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Etudes Ahmed Bedjaoui et Michel Serceau - "Littérature et cinémas arabes"

Date de création: 31-05-2020 19:56
Dernière mise à jour: 31-05-2020 19:56
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CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDES AHMED BEDJAOUI ET MICHEL SERCEAU – « LITTERATURE ET CINEMAS ARABES »

Littérature et cinémas arabes. Etudes, sous la direction de Ahmed Bedjaoui et Michel Serceau (préface de Azzedine Mihoubi, ministre algérien de la Culture) . Chihab  Editions, Alger 2016. 148 pages en français et 95 en arabe , 1 100 dinars.

Selon les chercheurs ( Gilles Lipovetsky,2007)  , il y a quatre  moments clés de l’histoire du cinéma dans le  monde arabe :

Celui de la « modernité primitive » , moment de l’irruption du cinématopgraphe dans l’espace public (première projection Lumière à Alexandrie le 5 novembre 1896).

Celui de la « modernité classique » des années 30-50 qualifiées d’âge d’or des studios quand les normes du récit classique vont se forger en modèle (création des studios « Misr ») : cinéma narratif

Celui du « modernisme émancipateur »  qui va des années 60 aux années 90, avec un air de liberté  et de révolte brisant normes et traditions cinématographiques . « Années de braise » et  montée d’un champ cinématographique arabe multipolaire

Celui de l’époque actuelle de « l’hypermoderne » ....ère de globalisation où les traits de la postmodernité sont encore en gestation dans le cinéma arabe.

Il reste cependant encore difficile d’avoir une vue sinon objective , au moins correcte de la situation, l’expresion « cinéma arabe » déclenchant encore des débats. Certains associant l’arabité à l’idée identité-racine, d’un espace –langue, d’autres refusant cette territorialisation... « Le cinéma arabe ne se fait pas « uniquement et nécessairement  » dans le monde arabe » (Khemaïs Khayati, 1996) . Notons au passage que le Dubai International Film Festival (Diff)  s’étant adressé , en 2013, à 475 professionnels des milieux de la culture pour demander un classement des 100 meilleurs films arabes depuis 1930 jusqu’aux années 2010, le cinéma maghrébin d’origine littéraire francophone a été absent des listes retenues. C’est tout dire .....de l’ignorance et d’un  certain mépris  à l’endroit du Maghreb...tout particulièrement la littérature  d’expression francophone.

Heureusement, Ahmed Bedjaoui a tenté de rétablir un peu la vérité en présentant deux magnifiques  portraits de Assia Djebar et de Mouloud Mammeri dont les œuvres onté té portées (par eux et/ou avec eux ) à l’écran : «  La Nouba des femmes du mont Chenoua  » (Prix de la critique au Festival de Venise en 1979)  , « La Zerda ou les Chants de l’Oubli », « L’Opium et le Bâton « ( avec Ahmed Rachedi, 1969-1971) , « La Colline oubliée » (A. Bouguermouh, 1997)

Notons que A. Bedjaoui a recensé , de 1961 à 2016,  près de  90 films algériens ou coproduits tirés, adaptés ou inspirés d’oeuvres littéraires...et, au Maghreb, c’est en Algérie que l’on trouve le plus grand nombre d’oeuvres littéraires portées à l’écran, mais aussi d’auteurs attirés par l’écriture de scénarios (Boudjedra, Dib, Mammeri, Djebar, Khadra, Charef, Mihoubi, Ouettar , Saadi...)

Les Auteurs : Salma Mobarak, Abdelkrim Gabous, Moulay Driss Jaïdi, Walid El Khachab....Lamy Tiari, Hassen Najeh, Allel Mohamed .Ahmed Bedjaoui, docteur en littérature américaine et enseignant universitaire en journalisme,  est directeur artistique du film engagé d’Alger. Il est l’auteur de deux ouvrages sur le cinéma algérien (Chihab) et , en 2015, l’Unesco lui a attribué la médaille Frédérico Fellini. Michel Serceau , docteur d’Etat  a publié de nombreux articles sur le cinéma et a publié un ouvrage (Presses universitaires du Septentrion, 2014) sur « l’adaptation cinématographique des textes littéraires... »

Extraits: « Les relations entre cinéastes et romanciers marocains sont restées assez ambiguës et entachées de défiance. Les premiers préfèrent se fier à leur instinct créatif en matière d’écriture scénaristique ; les autres se confinent dans une écriture pour la plupart du temps jugée opaque et non visuelle » ( Moulay Driss Jaidi, p 59) , «  Hormis le cinéma égyptien où le nombre de romans et de pièces européens adaptés en arabe a été pendant plusieurs décennies dominant, (....), les cinémas arabes n’ont fait qu’exceptionnellement des emprunts aux littératures occidentales. Les cinémas du Machrek n’en ont pour ainsi dire pas fait , les cinémas du Maghreb guère plus «  (p 87) , « Les littératures occidentales du XXè siècle ont été ignorées par les pays du Machrek. Les adaptations des œuvres des littératures occidentales se comptent aussi sur les doigts d’une main dans les cinémas du Maghreb. Mais elles sont, dans le contexte de la décolonisation, chargées des sens »  (p 87), « Les plus grandes œuvres qui ont représenté des tournants dans l’histoire du nouveau cinéma arabe ont mis en évidence l’autonomie du cinéma par rapport à la littérature. Ainsi faudrait-il reconnaître que ce nouveau cinéma s’est développé loin des sources littéraires » (p 119)

Avis :Des écrits de spécialistes qui nous aident à mieux comprendre les raisons des succès et des échecs du cinéma « arabe »

 Citations : « Le cinéma , c’est l’ombre de l’histoire, mais aussi dans lequel se reflète l’image de l’homme, où qu’il se trouve «  (Azzedine Mihoubi, préface, p 11)