitieux journaliste, Réda,  qui découvre, peu à peu , en fouinant dans des archives supposées « disparues », les coups tordus des mafias et les tristes réalités des années passées. Une Algérie « fauchée comme les blés », la souveraineté ,la dignité , l’honneur, les acquis , les biens, les symboles…perdus ou bradés, un pays ouvert à tous les vents et à toutes les races, sans foi ni lois, réduit à la mendicité internationale, auprès   des voisins et de l’ancien colonisateur . Heureusement , il y a la rencontre avec l’amour, Lilia, une jeune avocate  …..ce qui lui permet de vivre d’espoir et d’eau fraîche , devenue bien rare , encore plus rare que le pétrole et l’essence.

Mais là où excelle l’auteur, ce sont ces retours en arrière , de l’Indépendance jusqu’à la catastrophe : la corruption, le gaspillage et la gabegie, les détournements, les vols, la hogra, les trafics en tous genres, l’hypocrisie politique et culturelle, les mafias, les héros oubliés ou perdus ou exilés, les luttes contre les « moulins à vent », le journalisme à sensation et manipulateur …De véritables leçons d’Histoire contemporaine , courtes mais instructives, pour celui qui veut bien les lire de manière attentionnée. A mon sens , il y a un peu trop de boumedienisme et la nostalgie d’une agriculture , bouée de sauvetage et moteur du développement. La maladie infantile des sexagénaires et plus ..qui ont raté leurs  années 70-80 !

Bref, un roman (presque) noir, surréaliste,  émaillé de traits d’humour pleins de vérité (ex  L’Algérie est le seul pays au monde où un produit avarié coûte plus cher que le produit frais. Elben et le Rayeb avariés coûtent plus cher que le lait… »/ « La peinture en Algérie, c’est comme le falmenco pour les esquimaux » / La Casbah ? Les français l’ont charcutée, les algériens l’ont suicidée » )  et de mots « sculptés ».....à la « Zakad ».

 Dans tout cela , heureusement,il y a l’arrivée d’un sauveur, jeune, aux idées plein la tête, un Algérien de France, une sorte de Neggaz,  qui va redresser la barre  et, heureusement , aux « innocents les mains pleines », il y a l’Amour , grâce à  Lilia, devenue une épouse aimante , aimée, et paralysée suite à un attentat commis par la mafia du fonsier

 

L’Auteur : Né à Sétif en 1938, ancien officier de l’Aln puis de l’Anp ayant quitté l’uniforme en 1964 , urbaniste ,Abderrahmane Zakad a écrit une dizaine de romans qui traitent de la société algérienne en transformation (tradition, mœurs, coutumes) , et des recueils de poésie  . En plus de ses œuvres littéraires, l’auteur s’intéresse au patrimoine .Il a réalisé trois films documentaires à caractère socio-urbanistique
Avis : Histoire très rythmée, tenant en haleine.
Un roman trop vrai !  C’est , en fait, le roman « Les Amours d’un Journaliste »,  publié à compte d’auteur en 2012  ,  342 pages, 500 dinars, (bien avant « 2014, la fin du monde » et avec une autre style d’écriture , certes  « travaillée »,  recherchée,  mais plus populaire ) mais revu et  augmenté. Trop de digressions se voulant explicatives...une maladie nationale. Peu attrayant sur le plan technique.Le métier d’éditeur qui rentre ?

Citations : « Quand une chose est spécifique n’ayant ni auteur, ni origine, ni expérimentation et ni histoire, il ne faut s’attendre qu’a une  catastrophe spécifique » (p 16), « En mathématiques, la constante de Planck permet de résoudre des équations insolubles, en politique, les constantes, c’est la planque » ( p27), « Le sida , la maladie du siècle, trente millions dans le monde , mais l’Algérie n’était pas trop atteinte….. parce que le virus refuse d’occuper des corps improductifs. Y a rien à bouffer » (p 30), « La raison d’Etat s’est employée à nous distraire de notre histoire et nous avons abdiqué. Nos historiens jouent au foot sur un terrain de volley » (p 38), « Les fonctionnaires ont toujours une peur bleue des journalistes, le silence est leur sac de couchage » (p 140), «  Devant la hogra, un homme seul se morfond, deux hommes raisonnent, dix hommes protestent, cent se révoltent et une foule saccage » (p 194),