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Pétrole Hassi Messaoud - Coût de revient

Date de création: 01-05-2020 10:50
Dernière mise à jour: 01-05-2020 10:50
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ENERGIE- ETUDES ET ANALYSES- PETROLE HASSI MESSAOUD- COÛT DE REVIENT

 

Le coût de revient du pétrole de Hassi Messaoud est l'un des plus chers au monde

© par Abdou Benachenhou*/Le Quotidien d’Oran, jeudi v30 avril 2020

http://www.lequotidien-oran.com/files/spacer.gifIl faut se rappeler de la loi 86-14 de 1986 axée sur le partage de la production, initiée par Sid'Ahmed Ghozali premier ministre de l'époque, mettant en concurrence les sociétés étrangères de pétrole possédant les expériences et        les technologies avérées pour le partage de production avec SH en mettant en valeur un panier de gisements de pétrole déjà en exploitation et surtout Hassi Messaoud, un des plus grands gisements de pétrole du monde, qui était sa priorité.

Une concurrence redoutable entre sociétés étrangères s'est traduite par la signature de plusieurs contrats concernant plusieurs gisements algériens, mais déception, pas une seule offre n'a été proposée pour Hassi Messaoud alors que c'est ce gisement, en priorité, qui en avait le plus besoin. Pourquoi ?

Pour deux raisons :

1- Parce que notamment, le coût de production du pétrole de Hassi Messaoud est l'un des plus cher au monde.

2- Le taux de récupération de Hassi Messaoud est faible (22%) alors que la moyenne mondiale est de 35%, souvent plus. Exemple, le taux de récupération de Rhourd El Baguel, ayant les mêmes caractéristiques géologiques du réservoir que H. Messaoud mais en plus petit a été de 30% en récupération primaire, c'est-à-dire, par la propre pression du gisement. Le taux de récupération est le pourcentage de pétrole récupérable par rapport à la quantité totale initialement en place. En augmentant de 1% le taux de récupération de H. Messaoud, c'est 500 millions de barils pétrole récupérables. C'est équivalent à une découverte d'un nouveau gisement de pétrole. Une déception pour notre premier ministre ! N'ayant pas trouvé le partenaire rare ayant les capacités nécessaires pour améliorer ce taux et partager le risque.

Pour comprendre pourquoi le prix de revient est cher et le taux de récupération faible, qui d'ailleurs sont liés, il faut revoir l'historique de H Messaoud. Sa découverte l'un des plus grands champs pétrolier au monde, est intervenue en juin 1956, « en pleine guerre d'Algérie ». Le pétrole jaillit en force à une profondeur de 3 350m.

En 1960, 52 puits étaient en production. Décision d'injecter du gaz, à une pression de 420 bars dans le gisement, fût prise dès 1962 par SN REPAL pour le sud et CFP(A) pour le nord de H Messaoud. Le début de la réinjection de gaz a eu lieu en 1964, pratiquement dès le début du développement du gisement, sans attendre la fin de la récupération primaire, contrairement à tous les producteurs de pétrole du monde qui exploitent leur gisement par étape.

Cette prise de décision, il faut le souligner, « dès l'Indépendance de l'Algérie » cachait un objectif : mettre le gisement en compression pour accélérer relativement la production et siphonner ainsi le maximum de pétrole au lieu de choisir la solution la plus raisonnable : forer tranquillement plusieurs puits de production, cela revient cher et prenait beaucoup de temps. SN REPAL et CFP(A) appelaient cette duperie « maintien de pression du gisement».

Après la nationalisation des hydrocarbures en 1971, SH a poursuivi le programme très coûteux de gaz injecté, elle était contrainte par conséquent à remplacer à tout prix, par une nouvelle génération, les deux motos compresseurs existants qui ont montré leur limite. C'est au milieu de la décennie 1970 que deux usines de compression, centrifuge nouvelle génération, ont été installées en remplacement de motos compresseur limitées en performance. (Voir les défauts de jeunesse des compresseurs centrifuges qui étaient des prototypes à mettre au point Dans les années 1980 un complexe de réinjection d'eau a été installé pour une injection mixte eau-gaz dans le gisement. On a même réinjecté du CO2 dans le gisement qui s'est avéré corrosif en présence de l'eau. Le gisement de Hassi Messaoud a servi de laboratoire à plusieurs prestataires de service, constructeurs d'équipements, etc... Pratiquement, toutes les méthodes de récupération tertiaires connues y sont déjà utilisées jusqu'à maintenant, bien sûr onéreuses ; c'est à peine 22% qu'on espère récupérer. Et c'est pour cette raison que le prix de revient du pétrole de H Messaoud est l'un des plus cher au monde. Pour accroitre les réserves récupérables, il faudra un procédé révolutionnaire.

Le programme de H Messaoud qui était une expérience tentée par SN REPAL (devenue plus tard Elf) et CFP A (devenue Total) a été généralisé à tous les champs importants de SH, soit en injectant du gaz, soit en injectant de l'eau, soit en en injectant les deux à la fois. Ce procédé a été imposé, même aux gisements nouvellement développés comme Hassi R'Mel, Rhourd Nouss, Benkahla, Guellala, Hamra etc... HassiR'Mel, un des plus grands gisements de gaz au monde, fut découvert la même année (1956) que le gisement de pétrole de Hassi Messaoud. Plus grave, son taux de récupération (huile) est de 19% alors que la moyenne mondiale pour les gisements de gaz se situe entre 70% à 80%. La faible densité du gaz fait que la colonne qui va du gisement vers la surface n'exerce pas une pression importante au regard de celle qui règne dans le gisement. Et pour cette raison, le taux de récupération moyen du gaz dans un gisement est bien plus proche de 80% que de 35% (cas du pétrole).

Au lieu d'exploiter tranquillement un gisement, on a choisi la voie accélérée de son exploitation qui a montré ses limites. (Voir Rhourde El Baguel).

L'industrie du pétrole a constitué ce grand laboratoire qu'est l'Algérie qui figure au 1er rang dans le monde où se développaient et se développent, autour de nous, des techniques, des procédés, des produits, des machines, dont quelques-uns iront bouleverser certains segments de l'industrie pétrolière.

La chaîne GNL, entre autre, avec le passage à des unités industrielles, et les gazoducs traversant la Méditerranée dont l'étape désormais franchie par des profondeurs atteignant 2 000 mètres a offert des perspectives nouvelles à l'offshore profond, sont parmi quelques exemples.

*Expert, retraité