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Etude Anne Roche- "Algérie.Textes et regards croisés"

Date de création: 08-02-2019 17:28
Dernière mise à jour: 08-02-2019 17:28
Lu: 957 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDE ANNE  ROCHE- « ALGERIE.TEXTES ET REGARDS CROISÉS »

Algérie. Textes et regards croisés. Etude de Anne Roche (Préface de Afifa Brerhi). Casbah Editions, Alger 2017. 1 200 dinars, 387 pages.

Il était fréquent , nous dit l’auteure, dans les années soixante (et cela dure encore bien qu’il y ait un certain « découragement » face à la réalité du champ éditorial) d’entendre pronostiquer un dépérissement à plus ou moins court terme, de la littérature maghrébine d’expression française après les Indépendances. On a même vu des grands écrivains abandonner la plume (ex de Malek Haddad) , s’avouant vaincus d’avance, ou alors changer de registre lingusitique (pour ceux qui maîtrisaient l’arabe, à l’ exemple de Rachid Boudjedra)  pour élargir leur lectorat ou en conquérir un autre.

Le pronostic ne semblant guère se vérifier (jusqu’à nos jours......56 ans après l’Indépendance de notre pays) , une nouvelle et subtile façon de discréditer cette littérature consiste à affirmer que , malgré sa richesse quantitative et qualitative, ses écrivains sont incapbles de projet- notamment social- et ignorent la dimension du futur. Rien que çà !

Il s’agissait, pour l’auteure, grande amie de le l’Algérie et spécialiste de sa littérature (francophone en particulier) non pas de démonter une façon de voir les choses mais surtout de démontrer la valeur et l’importance des « textes en français hors de France » (pas seulement au Maghreb mais aussi dans bien des pays francpohones : Canada, Sénégal, Cameroun , Côte d’Ivoire, Suisse , Belgique, Vietnam, Haiti........) qui sont, « peut-être la chance historique de la littérature française ». Pour peu, bien entendu que, tout en étant « dans la gueule du loup » (emblématique désignation de Kateb Yacine), il faut savoir , tout en jouisant du délice de ses trésors, savoir et pouvoir se « dégager de la langue marâtre » . « Etre dans la séduction et en souffrir » (Afifa Brerhi)....le projet littéraire par rapport à la question de la langue étant de gagner une souveraineté totale en déployant les ressorts de la désaliénation au plan de l’écriture qui ne peut, ne doit , souffrir d’aucun monlithisme.

Donc, analyse d’œuvres de onze auteurs : Dib, Mechakra, Farès, Kateb, Meddeb, Feraoun, Tengour, Lemsine, Mammeri, Djaout et Djebar.....ainsi qu’une étude sur des « écrivains » français dans leur rapport à l’Algérie (« L’Algérie vue par des Français ») : surtout les « écrivains d’occasion » qui « n’ont écrit qu’une fois dans leur vie et  n’ont en général pas trouvé , voire pas cherché , d’éditeurs et qui ont écrit avant tout pour leurs enfants et petits-enfants ». Des « non-écrivains » , gens ordinaires.... L’étude de trop ou la plus inutile.....dans l’ouvrage !Et, elle sera très intéresante , surtout pour les natifs de France , les « pied-noirs » , les harkis et les « nostalgériques ». Un autre ouvrage , à part !

Pris –théoriquement -  entre « deux feux », lui-même gendre d’une (très) belle-mère ,avec laquelle il entretient de très bonnes relations puisqu’il lui dédie l’ouvrage (auquel elle a contribué « pour son  sens de l’humour »), l’auteur va s’escrimer à montrer et à démontrer que la légende « noire » tissée ne repose sur rien de très sérieux. Seulement, dans toute mère, on a (volontairement) glorifié la bonne et accablé la belle .....la transformant en bouc-émissaire   des échecs . Elle, la biche-émissaire ....qui a beaucoup œuvré à la paix dans les ménages  en prenant sur elle haines et tensions ....régulant les conflits, baby-sitter d’appoint, maman du mercredi (jeudi chez nous) conseillère conjugale à l’occasion...... « L’enfer , ce n’est pas la belle –mère. C’est un monde sans belles-mères ». Faut-il le croire ?

 

L’Auteure : Professeur émérite à l’Université d’Aix –Marseille, spécialiste de littérature française et francophone des XXème et XXI ème siècles, auteur d’une vingtaine d’ouvrages de théorie littéraire ainsi que de fictions.Tout a commencé avec sa primo lecture de la « liitérature algérienne » (au sortir de la prime adolescence , évoluant dans le cercle des militants anticolonialistes en aide au Fln) , « La Question » d’Henri Alleg

Extraits « 1962....La fin de la guerre. Des traces de tout cela, dans des romans ou des poèmes écrits plus tard. Ce n’était pas (encore) un objet de recherche. Des objets, il ya en avait d’autres, mais l’Algérie, c’était une sorte d’ostinato (note : Motif mélodique ou rythmique répété obstinément...) , qui avait été nos vingt ans, la guerre était finie- est-ce que la guerre était finie ? » (p 18) , « En règle générale, les écrivains qui ne sont pas francophones natifs, même et surtout parvenus à une parfaite maîtrise du français, enrichissent celui-ci par le jeu souterrain d’images, de métaphores, de tournures syntaxiques héritées de la langue-mère » (p 49)

 Avis : Un ouvrage qui aide à mieux comprendre nos écrivains et leurs œuvres. La préfacière est assez sévère à l’endroit des écrivains et essayistes nationaux « qui boudent encore, à tort ou à raison, les maisons éditoriales locales ». A chacun sa « harga », madame !

 Citations : « Il n’y a pas de « langue propre » , mais une langue d’écriture que chaque écrivant doit conquérir, quelle que soit sa situation linguistique initiale » (p 49), « La guerre , chantée pendant la lutte (de libération nationale) par une poésie clandestine en langue arabe ou berbère, se fige dans sa représentation, non à cause du passage de l’arabe au français, ni même de l’oral à l’écrit, mais parce que l’on est passé de la praxis à la commémoration » (p 59), « Qui dit mémoire dit aussi oubli, et l’oubli n’est pas uniquement le creux de la mémoire, il en est une sorte d’envers actif. La société organise la commémoration de certains événements, de certains  faits , considérés comme fondateurs d’une identité nationale ou de groupe.....Commémorer une chose, c’est toujours en occulter une autre » (p 327)