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Recherche Amin Malouf - "Les croisades vues par les Arabes"

Date de création: 24-06-2020 18:16
Dernière mise à jour: 24-06-2020 18:16
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CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECHERCHE AMIN MALOUF- « LES CROISADES VUES PAR LES ARABES »

Les Croisades vues par les Arabes. Une recherche historique de Amin Maalouf . Casbah   Editions, Alger 2002, 299  pages, 450 dinars

Il a voulu, avec son  talent d’ancien  grand-reporter devenu grand écrivain - historien,  faire simple…..en racontant les croisades ………mais, telles qu’elles ont été vues, vécues et relatées dans « l’autre camp », c’est-à-dire du côté arabe. Donc, quasi-exclusivement , reposant sur les témoignages des historiens et chroniqueurs arabes de l’époque : Ibn al-Qalanissi , chroniqueur de Damas..qui n’avait que vingt trois ans, en 1096, lorsque les Franj - terme désignant, dans le parler populaire, les Occidentaux et plus particulièrement les Français -   arrivent en Orient (on disait  alors , selon les régions, les auteurs et les périodes   Farandj, Faranjat, Ifranj, Ifranjat….), Ibn Jobair, Arabe d’Espagne, grand voyageur , Ibn al-Athir, historien, Oussama ibn Mounqidh, Aboul-Fida……

Le tsunami des croisés  a envahi puis conquis  la région ; région n’ayant plus , de son passé , il est vrai, que les oripeaux d’une gloire et d’une unité perdues . Juillet 1099 : Jérusalem est  prise et la population de la ville sainte est passée au fil de l’épée….juifs et autres chrétiens relevant des rites orientaux  y compris .  1110 : Chute de Beyrouth et de Saida. Qu’il est loin le temps où le calife Omar Ibn al-Khattab avait pris Jérusalem aux Roum en février 638, qu’il est loin le temps glorieux de  Haroun ,  mort en 809 . Ses succeseurs ont perdu tout pouvoir réel . Dans des « émirats » éparpillés, jaloux les uns des autres, se faisant continuellement la guerre et les émirs  s’entre-tuant, et plongés pour les uns dans l’irréligion  et pour les autres dans le fanatisme. Faisant dire , à Aboul-Ala al Maari , poète aveugle , libre-penseur, déjà (il est mort en 1057)  que « Les habitants de la terre se divisent en deux, / Ceux qui ont un  cerveau , mais pas de religion, /Et ceux qui ont une religion, mais pas de cerveau ». Quarante années après sa mort, un fanatisme venu de loin, en masse et bien armé, cuirassé, allait donner raison au fils de Maara. Celle-ci, avant l’arrivée des Franj, vivait paisiblement et dans l’opulence. Elle fut rapidement prise…et c’est le carnage…..avec même des scènes de cannibalisme Franj. Leur excuse : une terrible famine sévissant alors . Des atrocités transmises au fil du temps  et qui demeurent ancrées dans l’imaginaire sociétal et la culture des Arabes (et des musulmans d’Orient ou proches des Orientaux) d’aujourd’hui (les descendants des « Sarrasins »  d’antan) . Un fossé  «  que plusieurs siècles ne suffiront pas à combler ».

Invasion. Occupation.Riposte…..Heureusement ,vint Salaheddin qui proclame (1171) la déchéannce du califat fatimide. La reconquête commence. 1244 : Jerusalem est reprise.Mais, il a fallu attendre vendredi 17 juin 1291 pour que l’armée musulmane (avec l’armée mongole puis les mamelouks) reprenne  la ville d’Acre et chasse les Franj (prise à Salaheddin en 1191) qui évacuent précipitamment Saida, Beyrouth, Tyr et toutes les autres villes . Deux siècles de domination d’Etats francs en Orient. 1529 : Constantinople est prise. 1529, les cavaliers ottomans campent sous les murs de Vienne . Cela ne s’oublie pas. Aujourd’hui encore ! Il faut absolument ne pas rater l’Epilogue (p 279 à 283). Par pitié, faites un effort !

L’Auteur :. Né en 49 à Beyrouth, , issu d’une famille maronite du Liban ….avec une branche venant d’Istanbul . Parents enseignants francophones …. Père journaliste, poète et peintre, il avait donc de qui tenir. Son œuvre est habitée par la culture du nomadisme et du minoritaire : « Chrétien dans le monde arabe », « Arabe en Occident » .Ses premiers  pas en France, en exil forcé après la guerre civile de 75 au Liban, sont dans le journalisme (il fut red’chef à Jeune Afrique) . Première œuvre, en 83, l’ouvrage ci-dessus présenté. D’autres suivront avec la notoriété, des prix et une entrée à l’Académie française. Il a même écrit un livret d’opéra.

Avis : Quelle Histoire ! Quelles histoires ! Qui n’en finissent pas, d’ailleurs. En raison peut-être d’ « infirmités » objectives des Arabes « incapables de bâtir des institutions stables ». En raison surtout des tueries et  des massacres collectifs et aveugles d’un côté comme de l’autre. Hélas , pour l’humanité.

Extraits «  Dans la Syrie du XIè siècle, le jihad n’est qu’un slogan que brandissent les princes en difficulté. Pour qu’un émir accepte de secourir l’autre, il faut qu’il y trouve quelque intérêt personnel. Alors, seulement, il conçoit d’invoquer à son tour les grands principes » (p 37), «  Dans un monde musulman perpétuellement agressé, on ne peut empêcher l’émergence d’un sentiment de persécution, qui prend, chez certains fanatiques, la forme d’une dangereuse obsession » (p 283), «  La cassure entre ces deux mondes (Orient arabe et Occident) date des croisades, ressenties par les Arabes, aujourd’hui encore, comme un viol » (p 283)