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Enquête Pierre Daum- "Le dernier tabou des harkis restés en Algérie...."

Date de création: 30-05-2020 19:05
Dernière mise à jour: 30-05-2020 19:05
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ENQUETE PIERRE DAUM- « LE DERNIER TABOU DES HARKIS RESTÉS EN ALGERIE….. »

Le dernier tabou des Harkis restés en Algérie après l’Indépendance.   Enquête de Pierre Daum. Koukou Editions, Alger    2016,  535  pages, 1 200 dinars.

« En 2015, Pierre Daum publie une nouvelle enquête, Le Dernier Tabou, les « harkis » restés en Algérie après l’indépendance. Il y révèle que « la majorité des harkis, bien qu’ayant traversé une période effroyable après guerre, n’ont pas été victimes de massacres et ont continué, non sans difficultés évidemment, leur vie en Algérie[] ». Ce livre est le résultat d’une longue enquête en Algérie, au cours de laquelle le journaliste a rencontré quarante-trois anciens supplétifs algériens de l’armée française (ceux qu’on appelle communément en France les harkis), mais aussi des anciens appelés et engagés algériens restés dans leur pays après l’indépendanc[e]. L’historien François-Xavier Hautreux salue « la grande qualité de cet ouvrage, qui permet de faire entendre ces voix si longtemps tues».

À sa sortie, le livre est attaqué par certaines associations françaises de harkis et d’enfants de harkis [, ,  qui l’accusent notamment de « négationnisme des massacres [de harkis] de 1962 ». En octobre 2015, Pierre Daum est déprogrammé du Salon du livre de Mouans-Sartoux, dans les Alpes Maritimes, ville qui a accueilli un camp de harkis en 1962. Une conférence de Pierre Daum prévue à Toulon en novembre 2015 est également annulée.

En Algérie, l’ouvrage est qualifié de « livre-enquête » par la presse . En 2015, des extraits du livre, traduits en arabe et comportant certains passages falsifiés, sont publiés sans autorisation par le journal arabophone El Hayat. La sortie du livre à Alger, initialement prévue en octobre 2015, est brusquement annulée par l’éditeur algérien (ndlr : Sedia) . Finalement, le livre est publié en mai 2016 chez Koukou Éditions » (Extrait de Wikipédia).

Harki ? un mot encore difficile à manier .....signifiant « rapatrié » en France et pour beaucoup de français,  et « traître » en Algérie et pour la quasi-totalité des Algériens. Un mot « essentialisé » qui parle, depuis plus de cinquante ans,  du présent au passé. En Algérie, il  est devenu un terme générique , parfois très éloigné du sens originel, mais toujours chargé de haine et de violence , et  souvent utilisé dans les discussions normales ..même dans les cours des écoles...comme le mot « goumi »

Pour son enquêtre, l’auteur dit avoir parcouru 20 000 km, visité une soixantaine de villages de plsuieurs régions d’Algérie et mené plusieurs mois d’enquête.Il a rencontré soixante anciens harkis....Trente-huit témoignages  retenus,  complétés par cinq  de harkis présents en Algérie pendant plusieurs années après l’indépendance , avant de s’exiler en France. Aucun n’a parlé de « tueries collectives » et de « massacres » (thèse abondamment et volontairement propagée depuis 1962 par la droite et l’extrême –droire revancharde qui avance continuellement le chiffre de 150 000 harkis tués) .  Tout juste des « meurtres », des « exécutions » et des « assassinats »....surtout par des « marsiens » (« résistants de la vingt-cinquième heure »). Les Français, après la Libération, en 45, ont fait bien pire ! Le fait même que les « collabos »  (aux motivations complexes dont l’extrême misère , si l’on compare aux collabos français ayant fait, la plupart , en 1940, le choix du fascisme) sont, dans leur écrasante majorité , restés en Algérie (sur au moins 450 000 hommes, seuls 30 000 au maximum sont partis en France....Il en est donc resté 420 000) , certains ou beaucoup (qui sait ?) occupant des postes –clés , montre bien que les Algériens,  les politiciens y compris, malgré leurs « colères » et leur vocabulaire , sont bien plus tolérants et moins rancuniers que tous les autres. Révolutionnaires mais pas fascistes !

Deux grandes parties distinctes :  D’abord, le cadre historique dans lequel s’inscrivent les parcours de tous ces « harkis » et de leurs familles restés dans leur pays après 1962. Pas de grandes révélations mais seulement des réposnes à diverses questions. Ensuite, l’enquête et le témoignage.

 

 L’Auteur : D’abord enseignant, installé en Autriche en 1994, il devient correspondant de Libération en Autriche et  il effectue régulièrement de grands reportages pour le Monde diplomatique depuis 1996, parallèlement à des travaux de recherche sur le passé colonial de la France. C’est un anticolonial convaincu. Première enquête historique sur « Les Immigrés de force . Les travailleurs indochinois en France » avec une préface de Gilles Manceron  : un film en est tiré et le livre est traduit en vietnamien. 2012, second livre sur  « Les Pieds Noirs restés en Algérie » avec une préface de Benjamin Stora.

Extraits : «  Chez les adultes, le terme (« harki », « goumi ») est volontiers employé lorsqu’on veut insulter un responsable politique , ou plus généralement un puissant du régime, que l’on considère comme travaillant pour ses propres intérêts ou pour ceux de « l’étranger », au détriment de ceux de l’Algérie » (p 15), « Si les historiens savent, sans s’étendre sur le sujet, que de nombreux « harkis » sont effectivement resté en Algérie sans être tués, les Français continuent à l’ignorer largement » ( p22), « La guerre ne sera finie que lorsque les « harkis » cesseront d’être instrumentalisés comme les éternelles victimes par les uns, et rejetés comme les éternels coupables par les autres » ( 516)

Avis : Un sujet socialement dépassé (surtout pour les nouvelles générations)  , historiquement incontournable (pour remettre les choses à leur vraie place) , et psychologiquement dépassionné (avec le temps !....sauf lorsque des  « déserteurs » notoires en font trop ,publiquement, pour revenir sur la  scène politique nationale !)

 Citations : « Une archive écrite ne correspond pas forcément à l’exacte vérité. Un officier du renseignement peut s’être trompé en rédigeant une fiche ou un rapport, avoir été mal informé, avoir mal compris, voire avoir voulu déformer la vérité ( p 15), « L’affirmation péremptoire de « vérités » dépourvues de tout fondement –constitue en Algérie un des grands obstacles à la connaissance historique » (p 16), « Après 132 ans de colonisation qui ont placé l’ensemble du peuple algérien dans une infinité de rapports de compromissions avec l’oppresseur français, la figure du harki permet d’extirper de soi sa part d’éventuelle culpabilité . Le harki, c’est l’autre ! Aujourd’hui, dans un contexte de sacralisation de la Révolution, dénoncer les harkis, souvent dans une surenchère de haine et de mépris, permet a contrario de s’affirmer comme un grand patriote » (p 30).