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Roman Amara Lakhous- " L'affaire de la pucelle...."

Date de création: 06-03-2019 18:56
Dernière mise à jour: 06-03-2019 18:56
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RELATIONS INTERNATIONALES – BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN AMARA LAKHOUS- « L’AFFAIRE DE LA PUCELLE.... »

L’Affaire de la pucelle de la rue Ormea. Roman de Amara Lakhous (traduit de l’italien par Elise Gruau). Editions Barzakh, Alger, 2017 (Amara Lakhous/Edizioni e/o, Rome 2014), 700 dinars, 195 pages.

 

 

 

Deux histoires qui se recoupent autour d’une seule « sale » affaire :

Celle d’Enzo Laganà, le journaliste turinois spécialiste respecté (en tout cas dans son quartier) des faits divers qui tente de pratiquer son métier avec honnêteté, c’est-à-dire donner de l’information exacte dans le respect des règles d’éthique et de déontologie. Pas facile avec des patrons de presse qui , au lieu d’éteindre les incendies , ont tendance à faire l’inverse......mettre de l’huile sur le feu. Pour vendre plus , pour aller dans le sens des opinions publiques les plus extrémistes, pour ne pas contrarier les calculs des annonceurs publicitaires.....

Celle de Luciana, l’italienne ancienne cadre de banque qui , dégoûté des pratiques des établissements financiers qui passent leur temps à (presque) ruiner les petits épargnants, et dégoûté d’elle-même  pour avoir participé activement à ces pratiques douteuses, a tout laissé tomber pour se transformer en gitane, en tzigane. Elle va devenir Djabarimos, la voyante, celle  qui « lit les lignes de la main »

Et, au centre, la fameuse affaire qui va faire la Une du journal d’Enzo : le viol d’une jeune fille (prétendue vierge et mineure car âgée de quinze ans ) du quartier par, dit-on,  ........deux roms, Drago et Jonathan, des jumeaux.

Une information détournée (par le directeur de publication), une opinion publique, celle des extrêmistes, chauffée à blanc, par un sentiment « raciste » longtemps tapi qui se fait jour.....et ce sont les provocations, les intimidations , les insultes et les agressions contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à un tzigane.

Heureusemnt , la vérité ne tarde pas à être dévoilée, montrant l’arriération ( souvent dangereuse) d’une partie de la société iltalienne......l’ « affaire » tournant autour d’une histoire de virginité à préserver pour seulement faire plaisir à une vieille grand-mère, d’une jeune fille qui n’en est plus une , s’adonnant même à la prostitution organisée et à des  batifolages coquins avec un cousin. L’étranger, dans ces cas là, a bon dos et sert de bouc-émissaire aux « petits » et de cheval de Troie aux politiciens et aux affairistes.

 

 

L’ Auteur : Amara Lakhous ? Journaliste, anthropologue, c’est aussi grand écrivain (italien ? algérien ? italo-algérien plus qu’algéro-italien ?Et bientôt italo-algéro-américain puisqu’il vit actuellement aux Etats Unis.  ) . Né en 1970 à Alger, il s’installe, après ses études universitaires en Algérie, à Rome en 1995. Il y demeurera plus de 20 ans. Bilingue, son premier roman, « Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio », a d’abord été écrit en arabe, à Alger. Il n’avait alors  rencontré aucun succès. Réécrit en italien, en 2006, puis traduit en français en 2008, le livre  a connu un grand  succès ; il a été couronné de plusieurs prix (dont le prix du Sila d’Alger en 2008) et il a même été adapté au cinéma. Son  deuxième livre «  Divorce à la musulmane à Viale Marconi » traite d’une histoire de projet d’attentat  terroriste islamiste à Rome et de l’infiltration , par les services secrets italiens, d’un jeune Sicilien féru de langue et de civilisations arabes pour en découvrir les auteurs. Troisième production, « Querelle autour d’un petit cochon italianissime à San Salvaria ». 

Extraits : « La ligne éditoriale. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est simple. Le ou les propriétaires des journaux (qui peuvent être la majorité des actionnaires) font la pluie et le beau temps. Un journal ressemble à une caserne. Si les hautes instances prennent une décision , celle –ci devient immédiatement un ordre à exécuter » (p 112), « La banque rend malades beaucoup de gens. La banque peut se transformer en hôpital. On y va pour sauver quelque chose. On arrive parfois à faire des miracles, mais parfois on cause des catastrophes » (p 128)

Avis :On a la nette impression que Amara Lakhous, après plus de deux décennies en Italie, a découvert que le racisme est là, visible ou tapi, n’attendant que des « incidents » (fabriqués ou grossis par une certaine presse) pour renaître......d’où, peut-être , son départ pour les States afin de prendre du recul. On découvre aussi qu’il n’aime ni la presse (à sensation) (voir pp 26, 49, 78, 112) , ni l’argent, ni les banques et encore moins les banquiers (pp 93, 94, 128). Beaucoup de digressions....très utiles..et un certain humour.

 Citations : « Le mariage comporte une avalanche de risques, c’est pire que la Bourse » (p 14) , « Se marier est comme devenir associé. Il faut renoncer au pouvoir absolu et vivre de compromis » (p 17), « La banque est le temple d’un Dieu unique, l’argent » (p 31), « Il ne suffit pas de déchirer des pages de dictionnaire pour éliminer les mots et les concepts que l’on déteste (...) C’est comme des ombres qui nous accompagnent partout » (p 37), «  Les prêtres et leurs confrères des autres religions promettent le paradis dans l’autre monde, tandis que les banquiers promettent le paradis sur terre (...).  L’ argent n’aime pas la la solitude, il aime être en groupe, devenir capital, pouvoir, force » (p 94)