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Essai Liès Boukra- "Le Djihadisme..."

Date de création: 30-05-2020 19:16
Dernière mise à jour: 30-05-2020 19:16
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI LIES BOUKRA- « LE DJIHADISME… »

Le Djihadisme. L’Islam à l’épreuve de l’Histoire. Essai de Liess Boukra, Editions Apic,  457 pages , 900 dinars.

Le djihadisme est survenu, selon l’auteur, le 6 octobre 1981 avec l’assassinat du Président égyptien Anouar El-Sadat, par un commando se revendiquant du groupe « Djihad »...Il s‘intensifie au Moyen-Orient et entame , en Algérie , sa formation, en 1982, avec la formation d’un Mouvement islamique armé, Mia, qui passe à l’acte le 17 novembre de la même année (attaque d’un barrage de Gendarmerie à Ben Aknoun/Alger) .  Au même moment, un djihad défensif, celui-ci, ....une résistance à l’invasion soviétique (1979) ,  se déroule en Afghanistan avec le soutien massif de l’Arabie saoudite, du Pakistan et des Etats-unis d’Amérique. Une nébuleuse arabe , contaminée par le germe djihadiste d’extraction égyptienne  se développe et consolide ses rangs ....et le djihad afghan est assez vite phagocyté par le djihadisme...qui, en quelque sorte,  récupère la mise .Là est , peut-être, le grand tournant :  Contrairement au mythe entretenu, la nébuleuse ne concourt en rien à la débâcle de l ’Armée rouge (1989) , mais elle en réclame la paternité au détriment des moudjahidine afghans. Elle déprécie ainsi leur djihad territorial pour promouvoir un djihad déterritorialisé. C’est à s’y perdre !

En universitaire soucieux de rigueur scientifique, l’auteur après avoir  défini (plutôt aidé à cerner) le concept de djihadisme) , énonce deux hypothèses (à vérifier) qui vont lui permettre  de suivre un cheminement éclairé pour une analyse concrète : L’islamisme ,manifestation moderne du « blocage théologique » ; l’islamisme et sa dérive violente qu’est le djihadisme, expression d’un engagement politique. Deux hypothèses qui posent auant de questions qu’elles n’en résolvent.  Par la suite , trois niveaux d’analyse :

-L’exploration du trajet menant de l’islam à l’islamisme (la relation entre islam et politique, définitions et repères historiques (lieu et moment de la lecture islamiste de la Lettre : énoncés coraniques et Tradition ......)

-L’analyse de l’itinéraire conduisant de l’islamisme au djihadisme (comment se fait le passage à l’acte...)

-La mondialisation du djihadisme ou l’étude de la Qaida et de  sa conversion en acteur géopolitique (les causes, les conséquences, la transnationalisation du djihad..)

La conclusion est claire et sans détours : L’Islam a besoin d’une « mise à jour » qui l’ancre dans le site mental de notre temps et l’ouvre au débat et la controverse fructueuse afin qu’il rédécouvre la diversité et reconnaisse l’altérité....Misssion impossible ? Car,  cette « mise à jour » n’est pas une exigence récente. Déjà , dans les premiers siècles de l’islam , des penseurs (théologiens et philosophes ) se sont échinés à relire la lettre à la lumière de la raison, pour en tirer une synthèse de compromis ; celle d’une foi raisonnable et d’une raison pieuse....et, de plus (surtout), la question (de la « mise à jour » ) n’est pas , en réalité, une question religieuse , encore moins philosophique ; elle est  fondamentalement politique....Tout le problème est là. 

L’Auteur : Sociologue, enseignant universitaire , il a publié plusieurs ouvrages sur les problématiques de la sociologie de notre société . Sur le terrorisme, déjà deux ouvrages , l’un en 2002 (Editions Favre, Lausanne : « Algérie : La terreur sacrée ») et l’autre en 2006 (Editions Chihab, Alger : « Le terrorisme (Définition, histoire, idéologie et passage à l’acte ») . A été longtemps directeur de l’Institut de sondage du Groupe Anep. Actuellement,  directeur de Institut National d’Etudes et de Stratégie globale ( Inesg), organisme d’études, de recherche et de prospective dépendant de la Présidence de la République

 Extraits : « Le djihadisme n’est pas le djihad. Ce dernier renvoie à la mobilisation guerrière de la communauté islamique soit à des fins défensives, soit en vue d’islamiser de nouveaux territoires........Quant au djihadisme, il s’agit d’un mouvement armé qui, se prévalenat d’une idéologie politique d’extraction religieuse, vise à abattre les régimes au pouvoir dans leur propre espace islamique » (p 7), « Le djihadisme est l’expression d’un extrêmisme religieux et cette prédisposition est immanente à toutes les religions « (p 8), La montée en puissance de l’islamisme, dans les années 1970-1980, est, pour une partie et par beaucoup de ses aspects, le fruit de la connivence entre le « cow-boy américain » et les « Ikhwan » wahabites » (p 256).

 Avis : Ouvrage de base pour comprendre le djihadisme...expliqué presque de l’intérieur. Pas trop accessible au commun des lecteurs. Dommage ! Il faudrait , peut-être, qu’ au niveau des éditeurs (et des auteurs) , on pense sérieusement à publier , juste après ou parallèlement du livre de base ,   pour l’ ouvrage de haut niveau, des sortes de « Que sais-je ? » ...en français et en arabe...et en tamazight

 Citations : « L’islamisme est la matrice idéologique du djihadisme. Toutefois, si tout djihadiste est un islamiste, tout islamiste n’est pas forcément un djihadiste.......Tout islamiste est un salafiste, mais tout salafiste n’est nécessairement pas un islamiste » (p 24), « Dans sa réalité, l’histoire est le procès de production des hommes par eux-mêmes » (p 35), «  L’islam est une religion, une spiritualité et un culte ;le salafisme est une idéologie, une manipulation politique, qui s’est indûment appropriée le message coranique, altérant son souffle humaniste, pervertissant son impulsion pacifique... » (p 107), « Les Etats arabes ne sont que très peu raccordés aux sociétés, qu’ils phagocytent à des fins de neutralisation, tandis que celles-ci ne sont que très peu intégrées au champ politique » ( p 431),  « Dans nos contrées, contre l’oppression , ne parviennent à s’opposer efficacement que des idéologies oppressives «  (p 440), « Ce n’est pas la Lettre qu’il faut contraindre , pour s’autoriser d’une interprétation nouvelle, mais les « pères » qu’il faut obliger à la retraite. Le monde islamique a plus besoin d’un parricide que d’un aggiornamento. Le prescripteur de la lettre, qui ouvre une artère aux salafistes, qui ne veulent retenir de son sens , que ce qui appelle au djihad, n’est pas l’islam en soi, mais les « princes » , qui ont en fait la couche de leur conservatisme et l’ombre gardienne de leurs appétences hégémonqiues » (p 440)