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Roman Adlène Meddi- "1994"

Date de création: 15-03-2019 17:42
Dernière mise à jour: 15-03-2019 17:42
Lu: 1105 fois


DÉFENSE –BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN ADLENE MEDDI- « 1994 »

1994. Roman de Adlène Meddi. Editions Barzakh . Alger 2017. 345 pages, 800 dinars

Les années 90. Le terrorisme et le contre-terrorisme. Mais , aussi, une lutte antiterroriste clandestine (pas de sigle, pas de nom) menée par quatre jeunes gens –des lycéens harrachis , dont certains ont pour parents des anciens membres d’un réseau de résistance anticolonial  et dont l’un n’est autre que le fils d’un général des services spéciaux.....  en activité - ne demandant qu’à vivre leur jeunesse ,  révoltés par le meurtre de leurs proches et amis.

1994 , c’est  l’histoire  d’un quartier populaire ,El Harrach, pris dans le  piège infernal de la violence dont il était difficile de se sortir indemne.....pour ceux qui sont heureux de s’en sortir vivants. Une guerre ne disant pas son nom....les uns pratiquant la terreur (attentats, meurtres, enlèvements, vols et viols....) pour imposer un nouvel ordre théocratique et les autres (tout particulièremnt les services de sécurité, à leur tête les services spéciaux de l’Armée) pratiquant une défense qui ,bien souvent,  ne fait pas dans le détail. Œil pour œil, dent pour dent.

La violence de 1994, héritière de celle vécue durant les années 50 et début 60 ?....A peu près les mêmes moyens, avec souvent les mêmes hommes (qui ont pris du galon pour certains ), mais pas les mêmes acteurs et encore moins la même problématique. D’autant que la violence devient souvent gratuite lorsqu’elle a pour ressort la vengeance et la haine de l’autre. D’autant que  par un mystérieux processsus d’identification, imitant (presque parfaitement ) les pères (ces « héros » si présents et si lourds !), et la guerre n’étant plus une guerre mais un massacre, « un carnage quotidien et banalisé », les enfants se mettent à déraper.....D’abord « donner » des noms en fournissant  anonymement des infos’.....puis abattre des (vrais ou prétendus)  terroristes.  C’est-à-dire « concurrencer » les services « autorisés » et , donc, titiller les suceptiblités.

Plus dure sera la chute : Dix après, Amin, le fils du général des services, devenu , lui aussi, membre des « s’rabass », mais n’ayant pas supporté une rupture amoureuse (avec la propre soeur de celui qu’il avait tué) terminera sa vie interné à l’hôpital psychiatrique et placé sous surveillance sévère afin que ses activités  passées ne soient pas dévoilées (car ne répondant pas aux plans de la lutte antiterroriste « officielle » ) et son ami Sidali (qui avait perdu un cousin gendarme admiré, abattu par des terroristes , ce qui a rendu folle sa maman ) , qui a continué sa « lutte » en exil (contre les terroristes réfugiés en France) , sera vite arrêté à son retour au pays.......et encore plus vite « réduit » au silence.

Deux guerres , deux générations , des jeunesses éclatées, des vies douloureuses, en  perpétuel sursis. La cauchemar a continué, renouvelé, malgré la paix revenue  ! Et, est-il terminé ?Pas sûr, même si un protagoniste affirme que « nous n’avons jamais existé. Nous ne sommes pas ».  La  guerre d’hier, et celle d’avant-hier ont  bien eu lieu et les « quelques traces qui sont dans nos têtes ou au cimetière » ne seront jamais effacées.

L’Auteur :  en 1975 à Alger. Etudes en journalisme (Alger) et en sociologie (Marseille) . Journaliste au quotidien « El Watan », collaborateur à divers médias dont « Le Point » et « Middle East Eye ». Déjà auteur de deux romans : « Le casse-tête turc » (2002), et « La Prière du Maure » (2008).  A participé à un ouvrage collectif : «  Jours tranquilles à Alger : Chroniques » (2016). Anime actuellement la rédaction d’ « El Watan week end ».

Extrait : « La guerre se réveillait partout.Quand elle était là, elle purifiait salement le monde, le détruisant pour en créer un autre. Mais, quand elle revenait à travers les récits et la mémoire, ou des visages faussement affables......la guerre devenait un poison individuel et non plus un massacre collectif qui se banalisait en même temps qu’il faisait bondir le nombre de victimes et l’étendue de son terrain » (p 44)

Avis : Livre dense et puissant, c’est indéniable. Du très bon roman noir qui manque beaucoup au paysage éditorial national ; certainement la « peur » de s’intéresser aux forces de sécurité. Le poids du passé, encore. Livre écrit avec minutie.  Par ailleurs, il décrit , avec force détails (il a osé !) , le fonctionnement mental et le comportement des « forces de l’ordre » et..... celui des « forces obscures ».Comme s’il y  était. Le Service national, sans doute , la curioisté intellectuelle du journaliste reporter certainement ...... Vous saurez, aussi, tout, ou presque tout, sur El Harrach......d’avant (trois belles pages- 85-86 et 87.... «  Dans cette ville honnie et détestée, parce qu’ici .... »)  

Citations : «  L’exil a un sens de non-sens, qui fait perdre le sens de la terre et de l’espace » (p 51), « On ne peut aimer que si on a un peu d’amour en soi » (p 66)