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Essai M'Hamed Boukhobza - "Octobre 88.Evolution ou rupture?"

Date de création: 08-06-2020 17:01
Dernière mise à jour: 08-06-2020 17:01
Lu: 822 fois


 SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI M’HAMED BOUKHOBZA- « OCTOBRE 88.EVOLUTION OU RUPTURE ? »

Octobre 88.Evolution ou rupture ? Essai de M’hamed Boukhobza, Editions Bouchene, Alger 1991, 237 pages, ????dinars

 

L’événement ? Connu par les principales villes du pays, au cours de plusieurs  journées de la première semaine d’Octobre 88….avec, d’abord, une violence destructrice dirigée vers tout ce qui symbolisait le secteur et les institutions publics .Une attitude qui va constituer le point de départ de l’analyse socio- politique des émeutes, de leur fondement, de leur portée et des conséquences ultimes générées.

Trois axes principaux :

-Mettre à jour certains facteurs qui ont  historiquement structuré les rapports en l’Etat en tant que centre de pouvoir et la société ……avec une préférence : donner quelques repères sur le vécu des relations Etat-citoyen

-S’interroger sur le sens et la portée de la démocratisation de la vie politique dans un pays comme le nôtre. Avec cette réflexion : il semble que ce concept ne soit pas aussi neutre qu’on le pense, et n’importe quelle démocratie ne peut être instituée par une simple volonté n’importe où et n’importe quand.

-Porter la réflexion sur la problématique de l’Etat… « En situation de sous-développement, redoublé  par l’histoire particulière de notre pays, la construction d’un Etat fort devrait précéder une démocratisation de la vie politique à l’occidentale. Mais l’Etat est-il suffisamment puissant pour protéger cette démocratie née précipitamment à la suite des événements d’octobre ? »

Trois axes suivies de réflexions écrites entre novembre 88 et juillet 90 (donc bien avant que ne surgisse la vague verte puis rouge  qui allait compromettre et même détruire tout ce qui lui paraissait d’une autre couleur).

L’une d’entre elles assez prémonitoire : Certes les émeutes d’octobre (88)  auraient pu tourner à la révolution, c'est-à-dire à la rupture violente remettant en cause le système institutionnel en place….Certes, l’ouverture politique immédiate a évité cette révolution…..mais « la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si cette révolution n’a pas seulement été mise momentanément en veilleuse et qu’elle est inscrite dans la logique des réformes en cours » . Trois décennies après….2020……le hirak……il n’avait pas totalement tort.

Il avait en conclusion esquissé les (deux) cas de figure pouvant se présenter….soit l’exploitation des crises par des « élites »  qui les exploiteront  à des fins politiques (prise de pouvoir), ce qui aboutira à des turbulences…soit privilégier la nécessité du consensus social axé principalement vers la valorisation de toutes les potentialités en veilleuse dans la société  pour faire du pays  un Etat fort, respecté et de la société algérienne une collectivité développée et solidaire qui s’assume dans ses différences, dans ses aspirations et dans sa communauté de destin.

 

 

L’Auteur : « Le sociologue qui connaissait l’Algérie par cœur ». Né en 1941 à Brézina, dans la wilaya d’El Bayadh . Ingénieur en statistiques et économie appliquée, chercheur en sociologie économique (thèse sur « les transformations de la société algérienne traditionnelle » soutenue en avril 1976, à Paris V avec Pierre Bourdieu). Plusieurs fonctions supérieures au sein des institutions de l’Etat. Très longtemps à la tête du premier (et fameux) organisme national de recherche dans les domaines démographique, économique et social, l’Aardes (Association algérienne pour le développement de la recherche en sciences sociales) de 1967 à 1981. En  mars 1992, il est choisi par le président Mohamed Boudiaf pour siéger au sein du Conseil consultatif national. Le 16 mars 1993, Djilali Liabès, qui occupait alors le poste de directeur de l’INESG, est assassiné en bas de chez lui, à Kouba. Trois mois plus tard, M’hamed Boukhobza, qui lui avait succédé à la tête de cet institut, subira le même sort. Il sera assassiné par les terroristes islamistes le 22 juin 1993 à son domicile, au Télemly (Alger-Centre). Peu avant son assassinat, M’hamed Boukhobza travaillait sur un rapport rédigé par une commission d’experts qu’il présidait, et intitulé «Algérie 2005». 

Sommaire : Trois parties : La convergence des causes des événements d’octobre 88 / L’après octobre : la nouvelle constitution et ses impératifs/ La démocratisation en œuvre : éléments pour un débat

Extraits : «  Une brève rétrospective, que nous commençons à partir de l’époque coloniale, nous montre une société qui avance par sauts successifs après des années, parfois des décennies de somnolence apparente » (p 19), « Au plan de la perception sociale, l’Etat est rendu responsable de deux situations aussi graves l’une que l’autre. La première c’est d’avoir promis beaucoup par rapport à ce qu’il offre effectivement ;la seconde est d’avoir porté atteinte, voire facilité la remise en cause de l’échelle des valeurs qui constitue la base de la cohésion sociale » (p 51), « La question n’est pas de choisir entre la démocratie et la dictature mais quel type de démocratie compatible à un niveau de développement donné » (p 78)

Avis : Un ouvrage oublié ? Peut-être.  Une analyse dépassée ? Pas si sûr. Mais qu’il est conseillé de lire ou de relire pour mieux comprendre le présent.

 

Citations « Les institutions ont la sagesse de leur âge et les nôtres sont encore fragiles » (p 15), « La société développe la haine de l’Etat lorsque ceux qui l’incarnent perdent leur légitimité » (p 21), « Octobre a été le moment où tous les ingrédients se sont trouvés réunis pour mobiliser les tensions latentes et leur donner une expression violenté » (p64)