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Sonatrach- Rachat raffinerie Augusta /Italie

Date de création: 26-01-2020 19:29
Dernière mise à jour: 26-01-2020 19:29
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ENERGIE- RAFFINAGE- SONATRACH- RACHAT RAFFINERIE AUGUSTA/ITALIE

                   

Le montant déboursé pour l’acquisition de la raffinerie, «vieille de sept décennies», est proche de «725 millions de dollars, semble-t-il, ce qui paraît très surpayé», a estimé la revue Petrostrategies (janvier 2020/synthèse El Watan, dimanche 26/1/2020)

La revue spécialisée Petrostrategies a sévèrement critiqué le rachat par le groupe Sonatrach de la raffinerie d’Augusta, qui appartenait à la filiale italienne d’ExxonMobil, évoquant une «gestion hasardeuse». «S’il est un dossier emblématique de la gestion hasardeuse – pour ne pas dire plus – que le secteur des hydrocarbures a subie ces dernières années en Algérie, c’est bien celui de l’achat de la raffinerie d’ExxonMobil à Augusta, en Italie, par Sonatrach», indique la revue, dirigée par Pierre Terzian, dans son dernier numéro.

Petrostrategies a d’abord rappelé le contexte de l’acquisition de la raffinerie fin 2018, marquée par de vives critiques et oppositions : «Les Italiens s’étaient ‘‘étonnés’’ de la ‘‘précipitation’’ de Sonatrach à acquérir une usine pour laquelle ExxonMobil avait en vain cherché un acheteur depuis 2015.

En Sicile, où se trouve la raffinerie, on évoquait, entre autres, la vétusté des installations, le caractère déficitaire de l’usine et les sommes importantes qui devaient être engagées pour la rendre conforme aux normes environnementales.» Et d’ajouter : «A Alger, la presse criait au ‘‘scandale’’ et à ‘‘l’arnaque’’, alors que le PDG de Sonatrach, au contraire, vantait le ‘‘prix extraordinaire’’ auquel l’acquisition était faite.

En secret, les initiés la critiquaient sévèrement et exhortaient le gouvernement à ne pas l’approuver. La transaction est cependant allée jusqu’au bout.» Plus d’une année après l’acquisition,  Petrostrategies a fait part de «son étonnement des logiques» qui ont présidé à cette opération : celle «des montants en jeu»celle de «la pertinence industrielle» et celle de «la cohésion de l’opération avec la politique que Sonatrach suivait en matière de raffinage».

Le montant déboursé pour l’acquisition de cette raffinerie «vieille de sept décennies» est proche de «725 millions de dollars, semble-t-il, ce qui paraît très surpayé», a jugé la revue. «A cela s’ajoutent des engagements à honorer des dépenses immédiates de mise en conformité avec les normes environnementales (décontamination des sols), ainsi qu’une question de prise en compte de stocks de produits qui n’appartenaient déjà plus à la raffinerie.

Au total, un coût réel qui dépasserait très largement 1 milliard de dollars. Sans compter les investissements de conformité environnementale à venir et les pertes d’exploitation. Car l’usine achetée est ‘‘structurellement déficitaire’’, selon les experts. Ce qui explique pourquoi, depuis son acquisition, Augusta n’est maintenue à flot que moyennant des apports de fonds de Sonatrach, sans perspective de rétablissement des comptes», a poursuivi Petrostrategies.

De plus, Sonatrach a même dû recourir à des emprunts de 250 millions de dollars auprès d’Apicorp pour la «maintenance» de l’usine et pour l’achat de brut saoudien nécessaire à son opération. Outre le montant de l’acquisition, la revue a critiqué sa «logique industrielle».

A l’époque, les dirigeants de Sonatrach avaient mis en avant le fait que le pays importait 3 Mt/an de produits raffinés et que l’usine en question allait suppléer à ce déficit en traitant du brut algérien. «En somme, une opération de façonnage de brut à l’étranger, mais qui était réglée au moyen d’un investissement très lourd.

Le problème, c’est qu’Augusta était conçue pour des bruts de densités moyennes et lourdes et non pour du brut léger de la catégorie de ceux que produit l’Algérie. Il faut donc acheter ces bruts auprès de tiers, car on ne peut pas façonner du pétrole algérien dans cette usine. Une situation aggravée par le fait que Sonatrach s’est engagée auprès d’ExxonMobil à ce que l’usine d’Augusta lui fournisse un volume donné de lubrifiants pendant dix ans.

En clair, le nouvel opérateur n’est pas libre de caler le fonctionnement des installations de l’usine sur ses besoins propres ou ceux du marché ; le calage doit être celui qu’exige le respect de cet engagement décennal», a relevé la revue. En dernier point, Petrostrategies a démonté «la logique politique» de l’opération.

«Au moment où Sonatrach négociait cette acquisition, elle avait déjà réalisé un programme de rénovation de ses raffineries existantes et projetait la construction d’une nouvelle raffinerie. Elle savait donc que ses besoins d’importation de produits allaient diminuer, puis disparaître (…)», a-t-elle rappelé.

A ce titre, la revue s’est interrogé sur la raison qui a poussé la direction de Sonatrach et son actionnaire, l’Etat, à s’engager dans un investissement «perdant», alors qu’«ils auraient pu pallier le déficit en important des produits et/ou en façonnant du brut à l’étranger». «Ce façonnage leur aurait coûté quelque 15 dollars/tonne et le transport A/R environ 12 à 13 dollars/tonne, soit au total 90 millions dollars par an au début, qui devait diminuer avec le temps pour disparaître en 2024.

Calculée très grossièrement, une dépense de façonnage maximale de quelque 400 à 500 millions dollars sur la période 2019-2024, soit moins de la moitié des coûts d’acquisition auxquels s’ajoutent les pertes d’exploitation annuelles récurrentes», lit-on dans le compte rendu de la revue. «Que va faire Sonatrach d’Augusta quand l’Algérie n’aura plus besoin d’importer des carburants ?

La vendre sera quasi impossible (à moins de la brader), alors que garder cet outil (déficitaire) sur un marché international où la demande de produits diminue tendanciellement n’aura aucun sens économique», a conclu Petrostrategies