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Gouvernance- Point de vue Hennad Mohammed/El Watan

Date de création: 14-08-2018 09:59
Dernière mise à jour: 14-08-2018 09:59
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VIE POLITIQUE- ETUDES ET ANALYSES- GOUVERNANCE- POINT DE VUE HENNAD MOHAMMED/EL WATAN

 

Point de vue : Des régimes de gouvernance en général et du régime algérien en particulier

 

(c) El Watan/ Mohammed Hennad, Lundi  13 AOÛT 2018

 

On a coutume d’associer un régime militaire à celui dirigé par un putschiste, un grand homme, avec des lunettes noires, rustre, révolver à la ceinture, prêt à dégainer. Quelqu’un avec de grosses moustaches à la Saddam Hussein ! Et tout autour de lui des personnages plus sombres encore ! Non ! Non ! Ce n’est plus du tout ça !

Voici une sorte de check-list pratique pour nous guider. A la fin, nous saurons si notre organe de défense nationale est effectivement «républicain», comme ne cesse de le crier, haut et fort, son sympathique généralissime M. S. Gaïd !
D’abord, le niveau d’instruction (civile et militaire) des chefs militaires (ci-après «CM»). Leur statut dans l’Etat. Obéissent-ils à l’autorité civile ? Y-a-t-il un ministre, civil, de la Défense nationale ?

Les CM (et leurs «services spéciaux») interviennent-ils dans les grandes décisions politiques et dans le choix – plus ou moins assumé – des hauts responsables de l’Etat, notamment le chef de l’Etat ? Dans les régimes militaires, celui-ci peut être plus ou moins charismatique, sinon un simple baudet que les hyènes camouflent en lion.

La mobilité du personnel politique : dans un régime militaire, on reprend toujours les mêmes et on recommence ! Il est de notoriété académique que la non-circulation de l’élite politique dans un pays indique que les élections sont truquées et le personnel politique inféodé à des clans dirigés par un chef militaire. L’élaboration de la politique de défense nationale relève-t-elle de l’ordre civil ou bien de l’ordre militaire ?

Le budget du ministère de la Défense est-il discuté, adopté et contrôlé par les représentants de la nation ? Comment les chefs militaires s’en servent ? C’est de loin le plus grand budget de l’Etat, nonobstant ce qu’indique le budget officiel. Attention, au cas où vous ne le saviez pas, les dépenses militaires ce n’est de la blague !

Les salaires des CM comparés à ceux du personnel civil à des niveaux équivalents, ici et à l’étranger. Par exemple, il semble que l’attaché militaire et celui de défense touchent plus que l’ambassadeur, pourtant c’est bien lui qui représente le pays !

Les privilèges dont les CM jouissent : tout peut leur être accordé gratis, avec d’énormes à-côtés, y compris des agneaux pour l’Aïd ! Beaucoup de privilèges naîtront même après la mise à la retraite, notamment la priorité dans l’obtention des registres du commerce et des marchés publics, selon une certaine idée de la «préemption».

La discipline dans les casernes est-elle fondée sur des considérations fonctionnelles ou plutôt arbitraires ? On m’a raconté qu’un caporal, voyant un pauvre soldat écraser le seul morceau de pomme de terre dans son piètre ragoût, lui crie à la figure : «Pourquoi t’as fait ça ?  Tu dois manger le ragoût tel qu’on te l’a servi !» La qualité de l’ordinaire des soldats et sous-officiers dans les casernes. Généralement, sous un régime militaire, cette qualité laisse beaucoup à désirer ! Il est de notoriété publique qu’une bonne partie de la dotation va dans les poches.

Les CM s’adonnent-ils au «business», directement ou indirectement ? En Algérie, ne dit-on pas que derrière chaque affairiste il y a un général ? Pas tous les généraux bien entendu ! Quel est le patrimoine mobilier et immobilier des CM (et de leur progéniture) et quelle en a été l’évolution eu égard aux émoluments de chacun ?

Le pouvoir des chefs de Région : tout le monde sait que celui-ci pourrait faire la pluie et le beau temps à l’échelle de tout un territoire englobant plusieurs wilayas. Tout dépendra, donc, de la conscience de l’intéressé. Enfin, combien de CM sont passés devant les tribunaux pour fautes graves, y compris dans des procès impliquant des personnalités physiques ou morales civiles ? Et quelle ont été les peines encourue ?

Mais Attention ! Vous pourriez facilement trouver un colonel, hautement diplômé, «raser les murs» parce qu’il a tout simplement refusé la «logique du système». Il est mis à l’écart durant toute sa carrière et à la retraite aussitôt ses années de services accomplies, alors qu’il est «dans la fleur de l’âge» ! C’est pour cela que les militaires sont, en fait, les premiers à pâtir d’un régime militaire, parce qu’ils sont à la merci directe de chefs qui sont loin de mériter le grade qu’ils portent et la fonction qu’ils occupent.

Pour se fixer sur la nature de notre régime de gouvernance, il suffira de noter chacune des treize questions de 1 à 3, sauf la première question, notée de 1 à 4 ; le total étant 40 points. D’où, plus la note s’approchera de 40 points, plus le régime, y compris le nôtre, sera considéré de nature militaire.