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Essai Mokrane Ait Larbi- "La justice au Palais..."

Date de création: 06-02-2019 12:19
Dernière mise à jour: 06-02-2019 12:19
Lu: 1299 fois


JUSTICE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI MOKRANE AIT LARBI- « LA JUSTICE AU PALAIS.... »

La justice au Palais. Dossiers noirs d’une justice sous influence. Essai de Mokrane Ait-Larbi, Koukou Editions, Alger 2016, 267 pages, 800 dinars.

Uniquement sur le plan humain et personnel, l’injustice a souvent suscité son indignation et parfois sa révolte ..... comme bien des citoyens. En tant qu’avocat, il a pu les exprimer dans des cas particulièrement pénibles de dérives judiciaires auxquels il a été confronté. Il est vrai que ,durant ses premiers pas de militant des droits de l’homme, en pleine période du pouvoir du parti unique, il a expérimenté la « chose »  en tant qu’ « accusé » , après des arrestations parfois musclées et des condamnations assez dures.

Il ne raconte pas sa vie, mais plutôt son métier...à travers les hauts et les bas rencontrés tout au long d’une déjà loungue carrière.

D’abord, au départ, ce qui a , peut-être , forgé son caractère, la participation à la création de la première Ligue des droits de l’homme. En temps de Parti unique, le Fln, en l’occurrence, et d’un régime plus qu’autoritaire, durant l’été 1984, c’était vraiment « tenter le diable dans son antre » .Cela finira, pour lui et pour bien d’autres, dont son frère Arezki, Mehenni Ferhat, Ouzegane Fettouma, Ali Yahia Abdenour, Said Sadi, Rebaine Ali-Fewzi..... devant la Cour de sûreté de l’Etat (à Médéa, la prison de Berrouaghia étant si proche)   ,en décembre 1985 avec une condamnation à 11 mois de prison ferme, certains ayant été condamné jusqu’à 3 ans.

Grâce (ou à cause) de cette formation sur le tas , venant compléter une formation académique sérieuse, l’auteur nous fait « voyager » à travers plusieurs « Affaires » (des sortes d’études de cas fort instructifs car riches en informations) qu’il a traitées ou étudiées , dont certaines son fameuses et d’autres bien moins , mais pourtant importantes en matière d’application juste et équitable de la justice :

L’affaire El Watan (« des journalistes face à l’arbitraire ») , Mellouk et les « Magistrats faussaires » (« le combat solitaires d’un homme pour la vérité ») , l’affaire Sider (« une fonctionnaire-procureur ») , l’affaire Cnan (« Parodie de justice pour une tragédie ») , l’affaire Bensaad (« Présumé coupable ») ,  l’affaire Arezki Ait Larbi (« Une procédure clandestine ») ....le Couscous de la sorcière (« Deux femmes dans la tourmente ») , le faux en écriture authentique (« Une justice approximative ») , procureurs ou victime (« Nul n’est à l’abri de ...la justice ») ......l’affaire Khalifa (« La justice de l’ombre fait de l’ombre à la justice ») ......

Il y a, aussi, des commentaires...sur le « Tribunal militaire », « la liberté dexpression » , « les juridictions d’exception »...

Ainsi que  des Annexes : sur « les geôliers de Berrouaghia », sur « Lambèse, l’Alcatraz médieval », « l’appel à l’opinion publique  de Ali Bensaad », un texte de  Benyoucef Mellouk.....et des photos

 

  L’Auteur : Fils de chahid, excellent trilingue (arabe , amazigh et français ), avocat et militant de la démocratie, Ait-Larbi a été l’un des fondateurs de la première Ligue algérienne des Droits de l’homme (Juin 1985).Arrêté et incarcéré à Berouaghia (il y croisera les islamistes comme Ali Belhadj) , il est condamné par la Cour de Sûreté de l’Etat , avec 22 de ses camarades, à 11 mois de prison ferme pour « création  d’association illégale ». A sa libération, il sera assigné à résidence à Bordj Omar Driss (Illizi) . Il a été membre fondateur du RCD qu’il a, par la suite , quitté. Membre, un certain temps du Conseil de la nation, duquel il démissionnera.Un « droit de l’hommiste acharné » !

Extraits : « La justice attend une véritable réforme en profondeur qui nécessite une réelle volonté politique et non des slogans. Pour l’instant, les effets d’annonce ne peuvent occulter l’état de décomposition avancée d’un appareil judiciaire miné par le clientélisme et la corruption, et ses conséquences : l’impunité pour les délinquants du « 1er collège » au mépris des droits du reste des justiciables. C’est-à-dire les citoyens » (Introduction, p 12) , « Où se situent les responsablités lorsque le Pouvoir se substitue à l’Etat, les groupes dintérêts aux institutions, et la justice du pouvoir au pouvoir de la Justice ?......En Algérie, les ministres et les hommes du pouvoir en général ne sont « ni responsables, ni coupables » (p 149), « La « modernisation de la justice » se résume, pour l’instant, à des discours et des gadgets ;elle a vite trouvé ses limites pour montrer la véritable nature d’un système judiciaire sclérosé.......Pour tendre vers les standards en vigueur dans les grandes démocraties, la modernisation de la justice passe par l’indépendance des juges qui en est le socle » (Conclusion, p 234)

Avis : Ce n’est pas un manuel, mais c’est tout comme ....peut-être même plus, car avec des exemples (cas pratiques) à l’appui. Une plaidoirie, sincère, mais peut-être trop sévère....Peut-être ?

Citations : « On dit que « la justice est aveugle » ; parfois, c’est parce qu’elle refuse de voir » (p 149),  « La justice algérienne est malade ; elle attend , loin des effets d’annonce, une vraie réforme qui passe par son indépendance» (p 233)