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Roma Assia Djebar- "La soif"

Date de création: 04-02-2019 12:20
Dernière mise à jour: 04-02-2019 12:20
Lu: 987 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN ASSIA DJEBAR- « LA SOIF »

La soif. Roman de Assia Djebar. Editions Barzakh, Alger 2017 (première publication en 1957 aux Editions Julliard à Paris) .700 dinars, 202 pages

publication en 1957 aux Editions Julliard à Paris) .700 dinars, 202 pages

Le premier serait-il donc le meilleur ? Le premier roman pardi (c’est assez différent pour l’essai ou le livre universitaire et documentaire qui peuvent être produits au « kilo ») ! Certainement parce qu’il est celui dans lequel s’investit le plus un auteur..... en herbe , pensant qu’il n’y en  aura pas, peut-être,  d’autres. Certainement celui où les règles élémentaires d’un récit  fictionnel réussi sont respectées à la lettre. Certainement ,aussi, parce qu’il y a encore de la fraîcheur et de la sincérité.

C’est, peut-être, ce qui a valu à Assia Djebar une reconnaissance immédiate (qui gagnera en ampleur par la suite).Il est vrai que le moment....en Europe,  s’y prêtait. Le début des années 50, au sortir de la seconde guerre mondiale et l’arrivée sur scène d’une jeunesse hédoniste, mélancolique, cherchant la voie du bonheur, le confondant bien souvent avec le plaisir...Entre « Bonjour tristesse » et « Aimez- vous Brahms ? » de F.Sagan . Les guerres d’indépendance et les luttes anti-coloniales avaient certes commencé mais beaucoup n’avaient pas encore saisi, totalement,  leur force . C’est pour cela que certains de nos intellectuels (Lacheraf et Haddad)  , déjà bien engagés dans la lutte nationale, l’ont trouvé « décalé ». L’auteure, plus tard , désavouera (quelque peu) son œuvre....tout en précisant qu’il s ’agissait d’un « exercice de style »  et tout en avouant que « La Soif » est « un roman que j’aime encore et assume. Je ne lui vois pas une ride » et d ’ajouter : « Vous ne pouvez m’empêcher d’avoir préféré lors de mes débuts d’écrivain un air de flûte à tous vos tambours » . Et pan !  

C’est donc l’histoire d’une jeune fille ( ?) , issue d’une famille aisée , vivant dans un milieu aisé, assez sûre de son charme, qui s’ennuie ferme....partagé sentimentalement entre l’époux de son amie (une jeune femme pas du tout sûre- plus du tout car ne pouvant enfanter -   de son charme), un journaliste   et son ami (son amoureux), un avocat ......Elle se livre à un  jeu compliqué – presque enfantin - pour satisfaire son amour propre et son désœuvrement . Il est vrai  que l’amie en question « ferme les yeux » , allant même jusqu’à encourager le jeu. Un jeu qui finira mal .....sauf pour notre héroïne.....qui , le « jeu » terminé, retrouvera son amoureux...... mais plongera aussi dans le remords. Bonjour déprime ....petite bourgeoise!

 

 

L’Auteure : Première femme musulmane à avoir intégré l’Ecole normale supérieure de Sèvres (France)...d’où elle est exclue, en mai 1956, pour avoir suivi l’ordre de grève lancé par l’Ugema. Premier roman écrit à l’âge de 21 ans. Seize romans au total, deux longs métrages documentaires, auteure de deux drames musicaux, des prix littéraires en grand nombre, docteur Honoris causa de trois universités étrangères, traduite en vingt-trois langues.....et , en fin de parcours, élue (au fauteuil de Georges Vedel) à l’Académie française le 16 juin 2005. Décédée le 6 février 2015 à Paris et enterrée à Cherchell, sa ville natale.

Extraits « Un homme veut une femme parce qu’il a froid ;pour cette seule raison ils cherchent tous à se frotter si souvent au plaisir. Pauvres petits vers qui, tous, un beau jour, finissent par se prendre pour des dieux !Moi, je n’aime pas les dieux » (p 70)

 Avis :Premier roman (écrit en un mois et en cachette du père puisque publié sous pseudonyme ) .....d’une jeune femme qui commence à découvrir la vraie vie.....Un texte court mais d’une rare beauté. Art déjà consommé de la création et des nuances, très bel exercice de style indissociable de la maîtrise corporelle.Et, un grand bravo pour sa réédition...car le livre était devenu introuvable sinon oublié.

Citations : «  On m’avait appris à classer les femmes en trois catégories : les femmes de tête, les femmes de cœur, et les femelles...au sexe avide » (p 72), « Les routes sont les mêmes, ce sont les êtres qui changent » (p 73)