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Récit historique Tahar Oussedik - "L'la Fat'ma N'Soumeur"

Date de création: 20-05-2020 10:50
Dernière mise à jour: 20-05-2020 10:50
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RÉCIT HISTORIQUE TAHAR OUSSEDIK- « L’LA FAT’MA N’SOUMEUR»

L’LA FAT’MA N’SOUMEUR. Récit historique de Tahar Oussedik. Enag Editions, Alger 2005, 93 pages, 180 dinars

 

Aujourd’hui encore son nom résonne ,pas seulement en Kabylie mais à travers toute l’Algérie….aux côtés d’autres héroïnes….Kahina, Djamila….

Au départ, c’est une jeune femme d’une quinzaine  d’années, Sid Ahmed Fatma, belle mais déjà totalement rebelle. D’abord refusant de se plier à certaines coutumes et traditions locales…comme le mariage imposé, puis investissant le domaine réservé aux hommes….la guerre. Il est vrai qu’ayant des dons de voyance, elle était crainte mais très respectée.

Native du village de Soumeur, une agglomération d’importance moyenne et semblable à toutes les autres du Djurdjura, Sid Ahmed Fatma, née à Ouerja (versant ouest de Tizi l’Djamaâ), aux environs de 1830,  fille d’un Sage (affilié à l’école coranique de la confrérie de Sidi Abderrahmane Bou Kobrine) a vécu au sein d’une famille nombreuse : cinq garçons et trois filles. D’une grande beauté , de taille moyenne, forte, un corps robuste et une démarche souple, des cheveux souples et couleur des blés, de grands  yeux   bleus…. très courtisée mais refusant toutes les demandes en mariage….Reléguée au rang de « révoltée », astreinte à vivre enfermée….elle accepta ,par la suite, comme époux, un cousin….mais le mariage ne fut jamais consommé….d’où un retour au domicile parental….sans que le divorce ne soit prononcé, l’époux contrit l’ayant  refusé. C’est pour cela qu’elle ne put jamais se  remarier.

Par la suite, tout cela fera  d’elle un véritable leader dans la résistance populaire à la colonisation qui,  menée par une armée bien outillée en hommes et en armes, était décidée , à partir de 1852, à envahir et à conquérir le Djurdjura et la Grande Kabylie. Elle venait d’avoir une vision annonçant l’invasion. Il fallait donc se préparer à la résistance : « Ils avancent, résolus à nous réduire en esclavage….Nous devons , pour nos biens, pour nos champs, pour nos foyers et notre bonheur, consentir le sacrifice suprême » . Par une mobilisation générale de toutes les énergies et toutes les armes.

Une lutte qui allait durer  cinq  ans, avec des victoires (dont celle , le 20 juillet 1854 , à Tachekirt contre le général Massait, qui dura deux jours  et qui enregistra 25 officiers et 800 soldats français tués) mais aussi des échecs (dont celui du 25 mai 1857, face à un Randon enragé et revanchard , du côté de Larbaâ n’ath Yirathen/Icheridhen. 400 morts et 800 blessés du côté français). 

 Elle ne fut « capturée » - comme presque toujours grâce à la lâcheté et à la trahison d’un « harki »  de l’époque  - que  plusieurs années plus tard, en 1857  :  27 ans d’âge, toujours aussi belle, fière et altière. De quoi intimider son « vainqueur » de l’heure , le Maréchal Randon…qui la dénomma « La Jeanne d’Arc du Djurdjura ».

Conduite à Béni Slimane , près de Tablat, emprisonnée dans une zaouïa , avec ses frères et amis… se consacrant au culte et à la méditation, tombée gravement malade en 1862, minée par le chagrin de voir l’Algérie occupée , elle décéda en septembre 1863 , …..à trente trois ans à peine.

Mais elle avait semé la graine de la révolte….et son nom résonne encore dans nos oreilles…..comme il a longtemps résonné dans les oreilles de ses descendants dont ceux de Novembre 54.

L’Auteur Voir plus haut

Sommaire : Lla Fat’ma  n’Soumeur : origines/ Pénétration française en Algérie et poussée vers l’Est/ A l’assaut du Djurdjura/ Bataille de Tachekirt/Conclusion

Extraits « L’existence d’un sauvage est parfois plus enviable que celle d’un civilisé, car vivant dans la forêt , au sein de la nature, ses besoins sont réduits et ne dispose que du strict nécessaire pour survivre. Il ne peut faire naître la moindre convoitise, car il n’a rien à défendre contre ses semblables qui sont dans la même situation que lui » (p 30), «  La tâche du soldat colonialiste est fort aisée à remplir car l’homme est préparé en vue de jouer un rôle de robot. Il exécute mécaniquement tous les ordres qui lui sont donnés sans chercher à apprécier leur valeur morale. On lui a appris que « la discipline faisait la force principale des armées »,  il importe qu’il observe « une obéissance passive et de tous les instants ».Il ne lui est laissé ni même réservé aucune possibilité pour réfléchir, raisonner et juger » (p 72)

Avis Ecrit très simplement mais très clairement, allant à l’essentiel, avec le style nationaliste et patriotique si propre à l'auteur .  Un autre sujet de film long métrage. D’ailleurs, on a l’impression que ‘Ammi Tahar avait déjà une idée derrière la tête :le récit a le rythme d’un film et l’articulation d’un scénario. Et, par la suite, très certainement , ceux qui ont écrit pour le  feuilleton historique sur l’héroïne l’ont parcouru.  En attendant l’arrivée de l’anglais, à  lire et, surtout, à faire lire aux enfants….car écrit, en plus, en bon et excellent français

Citation« La liberté est une fleur rare que tous les peuples recherchent mais qui ne s’épanouit que parmi ceux qui consentent à l’arroser avec du sang » (p 6) .