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Morro Jean Paul - "Mon enfance à Oran"

Date de création: 05-02-2019 17:50
Dernière mise à jour: 05-02-2019 17:50
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- - MORRO JEAN PAUL- MON ENFANCE A ORAN

Mon enfance à Oran. Récit de Jean –Paul Morro. Casbah Editions, Alger 2018, 550 dinars, 155 pages.

Il a vécu à Oran jusqu’à l’âge de 15 ans. Lui, c’est Jean-Paul Morro, petit-fils (du côté maternel) des Guastavino ( venus par hasard –ils devaient se rendre en Amérique du Sud - de Varazze près de Gênes) et , du côté paternel, des Morro venus de Segorbe (province de Castellon).

Encore trop enfant pour être impliqué dans les conflits politiques (sauf ceux inter-quartiers, genre « guerre des boutons ») , mais tout de même déjà assez adolescent pour sentir les atmosphères et s’en imprégner. Il est vrai que sur- protégé par ses parents (un père instituteur rêvant d’un Etat utopique et un tonton, Lolo, indépendantiste) et vivant presque en vase clos dans un quartier peuplé uniquement d’habitants d’origine « européenne » (surtout des Espagnols et quelques Italiens ) parlant le français, l’espagnol et un dialecte génois. 

Il n’a connu de l’Algérie que la vie presque « facile » et le soleil toujours chaleureux. Il n’a presque pas  croisé des « arabes » ...... Si ! deux ou trois fois : Un jour, en vacances en France, il fut traité, en France, par un de ses « copains » , de ......« Fellagha »........ Puis, à l’école, avec une « détestable » institutrice qui, pour une toute petite faute de grammaire commise, fit baisser le pantalon  à  Kader , pour lui asséner plusieurs coups de règle plate sur les fesses dénudées. Devant toute la classe ! Puis, un jour, sur un chemin de campagne, il croise une famille arabe qui vivait dans une grotte « où s’agitaient et pleuraient des enfants à demi nus près d’un feu ». Enfin, une épreuve « traumatisante et risquée » subie , à la fin de la guerre, lorsque lui et son père, en voiture, traversant par inadvertance un quartier non familier, furent pris.....en chasse par une bande de gamins et d’adultes « arabes ».Ils échappèrent de justesse au lynchage, avec l’arrivée d’une patrouille de l’armée française.

Bref, une enfance et une adolescence presque heureuse et sans histoires.......seulement perturbée par les exactions de l’Oas.....et par le départ précipitée en France. Là, ils n’étaient plus jamais des « vacanciers », mais « des étrangers échoués dans un pays majoritairement hostile »  qui les «  désignait comme les responsables de tous ses morts »....et « pire épreuve encore, la dispersion de toute la famille à travers la France » qui allait leur apprendre «  à vivre seuls et à devenir, au fil du temps, des étrangers les uns pour les autres »

 

 

L’Auteur : Né en 1947 dans le quartier de la Marine à Oran. Enseignant dans le secondaire. Vit actuellement en France (Sète)

Extraits : « Le puzzle du passé recomposé me présente l’image noire  et sordide d’une société à laquelle j’appartenais mais qui me fait honte quand j’y pense maintenant » (p 66), « Mon Algérie n’a jamais rien eu à voir avec celle des grands propriétaires fonciers. Eux, ou en tout cas leur famille, vivaient à Paris et venaient sur « leurs » terres toucher les dividendes d’un travail que d’autres effectuaient à leur place .Et je n’ai jamais supporté, devenu un « rapatrié » que l’on m’assimile à ces gens-là » (p 120)

Avis : Un témoignage certes émouvant par sa simplicité et sa naïveté (celle d’un adulte qui raconte son enfance quelque peu dorée , et à l’écart des « indigènes » , sous le soleil d’Oran..... Nostalgie du « soleil de mon pays perdu !» ) mais bien insuffisant pour faire oublier le côté obscur de la colonisation et les récits haineux et revanchards des « adultes ». Il faudrait plusieurs centaines de récits de ce genre......Malgré tout, un premier pas vers un certain rapprochement.

Citations : « La mer sait rejeter de tristes épaves dans les ports » (p 19), « Le vrai ciment, la force qui unissait tous ces gens modestes en leur permettant de gagner leur vie, palpitait tout près d’eux, presque sous leurs fenêtres. Le port d’Oran ! » (p 29), « Je vivais, sans le savoir, sur une terre d’injustice. Les miens avaient bâti leur destin, leur vie, leur prospérité sur le malheur des autres .En toute bonne foi......Sans jamais vouloir reconnaître qu’ils n’étaient pas chez eux et sans compter avec l’Histoire qui devait, coûte que coûte, faire son œuvre  » (p 155).