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Archéologie- Ain Lahnech

Date de création: 05-12-2018 18:57
Dernière mise à jour: 05-12-2018 18:57
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SCIENCES- DÉCOUVERTE- ARCHÉOLOGIE- AIN LAHNECH

Travaillant sur le projet «Recherche sur les anciennes traces de l’existence humaine en Afrique du Nord», une équipe de recherche paléoanthropologique a fait la découverte de restes lithiques et fossiles et de galets taillés, de polyèdres manufacturés en calcaire et en silex et des éclats de bords tranchants… qui remontent à 2.400.000 années d’histoire. 

Travaillant , depuis les années 1990 sur le projet «Recherche sur les anciennes traces de l’existence humaine en Afrique du Nord», une équipe de recherche paléoanthropologique a fait la découverte de restes lithiques et fossiles et de galets taillés, de polyèdres manufacturés en calcaire et en silex et des éclats de bords tranchants…  qui remontent à 2.400.000 années d’histoire. Une découverte qui témoigne de l’existence d’une des plus anciennes traces de vies animale et humaine, et ce à Aïn Boucherit, sur le site d’Aïn Lahnech, dans la wilaya de Sétif (les résultats ont été publiés fin novembre 2018  par la revue internationale « Science »).

 Des chercheurs issus de différentes institutions d’Algérie, Espagne, France et Australie en sont les auteurs. Conduite par le professeur Mohammed Sahnouni, cette équipe de chercheurs est composée de chercheurs du Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques (CNRPAH) et du Centro Nacional des Investigación sobre la Evolucón Humana d’Espagne (CENIEH) avec la collaboration des chercheurs de Griffith University d’Australie, de l’institut de Paleoeclogia Humana et Evolución Social d’Espane (IPHES), du Museo Nacional des Ciencias Naturales d’Espagne (MNCN), de l’Université de Sétif II, de l’Université d’Alger II et du Museum National d’Histoire Naturelle de France (MNHN).

 Le gisement plio-pléistocène d’Ain Lahnech est situé dans la commune de Guelta Zerga à environ 7 km au nord-ouest de la ville d’El-Eulma et à 30 km de la ville de Sétif. Ain Lahnech est le plus vieux site d’occupation humaine en Afrique du Nord. Son histoire remonte à 1,8 million d’années, explique le professeur Sahnouni. Ce dernier a affirmé, lors de son intervention explicative à cette découverte, que «cette découverte est le fuit d’un projet de recherche sur les anciennes traces de l’existence humaine en Afrique du Nord». Quels étaient les caractères physiques et anatomiques des premiers humains nord-africains ? Dans quel milieu environnemental et écologique vivaient et évoluaient ces premiers hommes ? Quel était leur mode de vie ? De quoi se nourrissaient-ils ? Quelle technologie pratiquaient-ils pour subvenir à leurs besoins ? Quelles étaient leurs capacités biologiques et cognitives pour s’adapter aux environnements prévalant en Afrique du Nord il y a plus de 1,8 million d’années ? 

   Ces nouvelles découvertes à Ain Boucherit changent quelque peu notre perception de la chronologie et de la diffusion de la technologie lithique oldowayenne à travers l’Afrique et l’Europe. Son origine est-africaine semble pour l’instant clairement établie. Dans cette portion de l’Afrique, de nombreux sites de plus de 2 millions d’années ont été identifiés, dont les plus anciens à Gona en Éthiopie (2,6 Ma), bien antérieurs aux sites algériens. L’industrie oldowayenne d’Ain Lahnech, datée d’environ 1,8 million d’années, était considérée jusqu’à présent comme la plus ancienne d’Afrique du Nord. La découverte d’outils lithiques à Ain Boucherit repousse d’environ 600.000 ans en arrière l’arrivée des hominidés dans la région. Cela suggère soit une dispersion relativement «rapide» (ou du moins, beaucoup plus rapide qu’envisagée jusqu’à présent) de ce type d’industrie lithique depuis l’Afrique de l’Est vers l’Afrique du Nord, ou bien même, compte tenu des marges d’erreur sur les datations, son apparition multiple dans différentes régions d’Afrique aux environs de 2,5 millions d’années. Quant à l’assemblage fossile, le professeur Sahnouni explique qu’il est composé de presque 600 ossements issus principalement d’éléphants, d’hippopotames, de rhinocéros, d’équidés et bovidés de petite et moyenne tailles. Certains os présentent des traces de découpes par des éléments tranchants ou de percussion par un percuteur en pierre. Ce sont là des activités typiques de dépeçage, d’éviscération ou d’extraction de moelle. Ces éléments montrent qu’il y a plus de 2 millions d’années, les hominidés avaient déjà accès aux carcasses animales pour en extraire la viande et la moelle. Un travail de boucherie a été opéré sur ces os. Ces traces d’activité sont les plus anciennes découvertes à ce jour sur tout le pourtour méditerranéen. Il aura fallu plusieurs années d’efforts de chercheurs de plusieurs disciplines (archéologie, géologie, paléontologie, géochronologie, taphonomie et archéozoologie) pour que ce travail puisse aboutir à cette publication. 

   Il y a lieu de noter, enfin, que ces nouvelles découvertes à Ain Boucherit, dans la wilaya de Sétif, témoignent d’un peuplement humain sur la marge sud du pourtour méditerranéen bien plus ancien qu’au nord, puisqu’il apparaît désormais comme antérieur de presque un million d’années par rapport aux plus anciennes traces d’industries lithiques et de fossiles d’hominidés trouvées dans le sud de l’Europe, notamment en Espagne, à Atapuerca et Orce.