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Recueil chroniques El Yazid Dib - "Algérie, une année près le soulèvement....."

Date de création: 31-05-2020 20:12
Dernière mise à jour: 31-05-2020 20:12
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECUEIL CHRONIQUES EL YAZID DIB- « ALGERIE, UNE ANNEE APRES LE SOULEVEMENT…. »

Algérie, une année après le Soulèvement d’un peuple ou la révolution d’une génération .Recueil de chroniques de El Yazid Bib (préface de Kamel Bouchama) .Dar El Houda, Ain M’lila 2020, 207 pages, 550 dinars

La chronique journalistique : un genre parmi beaucoup d’autres (il y en a , je crois, 27) .On a  plusieurs définitions du journaliste -chroniqueur. Toutes acceptables. Auxquelles il faudrait ajouter celle le décrivant comme un « combattant » de l’ombre et de papier qui, « chaque jour ou chaque semaine, dans un petit coin d’une page  » va, à partir d’un fait de société plus que d’un événement (ici, c’est l’affaire du commentateur comme Hammouche et Merad   ou du billettiste comme Abdiche et Saâd Bouakba),  avec son style bien particulier (on en a eu –on en a encore- de bien fameux chroniqueurs dont Said Mekbel (El Gatt), Sas, Kamel Daoud, Hakim Lâalam, ….) « descendre en flammes » (dans le sens noble des termes, et fournir une ou plusieurs opinions, car dans le but de « faire prendre conscience » sans imposer quoi que ce soit)   un mauvais comportement, une mauvaise analyse, une méthode  bancale, une vision catastrophique . Un journalisme moralisateur ? Peut-être ! En tout cas, toujours sincère et toujours direct , souvent allusif et parfois teinté d’humour….et autorisé, car capable, à inventer » de nouveaux mots !

C’est un peu, beaucoup même, ce que vise El Yazid Dib ? Le préfacier , d’emblée, l’a bien décrit : « Il veut à travers ses écrits, raconter son combat pour l’authenticité, la droiture, l’honnêteté, la sincérité, les principes et les valeurs de la République….en somme, pour un Etat de droit… »

Ce recueil de chroniques, ses plus récentes, englobe une période cruciale et malheureuse , mais porteuse d’espoirs ,  de la vie politique du pays : juste avant le « Hirak », à partir du  2 janvier 2018 « Les « hommes » du Président ») …. Puis la période  du hirak lui-même et de ses conséquences sur la gouvernance du pays….et ce jusqu’au 16 janvier 2020 …..Puis , l’élection de Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême…..avec une phrase finale qui en dit long : « Comme toujours, gardons l’œil et au doigt l’espoir et la vigilance ! ». Presque personne n’échappe à la moulinette des mots et des phrases. Bref, de magistrales « haltes » ou positions …. «  qui peuvent faire office de guide bonne conduite » . Encore faut-il que les cancres de la politique (d’un côté comme de l’autre  je précise car il ne faut en faire accroire que seul celui qui se révolte n’a pas tort) l’entendent de la bonne oreille et acceptent d’aller au dialogue…pacifiquement, sans malice et en toute démocratie ? 

Cinquante trois chroniques, toutes aussi bonnes les unes que les autres mais, il  est évident que certaines méritent une attention toute particulière car elles arrivent à résumer toutes les situations et leurs conséquences. Ainsi, celle consacrée à « la rupture » ( p 45 à 50, 1er mars 2019) résumée ainsi : « La rupture est dans le refus et la disparition de ceux qui l’utilisent (le refus du  5ème mandat et la disparition de Bouteflika) , de ceux de la classe politique corrompue et corruptrice ».

Une autre pour la route : celle qui dresse le « portrait » à des candidats à l’élection présidentielle  du 12 décembre 2019. Cinq ? non. Car il y a un sixième :…..le peuple. Certes il n’est pas candidat mais, « c’est lui qui justifie l’existence et la survie » des cinq autres.

 

 

L’Auteur : Journaliste-chroniqueur (« Le Quotidien d’Oran »….depuis 2001) et déjà  auteur de plusieurs ouvrages (7)…dont deux  de poésie ( «  Les lamentations d’un gâpain » en 2001 et « Cendres et fumée » en 2003) et un autre de nouvelles(« Le quai des incertitudes », en  2013) et le reste des recueils de ses chroniques (2011, 2012 avec une préface de Yasmina Khadra, et 2016 en deux tomes).

 Sommaire :Préface/ Le prélude et l’agonie (12 chroniques)/Le Hirak, l’entame (11)/ L’estocade ( 10)/ Cris , chants , soucis (9)/ L’entêtement (9)/ L’essoufflement (8)/ Le défi et l’incertitude (4).

Extraits : « La révolte d’un jour est l’expression d’une longue accumulation » (p 43, Chronique du 24 février 2019), « Voir des dirigeants dépassant la limite légale de la retraite, parfois impotents n’est pas de nature à créer de l’espoir dans la réserve juvénile que recèle la république » (p 47, Chronique du 1er mars 2019), « Sellal faisait rire, Ouyahia faisait braire, Bedoui se fait peur » (p 64, Chronique du 16 mars 2019), « Dans le temps , dans les années de braises, un gouvernement à la veille de sa constitution faisait peur quand il ne suscitait pas du respect, aujourd’hui, il fait rire, même pleurer » ( p 78)

Avis :L’expérience de l’écriture, la maîtrise du langage, le regard du journaliste , l’approche du chroniqueur....et la sagesse du temps.

Citations : « La violence silencieuse et gangrénante est plus dangereuse dans le long terme que celle exercée au grand jour » (p 18.Chronique du 14 janvier 2019), « Quand l’impudence maquille les tares, le zèle ne suffit plus à rendre l’incompétence , compétence » (p 41, Chronique du 22 février 2029), « C’est dans les stades que les embryons du hirak ont germé .C’est dans ces arènes algériennes que les plus prestigieux hymnes de la liberté ont été confectionnés. Un nouveau langage de jeunes y était né sans pour autant que les parrains du pays n’en savaient son déchiffrement….On les a toujours pris pour des « chahuts de gamins »   (p 101, Chronique du 10 juin 2020), « Il n’y a pas que la loi qui forme le Droit. La sagesse, le bon sens sont aussi des sources intarissables d’un certain Droit qui n’est pas forcément express » (p 165, Chronique du 7 novembre 2019)