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Etude Zahir Ihadaden/M.C Sahli - "Décoloniser l'Histoire..."

Date de création: 26-06-2020 11:25
Dernière mise à jour: 26-06-2020 11:25
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH – ETUDE ZAHIR IHADADEN/M.C SAHLI- « DECOLONISER L’HISTOIRE…. »

Décoloniser l’Histoire. Introduction à l’histoire du Maghreb. …suivie de Le Message de Yougourtha . Préface de Zahir Ihadaden. Essai de Mohamed Chérif Sahli. Quipos Editions, Alger 2014,  245 pages, 700 dinars

Un seul livre, deux oeuvres….deux en un ! Une initiative originale mais heureuse car elle réunit deux « histoires » (l’Histoire de l’histoire coloniale de l’Algérie….et l’Histoire de quelqu’un , un héros bien de chez nous, un homme qui a fait tout un pan de l’Histoire du pays…Mais, hélas, dont on ne retient plus que le nom…comme prénom )

Dans une première partie (ouvrage paru en 1966….chez Maspéro…en France)  qui tient bien plus de l’analyse critique et de l’essai, Mohamed Chérif Sahli ….un grand homme de culture , malheureusement mal connu de son vivant par les nouvelles générations d’historiens (qui , il est vrai , ont des approches soit orientalistes , simplistes  et politisées, soit occidentales , mais  complexes car s’enfermant dans des schémas trop rigoureux), Sahli, donc, esquisse une méthode (qui a fait notre bonheur en tant qu’étudiants dans les années 60 et 70) : Il nous apprend à démonter bien des documents d’historiens occidentaux afin de démontrer les parti-pris….comme si tout était fait  pour décrire un paysage et une société incapables de favoriser l’émergence d’une souveraineté nationale et une nation indépendante. En accusant la nature, la géographie  …. On a  eu , aussi, les « histoires » (parfois des légendes)  de lutte continuelle entre sédentaires et nomades ; ces derniers transformés en « nihilistes et pillards » s’ acharnant à détruire « le labeur patient » des sédentaires.

La seconde partie (ouvrage paru en 1947….déjà) est présentée opportunément par l’historien Zahir Ihaddaden,  comme une sorte d’exercice pratique . Le héros , un résistant infatigable aux tentatives d’occupation romaine du pays (de toute la région, avec au départ l’inimitié entre Carthage et Rome….deux impérialismes), un vrai fils du Maghreb,   est la preuve de l’incarnation d’une mentalité et d’un comportement « forgés par l’exercice de la souveraineté nationale depuis bien des siècles antérieurs ».Des noms fulgurants ,avec des héros et des traîtres aussi, ont traversé le temps et se sont incrustés dans la mémoire collective (sauf chez nos nouveaux prophètes)   : Syphax,  Massinissa ( « l’Aguellid Amokrane  » , « le grand roi » des vieux contes kabyles),  Asdrubal,Mastanabal(le père de Yougourta) , Miscipsa, Imastanabal, Gulussa, Adherbal, Hiempsal, Massiva, Boulmicar, Boucchous……

L’Auteur :1906-1989..... Né à Bejaia (Tasga) diplômé de philosophie(1932), ami de Laheraf et de Kateb Yacine (qui , de passage à Pékin, lui dédia un de ses poèmes),  il consacre sa longue vie à l’étude, à l’enseignement, à l’écriture , au journalisme , à la lutte pour l’Indépendance du pays,   à la diplomatie (de 1957 à 1962 avec le Gpra  , puis ambassadeur de 1966 à 1978) ce qui lui permis de renconter les grands révolutionnaires de l’époque

Avis :Un classique, ça se lit .Ça  se relit. Et, ça se conserve. Avec le temps, sa valeur ne fera que croître, aujourd’hui et demain – en ce temps de dé- construction incontournable de l’Histoire coloniale qui a tout (ou presque tout) fait pour légitimer le fait colonial- bien plus qu’hier.

Extraits « Chaque fois que le malheur a voulu nous marquer de son sceau, nous avions toujours imprimé à notre destin le chemin de la résistance et celui de l’honneur » (p 15) , «  La connaissance de l’histoire ne permet pas seulement à l’homme de se libérer de son passé. Elle l’aide aussi à comprendre ses problèmes et à saisir le sens de son devenir » (p173), « L’histoire ne se répète pas, mais elle progresse, parce qu’il y a une certaine continuité dans les aspirations fondamentales de l’homme » (p 175), « Dans un pays libre, l’existence et la diversité des partis expriment l’existence et la diversité des classes sociales (….) .Mais, dans un pays opprimé, toutes les couches sociales , à des degrés différents , subissent le même joug » (p 290).