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Ouvrage Rachid Khettab- "Frères et compagnons.....(1954-1962)"

Date de création: 04-06-2020 17:39
Dernière mise à jour: 04-06-2020 17:39
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- OUVRAGE RACHID KHETTAB – « FRERES ET COMPAGNONS……. (1954-1962)»

Frères et compagnons. Dictionnaire biographique d’Algériens d’origine européenne et juive et la guerre de libération (1954-1962) . Ouvrage de Rachid Khettab (nouvelle édition revue et augmentée) . Dar KhettabBoudouaou 2016  (1ère édition , 2012), 396 pages+ 13 pages de photographies , 1 100 dinars.

« Je ne suis pas musulman, mais je suis algérien, d’origine européenne. Je considère l’Algérie comme ma patrie ». C’est là un court extrait de la lettre adressée à la presse et aux autorités françaises , en 1956, par Henri Maillot. Des phrases qui peuvent être mises dans la bouche de presque tous  les 250 personnes recensées (pour l’instant, car le travail de recherche n’est pas terminé) par l’auteur. 250 fiches biographiques, courtes ou longues, mais toutes , en dehors du côté plus qu’émouvant ressenti lors de la lecture,  montrent combien l’engagement  de centaines d’européens (car il ne faut pas oublier que tous ces militants de l’indépendance et de la paix, avaient aussi une famille qui, bien souvent ,s’est engagée avec eux et a souffert, parfois plus que bien des « indigènes » : emprisonnments, tortures, éloignement et dispersion de la famille, enfants séparés de leur père ou de leur mère , couples brisés.... ) .

L’inculture aidant, on a tendance, surtout dans l’Algérie des toutes nouvelles générations quasi-totalement déconnectées de l’Histoire vraie du pays, à oublier que l’Algérie des années 50 du siècle passé  (sous occupation française) était cosmopolite, composée essentiellement , certes, d’Algériens d’origine berbéro-arabe, de huit millions d’habitants, principalement de confession musulmane , d’une population chrétienne d’un peu plus de un million d’habitants et d’une population de confession juive, (environ 150 000 habitants) établie en Algérie bien avant la colonisation française et dont les racines pour la plupart d’entre-eux remontent à l’Antiquité , bien avant que les Romains n’occupent le pays.Le décret Crémieux de 1870 leur avait accordé la nationalité française, néanmoins ,ils restaient bien plus Algériens que les nouveaux colons.
Rien d’étonnant donc qu’aux côtés des « indigènes », et souvent bien avant le 1er Novembre 54 , on retrouve des chrétiens et des juifs s’engageant dans le soutien et /ou la lutte pour la liberté et l’indépendance. Certains sont devenus de véritables héros de la Révolution et reposent dans les carrés des matyrs. D’autres vivent encore dans leur pays d’origine (malgré bien des malentendus et/ou erreurs politiques en 62, puis en 65 et juste après , et les dérives islamistes des années 90), fiers d’avoir participé à la libération du pays...puis à sa reconstruction .Des rues et des places portent des noms de chouhada d’origine européenne et juive.....Mais, hélas , cela reste bien insuffisant...et ce livre vient combler un peu le  vide mémoriel sidéral que nous entretenons...par manque d’archives...et de culture historique ouverte sur le monde et l’universel .

L’Auteur :Sociologue de formation, diplômé d’universités (Montpellier et Paris) , après avoir exercé plusieurs métiers , il fonde sa maison d’édition en 2006.....et ce,  afin d’offrir au public des ouvrages de référence dans différents domaines.

Extrait : « La plupart de ceux qui ont apporté leur soutien à la lutte de libération nationale dans la minorité européenne ou juive sont restés en Algérie après l’indépendance entre 1962 et 1965...... Tous ont exprimé la fierté d’avoir été pour la libération de l’Algérie et d’être Algériens » (p 19)

 Avis :De la superbe recherche historique (celle d’inventaire)  . Des fiches biographiques.......Profonde  émotion à leur lecture. Avec des annexes (textes et photos) d’une grande intensité.

Citations :  «  L’idéologie colonialiste en Algérie reposait fondamentalement sur une stratification sociale et économique dont le critère était l’appartenace ethnique et religieuse » (p 10) , « La révolution algérienne n’a pas pour but de « jeter à la mer » les Algériens d’origine européenne , mais de détruire le joug colonial inhumain » (p 12, extrait de la Plateforme du Congrès de la Soummam) , «  Le temps est venu de choisir et de préférer à l’illusion des races la réalité d’un pays » ( p 368, Jean Sénac, Extrait de la « Lettre à un jeune Français d’Algérie », mars 1956),  «  Il est faux de dire qu’il y a deux communautés en Algérie. En réalité , il y a deux camps : celui du colonisé et celui du colonisateur. Colonisés et colonisateurs ne peuvent plus, à notre époque, cohabiter. C’est là tout le problème « ( p 390, Extrait d’une interview de Ferhat Abbas, 23 juillet 1957, in «  La Révolution Algérienne » de Charles-Henri Favrod)