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Récit Rachid Belhabib - "Enfance confisquée. Mémoire d'enfants....."

Date de création: 31-10-2018 11:08
Dernière mise à jour: 31-10-2018 11:08
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT RACHID BELHABIB- « ENFANCE CONFISQUEE. MEMOIRES D’ENFANTS..... »

 

Enfance confisquée. Mémoires d’enfants dans le feu de la Guerre de libération nationale. Récit de Rachid Belhabib. Aframed Editions , Lieu d’édition (non indiqué)  2011, 500 dinars, 263 pages.

C’est assez bien résumé : « Des impressions d’une chronique avec des arrêts sur image.....témoins de spectacles et joies et de jeux vite corrompus par les vicissitudes de la guerre ».

Bref, c’est un long, très long, trop long (peut-être) récit d’un enfant habitant une petite ville (Bouira, appelée « Bovera » , en raison de l’inscription sur le monument aux morts à l’entrée du square) , confronté aux difficultés de la vie dans une famille aux moyens  comptés . Il y a , bien sûr, une famille unie dont le père s’use au travail. Il y a , surtout , la présence (tout particulièrement à l’école, au niveau de tous ses paliers) d’autres enfants, des Européens, certains (dont des enseignants) résolument austères et racistes (ou méfiants), d’autres (dont des enseignants) compréhensifs (de la pauvreté des « indigènes »)  et amicaux.

Il y a , surtout, juste avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, une certaine insouciance. Normal pour des enfants qui venaient à peine d’entrer en maternelle (quelle chance tout de même !) en 1952. Une insouciance faite de jeux et d’amitiés qui laisseront des traces , dans les esprits, des décennies plus tard.

Au centre du groupe de copains, une véribale bande avec ses règles à respecter , il y a , comme toujours, dans ces cas-là,un boute-en-train, un animateur respecté et admiré pour son culot et ses bêtises,  pour ne pas dire son « j’men-foutisme ». Chouka ! Grâce à sa physionomie débonnaire et ses élans naturels, ne pouvant se délester de son amour (et de sa flûte) pour la vie dans  la ferme familiale , avec sa nature et ses animaux,il sera , durant tout le parcours scolaire (maternelle et classes élémentaires avec ses « années de guerre »), le moteur d’une « résistance » face à l’injustice , bien souvent patente, des maîtres racistes ou chauvins de l’heure (à l’école) qui s’escrimaient à vouloir faire ,des petits arabes , des « assimilés »..... qui devaient demeurer au rang de subalternes

Les « années de guerre » vont  faire naître l’éveil révolutionnaire. Surtout lorsque les enfants  vont assister au « spectacle » d’un Martyr enchaîné par du fil barbelé à un poteau de la grande Place, les mains liés derrière un buste décharné.Avec  un écriteau « Cet homme est un fellaga ! Voici le sort réservé  aux rebelles ! ». « Une enseigne semblable aux panneaux ricains dressés à l’entrée des réserves d’Indiens ».Leur premier « soldat inconnu », leur premier héros !

« Nous étions choqués mais enivrés d’avoir contemplé l’émerveillement du visage d’un véritable combattant pour notre liberté »

1962. Indépendance day ! La fête de l’Indépendance !Le voyage en micheline pour Alger la Blanche. Chouka n’est pas du voyage, resté à Bouira , heureux de retrouver son père tout juste sorti de la prison de Berrouaghia.........Après l’enfance , l’adolescence , la jeunesse, l’âge adulte.....et  à chacun son parcours dans le pays enfin libéré. Mais le souvenir de Chouka restera dans l’esprit de tous ceux qui l’ont cotôyé. Car, il avait réussi «  à nous faire confronter le combat inégal du jour contre la nuit ». Car, c‘est une « âme d’un peuple de moutards dépouillés de la magie de leur enfance ». Car c’est ,aussi, « le substrat à la fois réel et irréel de pensées innocentes ».

Morale du récit : La résistance (un combat) anti-coloniale est venue aussi d’ enfants......à l’ « enfance confisquée ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Auteur : Diplômé de médecine légale, D.e.a de pharmacologie et toxicologie appliquée à l’expertise mentale, membre de plusieurs académies internationales . Auteur d’un autre ouvrage ( Aframed Editions, 2012)

Extraits : « Dans nos coutumes à cette époque-là, une mère n’accompagnait guère son môme en dehors du perron de leur domicile. Et le paternel était tôt à sa tâche pour nourrir sa famille » (p 54) , « Avant 1954, tu étais infréquentable pour ton statut d’indigène ; depuis la guerre , tu symbolises la graine du futur rebelle » (p 115) , « Nous grandissions dans les bouleversements de la guerre, ses mauvais jours mais avec l’espoir de devenir libres. Et nous y croyions fermement en cette liberté . Au milieu de tant de deuils et de peines, le cours des événements déviait notre propre destinée en la défiant. Et nous évitions de perdre nos repères » (p 139),

Avis :  La vie quotidienne d’une enfance globalement insouciante, découvrant peu à peu  les injustices, le racisme puis les effets de la  guerre.  Par « flashes » ! Livre fourmillant de détails  communs (presque banals) à toute une génération (aujourd’hui presque septuagénaire) . Bien écrit....mais avec tendance à transcrire directement – fond et forme- ce qui a été vécu et  ce qui est pensé aujourd’hui....d’où une lecture quelque peu éreintante .Heureusemnt, il y a comme une sorte de « douce nostalgie » , car nous rappelant une époque ,celle de notre enfance et de notre prime jeunesse. Un vie dure certes mais si conviviale et si solidaire !

Citations :  « Avant 1954, tu étais infréquentable pour ton statut d’indigène ; depuis la guerre, tu symbolises la graine du futur rebelle » (p 115), « Politique (le régime des  prisonniers algériens) , c’est pour la guerre contre la France. Le droit commnun, c’est pour les bandits à main armée, les voleurs et autres délinquants. Alors, les français , ce sont des droits communs, car ils nous ont pris notre pays avec des canons. Ce serait bien si quelqu’un les condamnait... » (p 169), « L’atteinte de notre dignité d’enfants forgea en nous la révolte. Nous espérions aller au maquis, avoir des missions et mourir en martyrs » (p 197), « Quelle  que soit l’issue d’un événement, l’histoire archive des chroniques indélibiles » (p 219), « La vie est une lutte sensée où la liberté est en otage » (p 228), « La civilsation est une architecture de réponses. Sa perfection , comme celle de toute demeure, se mesure au confort que l’homme y éprouve, à l’appoint de liberté qu’elle lui procure « (p 231), « Un enfant naît libre pour grandir en se grisant de jeux. Puis, il acquiert des mots clés pour pénétrer les mystères de la vie. Ensuite , par besoin, , il perce le secret des choses, à la recherche d’un monde merveilleux où l’amitié est éternelle « (p 258), « Tu peux pardonner, mais tu ne peux guère tout oublier, pour que demain, aucun maître ne gifle avec rage un enfant, pour qu’aucune ombre ne rabroue notre Peuple, pour qu’aucune âme ne soit victime d’holocauste » (p 258), « Les conflits déterminent machinalement des bouleversements qui perdurent au-delà des armistices . Mais , un jour, les peuples se réconcilient « (p 259).