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Essai Ahmed Bensaada - "Kamel Daoud: Cologne...."

Date de création: 30-05-2020 19:11
Dernière mise à jour: 30-05-2020 19:11
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CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI AHMED BENSAADA- « KAMEL DAOUD : COLOGNE…. »

Kamel Daoud : Cologne, contre-enquête. Essai de Ahmed Bensaada (préface de Jacques –Marie Bourget) , Editions Frantz Fanon, Tizi-Ouzou,  2016, 133  pages, 600 dinars

Un auteur qui, à force de vouloir descendre en flammes la « mimétisation » intellectuelle s’est très vite retrouvé enfermé dans une « memmitisation » excessive . Il est vrai que dès sa (courte ) introduction, il annonce la couleur en citant l’ « œuvre majeure » d’Albert Memmi qui, en 1957 , dans « Portrait du colonisé »  (dont plusieurs plusieurs fragments ont été publiés dès 1953) , avait décrit, « avec une remarquable clairvoyance » , les caractéristiques du « colonisé ».

Certes , Memmi avait prédit une « mort jeune » à la littérature colonisée (sic !) de langue européenne ......et , c’est ce qui était d’ailleurs arrivé à un Malek Haddad qui, encore jeune et  flamboyant mais tellement « culpabilisé » par les discours « gauchistes » et  « nationalistes »  de l’époque, avait abandonné l’écriture, se réfugiant dans les pages culturelles d’un journal régional......et bien d’autres (dont Rachid Boudjedra) avaient été contraints à l’exil . Cela ne s’est d’ailleurs pas arrêté (et ne s’est pas limité à la seule littérature) , et bien de nos grands créatifs et/ou autres essayistes n’ont « pondu » leurs plus belles œuvres qu’en allant nicher ailleurs (Lakhous, W.Laaredj, A.Mosteghanemi, Dib, Kateb, A.Djebbar, M.Arkoun,B.Sansal, Y.Khadra,......). ....Memmi avait donc raison. Mais, ses « héritiers »   vont encore plus loin ,estimant (et tentant de démontrer en démontant des œuvres contemporaines)  que « des décennies après la décolonisation des pays du Sud, une autre colonisation , intellectuelle, celle-là, allait non seulement survivre mais prospérer » .

La nouvelle cible est très vite trouvée. Kamel Daoud !  Une cible tout d’abord visée par les islamistes en acte ou en puissance ( les « nationalistes » sourcilleux se limitant à des observations amicales bien qu’ «  op-pressantes » ) que les chroniques de presse et propos du journaliste -écrivain , toujours « réalistes » , dérangeaient . Puis vint la fameuse émission avec Ruquier et la « fatwa » déguisée de Hamadache.  Ensuite, les évènements de Cologne !

L’occasion est belle : de ce fait, Kamel Daoud (qui fait partie du « titre », certainement pour bien « accrocher », ce qui normal en marketing ) est mis à toutes les sauces de la « néo-colonisation » :  Kamel Daoud (« romancier depuis peu »)  le néo-colonisé , Kamel Daoud et les violeurs de Cologne (voir Ps) , Kamel Daoud et la langue arabe, Kamel Daoud et la Palestine, Kamel Daoud et les fatwas, Kamel Daoud et ses défenseurs (on y retrouve D. Benhabib, N. Polony, B Henri Lévy, A.Finkielkraut, P. Assouline, M. Valls, le Crif, M. Onfray, P. Bruckner, ..... « un puissant lobby omniprésent dans les médias mainstream (ndlr : « dominants »/ « majoritaires ») et dont les membres « omniscients » sont capables de démontrer une chose et son inverse »)

N’oublions pas la sentence très « directe » pour ne pas dire brutale   du préfacier (un journaliste du site Mondafrique – appartenant à  Nicolas Beau- , un  ancien de  l’Ortf, la Nrf, l’Aurore, Le Canard Enchaîné, Vsd, Paris Match, Bakchich.......ayant couvert plusieurs guerres , blessé gravement – handicap de 42%- à Ramallah par l’armée israélienne en octobre 2000.....qui n’a jamais reconnu la      bavure , donc pas d’indemnisation malgré un procès ) .... qui, s’en prenant au « journaliste  à la plume alerte », « un « renfort basané » dans la « croisade du choc des civilisations »,   trouve qu’ « il est donc dit que la France vivra désormais sous les dictats d’Eric Zemmour, l’Algérie sous ceux de Kamel Daoud ».Une sentence sentant fort le........ « néo-impérialisme » culturel !

 

L’Auteur : Titulaire d’un doctorat en physique de l’université de Montréal obtenu au Canada et y vivant , il fut, tour à tour, enseignant, chercheur et conseiller pédagogique. Déjà auteur d’un premier essai : « Enquête sur le rôle des Etats-Unis dans les révoltes arabes » . Il avait quitté l’Algérie, au début des années 90 , suite à l’assassinat,  par les islamistes terroristes, de son frère, Hocine

Extraits : « Il est clair que le rôle d’un intellectuel engagé est d’observer sa société, d’en déceler les défauts, de les critiquer objectivement et d’apporter ne serait-ce qu’une ébauche de solution à ses problèmes. Mais où se trouve la frontière entre la critique constructive et l’injure calomieuse , entre l’impertinence intellectuelle et l’offense dégradante ? » (p 57)

Avis :Une explication de textes basique à partir d’une grille d’analyse datant du début des années 70...Des pages et des pages de « critiques », pas seulement de Kamel Daoud mais aussi  de Djamila Benhabib et  de Sansal qui y sont écorchés au passage. Objectives , les critiques ? Chacun verra « midi à sa porte », car chacun est libre, n’est-ce pas ? Il faut seulement l’admettre.....pour comprendre....et ne pas s’enfermer dans la « thèse du complot » et du dogme  . Hélas, notre  élite intellectuelle , la plus politisée,  reste encore empêtrée dans trop de certitudes et d’engagements « dé-passés ».....allant jusqu’aux mauvais procès.

Citation : « A son stade ultime de « mue idéologique », le stade le plus achevé, l’écrivain néocolonisé adopte le comportement et le discours du « colonisateur » qu’il s’est approprié par « mimétisation » (p 23)