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Chroniques Youcef Merahi- " Algérie.Dire et pouvoir..."

Date de création: 16-09-2019 19:01
Dernière mise à jour: 16-09-2019 19:01
Lu: 907 fois


Algérie.Dire et pouvoir, ou la quête de la citoyenneté.  Recueil de chroniques de Youcef Merahi (Préface d’Amin Zaoui). Tafat Editions, Alger 2018, 155  pages, 500 dinars.

Une quarantaine de textes (en fait, il me semble que ce sont  des chroniques déjà publiées dans la presse...et on aurait aimé  les dates des parutions pour nous permettre de mieux re-situer les évènements et /ou les états d’âme décrits).

Une quarantaine de textes où tout y passe : la gouvernance du pays, les comportements des citoyens, le cinquième mandat à l’horizon, les partis politiques, le système éducatif, le financement non conventionnel, la harga, l’exil , les élections préfabriquées, le Fln, la 5è mandat, les mauvaises nouvelles...

Des faits, des événements, des comportements et des réactions présentés dans le plus pur style du journaliste-chroniqueur : précis, concis tout en étant « léger » avec une pointe d’humour qui arrive à faire « passer » le message. Tout cela , souvent sinon toujours retrouvé dans le même texte .On s’y perd de temps en temps mais pas toujours.

C’est là tout l’art du chroniqueur....cultivé qui plus est !Vous faire traverser très rapidement (si vous êtes un bon lecteur qui veut en avoir pour son argent) une courte période de votre existence qui vous paraissait relativement « vide » et vous faire découvrir sa richesse....en tout cas , au minimum, quantitative : c’est alors que vous vous apercevez que ce   que vous croyiez   relatif et insignifiant était , en fait, très important  dans votre vie, dans celle des citoyens , du pays et du monde.

Il est vrai que , prise une à une , les chroniques apparaissent dans leur solitude éditoriale  de bien peu d’importance. Mais, réunies en un seul gros volume, elles acquièrent une autre dimension. Littéraire, d’un côté , mais surtout cela permet de découvrir du talent (presque toujours) et du génie (parfois) . Les exemples sont nombreux : Kamel Daoud, Rachid Mimouni, Rachid Boudjedra et bien d’autres, certes moins connus mais tout aussi importants....aux yeux de ceux qui les lisent .

Youcef Merahi , grand lecteur devant l’Eternel, grand observateur de la société, curieux comme pas un .... « écrit par ses yeux » car « il a le flair du regard » (A. Zaoui). 

 

L’Auteur :Né en 1952 à Tizi Ouzou, diplômé de l’Ena, ancien Sg du Haut commissariat à l’Amazighité, poète , écrivain, critique littéraire et chroniqueur de presse Auteur de plusieurs ouvrages dont « Je brûlerai la mer ». « Un mordu de livres » !

Extraits : « Les conférences de presse ont un goût d’amertume dans notre pays ; elles sont la voie privilégiée pour tomber à bras raccourcis sur l’adversaire du moment « (p 76), « Personne ne cherche à comprendre pourquoi nous voulons tous embarquer vers cet Ailleurs mirifique. Je dis « tous » , parce que nous voulons tous abandonner le navire Algérie. Ceux qui ont les moyens sont déjà là-bas, qui à Neuilly, ni dans une banlieue parisienne .Et Saadani (note : alors Sg du Fln)  vient dicter, par conférence interposée, ses velléités patriotiques. Il n’est pas le seul , malheureusement » (p 77), « Qu’il n’y ait pas de cinquième mandat serait la naissance de la deuxième république. Là , c’est un événement historique. Monumental. » (p 105) , « Mais que vient faire la dawla, que diable, dans nos crachats, notre morve, nos mégots, notre chique (et tout le reste) qui constellent nos trottoirs ?On ne décrète pas la propreté , ni le civisme, ni le vivre ensemble » (p 111), « Il faut au peuple algérien, un jour, qu’il affronte ses démons !Puis quel est donc ce peuple qui ne chante plus son pays ? « (p 111)

Avis : « Une plaidoirie politico-sociologique.....un livre poétique » (Amin Zaoui, préface). Des chroniques du vrai réel !

Citations : « Avec l’arrivée de notre Président (Bouteflika) , la décennie a changé  de couleur. De noire qu’elle était, la décennie  a blanchi . Notre pays, l’Algérie, est dans la décennie blanche » (p 10), « Un rien déclenche la fureur d’un Algérien. A croire que de la nitroglycérine coule dans nos veines. Et le vendredi, nous nous retrouvons à la mosquée du coin pour écouter l’imam qui, à mon sens , prêche dans désert. Car une fois le seuil de la mosquée franchie, « les atavismes se régénèrent » (p 41), « Quand un peuple cesse de respirer dans son pays, il est fatalement tenté d’aller voir ailleurs » (p 52) , « Tout est possible chez nous ; sauf l’impossible qui ne l’est pas « (p 65), « Quand la culture fait défaut, la société est décérébrée » (p 149).