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Darsuni Kaddour

Date de création: 21-04-2020 12:10
Dernière mise à jour: 21-04-2020 12:10
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CULTURE- PERSONNALITES- DARSOUNI KADDOUR

 

-Kaddour Darsouni est l'un des piliers de la chanson malouf et avait  œuvré inlassablement à sa préservation tout au long d’une riche carrière artistique qui a duré plus de 70 ans afin de transmettre cet art, au point d’être surnommé «le formateur des générations».

 

De son vrai nom Mohamed Darsouni, né le 8 janvier 1927 à Constantine,décédé lundi 20 avril 2020 (92 ans) est  celui qu’on surnomme «le dernier des Mohicans» avait consacré le plus clair de sa vie à l’enseignement de cette musique savante au sein du Conservatoire municipal, avant de créer en 1995 l'Association des élèves du Conservatoire du malouf de Constantine.

 

 

Proche des musiques de la médina à travers son emblématique oncle Si Tahar Benkartoussa, Hadj Kaddour entre en musique en 1933 au sein de la première association musicale musulmane de la ville «Mouhibi El Fenn» sous la direction de Si Brahim Ammouchi et dans la proximité d’Abdelhamid Benlabdjaoui «Erraïs», et d’Abderrahmane Bencharif. Il fait alors partie de cette génération lumineuse qui compta dans ses rangs Abdemoumen Bentobbal, Abdelmadjid Djezzar, Azzouz Doudache

À la différence de ses compagnons qui choisirent de se retrouver, à la fin des années quarante, dans l’aventure de «L’Étoile Polaire», Hadj Kaddour fait le choix de l’apprentissage auprès des maîtres et des premiers d’entre eux, Si Khodja Bendjelloul et cheikh Maamar Benrachi. «J’ai appris auprès d’eux mes premières nawbates du malouf», confessera-t-il dans un documentaire que lui avait consacré la télévision nationale.

 

S’il se fait rapidement reconnaître comme flutiste virtuose, il entamera une riche carrière auprès des grandes figures que furent Abdelkader Toumi, Hassouna Ali Khoudja, Maamar Benrachi, Abdelhamid Benguellil. Tout enaccompagnant, notamment, Hadj Mohamed Tahar Fergani, Abdelmoumen Bentobbal ; c’est sur le registre de la transmission et de la formation qu’il devait occuper une place singulière dans l’histoire des musiques constantinoises.

Il serait difficile de comptabiliser les générations de musiciens, de chanteursqui de Kamel Bouda à Abbas Righi, pour ne citer que ceux-là, sont passés entre ses mains au conservatoire municipal de Constantine et cette vertu pédagogique aura aussi été sollicitée par les établissements scolaires de Constantine comme le collège Khadidja Oum El Mouaminin, sis au Coudiat, centre-ville de Constantine.

Il était clair pour la société des musiciens et les mélomanes que Hadj Kaddour, excellent luthiste — qui avait aussi un beau filet de voix rappelant l’immense Omar Chaqlab — vivait d’abord les musiques avant d’en faire un métier exigeant. Dès  décembre 1964 et «la rencontre d’El Ryad», la première du genre en Algérie consacrée au patrimoine musical, à laquelle il prit part, il était évident que la sauvegarde serait son horizon militant. 

 

Il sera ainsi de la partie pour l’enregistrement des textes, prendra part avec succès à l’historique «festival de la musique classique algérienne» en 1968 – dont il sera lauréat à la tête de l’association «El Moustaqbal El Fenni» — et dirigera l’enregistrement, sous l’autorité de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins, des nawbate du malouf. 

Membre dirigeant de l’«Association de sauvegarde de la musique classique algérienne», animée par le regretté maître Sid Ahmed Serri, Hadj Kaddour aura été, avec élégance et rigueur, de tous les débats sur les musiques algériennes.

Avec lui, disparaît aussi le dernier témoin de «Mouhibi El Fenn» et du «Chabab El fenni», associations pionnières des musiques citadines à Constantine.

 

La culture  algérienne est aujourd’hui orpheline. Notre famille aura constamment été dans sa proximité et elle pleure un proche comme elle avait pleuré Abdelmoumen Bentobbal ou Hadj Mohamed Tahar Fergani

 

Abdelmadjid* et Mériem* Merdaci

• Professeur des Universités, sociologue, mélomane et auteur du Dictionnaire des musiques citadines de Constantine, éditions du Champ Libre

• Éditrice, ancienne ministre de la Culture